Les retraités se mettent au vert

Celles et ceux qui ont quitté la vie professionnelle représentent un enjeu stratégique pour les zones rurales.
Ils occupent en effet une importance croissante dans la population

De plus en plus de retraités s’installent en France dans des zones rurales dont ils ne sont pas forcément originaires. Depuis une vingtaine d’années, certaines régions comme le Massif Central ont accueilli 60% de nouveaux arrivants retraités, originaires d’autres régions françaises mais aussi de pays européens (Angleterre, Pays-Bas, Belgique, entre autres).
Les retraités, plus mobiles que les actifs, s’installent dans des régions où leur pouvoir d’achat peut avoir un impact socio-économique non négligeable. Un quart du revenu des ménages français provient aujourd’hui des retraites.
Avec un nombre de retraités en augmentation constante (10% de la population était âgée de plus de 70 ans en 1995, elle devrait être de 21% en 2050, selon un rapport de l’Union européenne) et une durée de vie qui s’accroît (on est passé de 67 ans en 1950 pour les femmes à 80 ans en 1999), l’influence des retraités sur le développement d’une région est à prendre en compte. D’autant plus que la génération des “baby boomers” (tous les enfants nés après la seconde guerre mondiale) fait valoir actuellement, pour une bonne part, ses droits à la retraite.

  • Une solidarité spécifiquement rurale

Une équipe d’économistes du Cemagref (recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement) à Clermont-Ferrand a planché sur la question avec des géographes et une sociologue. Un modèle a été élaboré pour évaluer l’impact des retraités (qui sont aussi , occasionnellement, des touristes) sur le développement économique rural et appliqué dans plusieurs régions dont Rhône-Alpes. Une centaine d’enquêtes ont été menées. Dans certaines régions, 15 à 20% de l’emploi tertiaire est lié à la présence des retraités. Beaucoup d’entre eux sont actifs et s’engagent dans des initiatives locales. De véritables réseaux sociaux se développent dans les milieux ruraux et évitent que les retraités se retrouvent isolés comme cela peut être le cas en ville. Cette solidarité a pu se vérifier notamment lors d’épisodes climatiques exceptionnels comme la canicule de l’été 2003.
L’étude du Cemagref confirme un impact important des retraités dans nos régions mais relève un cloisonnement des politiques les concernant comme l’aide à domicile, le logement ou les établissements spécialisés. Elle souligne aussi l’existence de coordinations gérontologiques particulièrement innovantes, comme à Bourganeuf, dans la Creuse.
Reste que, sur la question du pouvoir d’achat des retraités hexagonaux, on peut émettre des doutes. Surtout quand on pense aux agriculteurs, dont la pension n’autorise pas les largesses. Mais ceux-ci peuvent contribuer de bien d’autres façons – ne serait-ce qu’en faisant partager leur expérience et leur savoir-faire, à la défense et à la sauvegarde du milieu rural.

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Le Cemagref, autrefois centre du machinisme agricole, des eaux et forêts, a conservé son sigle mais concentre depuis plusieurs années la recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement.

Gilbert

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