Les frères Rouis ont osé créer une pépinière au Sahel !

Profitant de mon escapade en Tunisie, au salon de international de l’informatique organisé à Sousse ( voir précédents articles), j’ai fait une escapade à l’intérieur des terres. Je me suis rendu à Ouardanine, commune située dans la région de Monastir, aux portes du Sahel. Ma surprise a été de découvrir une région très agricole mais également de voir que les productions dominantes sont les salades, olives, pêches et cactus, ceux qui produisent les figues de barbarie. Ces derniers servent pour leurs fruits, pour nourrir les moutons en périodes de grande sécheresse et de haies entre les propriétés. Et ma surprise fût encore plus grande quand j’ai découvert des serres….qui abritent une pépinière.

Des serres qui appartiennent aux frères Moez et Anis Rouis. Ceux-ci se sont installés en 2000.

Moez, sorti premier de sa promotion de l’école supérieure d’horticulture de Chott Mariem et Anis ont acheté un terrain de 6000 mètres carrés, avec l’appui de différentes aides offertes par l’État . ” Il a fallu l’aménager, ça n’a pas été une mince affaire. Il n’y avait pas de courant, on a acheté un groupe électrogène, une moto pompe, amener l’eau. Toute la zone est alimentée par le barrage de Nebhana, situé près de Kairouan, monter les serres, acheter terreau, sable, et les plantes mères pour avoir des boutures.” Nous sommes surpris de voir que le sable est omniprésent.

“C’est normal, il provient des carrières de Kairouan, il a l’avantage d’être neutre et de coûter peu cher”. Les plants sont donc mis, individuellement, pendant 3 mois dans des sacs de sable afin qu’ils prennent bien racines. Ensuite ils sont transplantés toujours dans des sacs plastique remplis d’un mélange constitué de terreau, terre végétale, et de fumier afin qu’ils s’enracinent. Reste enfin la dernière étape, l’adaptation de la plante à ses futures conditions de vie. Pour chacune de ces étapes, l’alimentation en eau se faisant grâce à un système de gouttes à gouttes.

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Les frères Rouis gèrent environ 200 variétés différentes de plants. Les plus demandés étant : l’hibiscus, le bougainvilliers, c’est leur fierté, le ficus, le pittosporum, le bergognassier….Mais l’éventail est impressionnant.

Produire c’est bien, mais il faut vendre. “Voilà le noeud du problème, nous avons des clients de passage, des particuliers mais ce n’est pas suffisant, loin de là. Nous avons donc décidé d’élargir notre champ d’action en proposant nos services au niveau de l’entretien et de l’aménagement des jardins. Nous avons donc des contrats avec des paysagistes, des hôtels”.

Pour faire tourner cette entreprise les frères Rouis ont deux salariés à temps plein et embauchent des saisonniers “surtout des femmes,” quand le travail le demande.
Le revenu a bien sûr été abordé.”Pour être honnêtes, nous dirons que lorsque l’on a payé toutes les charges, les salaires, les différentes fournitures, on tire un faible revenu.” “Il faut attendre 5 ans pour que ça rapporte un peu et une dizaine d’années avant de se faire un salaire correct.” Par contre ils subissent de plein fouet une concurrence de plus en plus forte. “Certains ne sont pas des professionnels, ils montent des pépinières dans leurs jardins, emploient les membres de leurs familles qu’ils ne payent pas ou peu. Ils peuvent donc vendre à des prix dérisoires, ayant peu de charges…On ne peut pas lutter contre eux….”

Cela n’empêche pas Moez et Anis d’avoir des projets: “Améliorer nos conditions de travail, pourquoi pas se lancer dans la production de plants en pleine terre et voir si, par le biais d’internet, on ne peut pas avancer.”

A voir la passion qui anime les frères Rouis, leur professionnalisme et leur courage, on peut être certains de leur réussite. En France, on dirait qu’il s’agit d’une installation réussie !

Si vous venez dans la région de Sousse, n’hésitez pas une petite sortie vers Ouardadine, la pépinière se trouve à égale distance entre cette commune et M’Saken, vous serez surpris par la beauté du site et surtout par l’accueil des frères Rouis, il dépasse tout ce que l’on peut imaginer.

A noter que l’on vient de me signaler que la majorité de la communauté des tunisiens de Grenoble est originaire de la région de M’Sakem. Quand le hasard fait bien les choses !