Gestionnaires d’espaces et agriculteurs: un partenariat qui se cultive…

Le 4e Forum départemental des gestionnaires du Réseau des espaces naturels protégés de l’Isère s’est déroulé aujourd’hui au Conseil général, dans un Hémicycle qui avait fait le plein. Serge Revel, vice-président du Conseil général chargé du développement durable, de l’environnement et du schéma départemental des déchets, et Catherine Brette, conseillère générale, présidente du Pôle départemental de recherche sur la biodiversité, ont orchestré cette journée d’échange et de débat. Une journée qui a réuni des gestionnaires, des agriculteurs, des représentants des administrations, des universitaires. Bref, un forum de l’écologie, au sens strict du terme.

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Bruno Caraguel (Fédération des alpages de l’Isère), Lilian Vargas (ADAYG), Serge Revel (CGI), Laetitia Idray (DDAF), Yves François (Chambre d’Agriculture de l’Isère)

La première partie de ce forum s’est intéressée aux façons de favoriser la mobilisation du monde rural pour la préservation des zones humides. On en recense 1040 dans le département. “Protéger les zones humides, c’est capital, soulignait Serge Revel, qui déplorait en passant la disparition des forêts alluviales iséroises. Ces zones humides sont celles que les élus attaquent le plus facilement. On voit des comblements, dans certaines communes, qui me font frémir. Le nombre de zones de remblai en Isère reste important”.

Le partenariat avec les exploitants agricoles, pas toujours réceptifs à cette problématique vécue comme une contrainte, est indispensable. “Nous avons besoin du maintien des pratiques agricoles, précise Serge Revel. Sans les agriculteurs, pas de travail sur les espaces protégés”.

Mais cette coopération n’est pas toujours facile, comme le laisse entendre Bruno Veillet (AVENIR). Pourquoi? Parce que ces actions de préservation imposent des contraintes, un cahier des charges, parfois un manque à gagner. Parce que, si la profession agricole se montre sensible sur la question des intrants, elle l’est moins sur la question de la biodiversité. Parce que le temps des agriculteurs, comme le remarque Laetitia Idray (DDAF), n’est pas celui des gestionnaires d’espaces sensibles.

Comment parvenir à une entente efficace? Quelques éléments de réponse glanés au fil du débat et des conclusions:

– favoriser la concertation, la pédagogie et la contractualisation

– recourir à une cohérence de territoire

– ne pas négliger le rôle des élus

– disposer d’un lieu de concertation pour chaque site: comité de pilotage, par exemple

– actionner les leviers psychologique, économique, technique

– réévaluer les compensations financières MAE (mesures agro-environnementales)

– proposer une lisibilité des projets sur le long terme

– dégager de nouvelles solidarités

Plusieurs témoignages sur des pratiques agricoles contribuant à la gestion des espaces naturels ont été apportés, à travers l’ENS du col du Coq (Saint-Pierre-de-Chartreuse), l’ENS de la tourbière de l’Herretang (Saint-Laurent-du-Pont et Saint-Joseph-de-Rivière), celui des marais des Goureux (Vourey). Des actions pas toujours couronnées de succès. Arrêtons-nous sur l’exemple de la Réserve naturelle de l’île de la Platière, à Sablons. Bernard Pont, conservateur, a fait un exposé détaillé et chiffré de la situation:

-le site concerne 15 exploitants, à cheval sur la plaine alluviale et les zones non inondables. Monoculture de maïs. Comment diversifier cette agriculture et retrouver des surfaces en herbe? La concertation s’engage avec les agriculteurs, ouverts à toute autre culture, à condition que leurs revenus soient maintenus et qu’elle soit compatible avec les outils qui sont les leurs. On s’oriente vers une production de plantes fourragères, la fétuque, pour laquelle existe une forte demande. Un test en vraie grandeur est réalisé en 2004, sur 7ha et deux parcelles. Culture en place pour 3 ans. Bilan: résultats biologiques positifs: les oiseaux reviennent. Résultats économiques: rendements inférieurs à ceux prévus (années sèches). Quelques erreurs commises. Des mesures inadaptées dans le cahier des charges. Total: différentiel de revenu: 700 €. Aide compensatoire: 500€. D’où une perte de 200€.

Conclusion de Bernard Pont: dispositif assez mal adapté au contexte.

Un exemple qui illustre la complexité de cette entreprise qu’est la préservation des espaces naturels protégés, notamment des zones humides, au contact de l’économie agricole. Il reste que les agriculteurs constituent un potentiel de compétences de plus en plus sollicité pour la restauration, l’entretien et la vigilance de l’état des espaces naturels. Rôle qui n’est pas incompatible avec celui de producteur de biens alimentaires. L’agriculture vivrière, elle aussi, n’a jamais été autant sollicitée. Bref, l’avenir est sans doute à une agriculture polyvalente, productrice de ressources biologiques et d’espaces naturels autant que de poireaux et pommes de terre.

Gilbert

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