vers un état de crise en ostréiculture?

L’ostréiculture française va t-elle vers une crise grave? Depuis plusieurs mois les naissains et huîtres juvéniles meurent sans que l’on puisse expliquer ce phénomène.

Nicolas Déjean, producteur à Mèze: “selon nos informations, ce serait un virus qui attaque le nerf des jeunes huîtres causant leur mort. Les dégâts sont importants, le souci étant que l’on a aucune parade. Les chercheurs cherchent….! En attendant on se demande comment on va pouvoir tenir le coup si le phénomène s’amplifie. On n’avait vraiment pas besoin de ça!”

Les huîtres qui arriveront sur le marché à la fin de l’année ne sont à priori pas concernées. Le problème se pose surtout pour les saisons 2009/2010 et 2010/2011, selon le Comité national de la conchyliculture (CNC).

A retenir que les huîtres mises en vente sont totalement consommables, sans aucun risque.

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Nicolas Déjean est inquet pour l’avenir si on ne trouve pas la parade. En attendant vous pourrez déguster les huîtres et tous coquillages du Gaec monté avec Yvon Lardat, à la fête des fromages et produits du terroir à Sassenage, les 6 et 7 septembre; à la foire de Beaucroissant les 13-14-15 septembre et aux marchés de la place St André et de l’estacade à Grenoble ainsi qu’à celui de Pont de Claix à partir du week end du 20 septembre.

Suite à cette crise la confédération paysanne réagit dans un long et complet communiqué.

“Ces dernières semaines, depuis fin mai, des mortalités importantes ont été constatées sur du naissain et des juvéniles d’huîtres non seulement sur toutes les côtes de France mais semble-t-il aussi à l’étranger. Ce phénomène, encore inexpliqué, plonge les entreprises ostréicoles dans de grandes difficultés qui confinent, pour certaines, au désastre économique.

La Confédération Paysanne s’associe aux efforts déployés pour enrayer la crise grave que subit la profession ostréicole.

Les “Naisseurs” sont les plus touchés, mais toute la filière d’élevage est impactée. En 2010, la production nationale devrait ainsi être amputée de 50 %, avec des charges et des remboursements d’emprunts qui seront toujours les mêmes.

Mais, au delà de la résolution des problèmes graves de cet instant, il faut bien réfléchir à ce qui les a créés et amplifiés :

  • La profession ostréicole s’est lancée depuis plusieurs décennies dans une course folle à la productivité poussée en cela par des prix de vente sans réelle progression.Il s’agissait de produire plus et plus vite pour compenser le manque à gagner dans les entreprises. La fraction financière du bénéfice qui autrefois servait au fonds de sécurité a été sacrifiée pour pouvoir rentrer dans les négociations avec les centrales d’achat des grands distributeurs. Aujourd’hui, les entreprises ostréicoles en sont à espérer des aides de la collectivité pour assurer leur survie. La grande distribution empoche, les contribuables payent, voila le résultat.
  • Pour produire plus, de nouvelles zones de production ont été ouvertes, la production augmentant, les prix de vente sont déstabilisés. Voici le cercle infernal créé. Les prix baissent du fait des distributeurs, pour compenser, on produit plus ce qui entraîne une chute des prix…etc.
  • Pour produire plus vite, IFREMER et les écloseries développent une huître stérile dont le temps d’élevage, et théoriquement les coûts de production, sont divisés par deux. Une partie des producteurs abandonne l’ancien cycle de production de 4 ans et élimine les stocks tampons dont on leur explique qu’ils coûtent chers. Mais ce type d’élevage est très pointu, qu’un problème survienne et la machine s’arrête net. La formule 1 qui sort de la route faite pour elle, est bloquée par une simple motte de terre. Ces producteurs sont en grandes difficultés.
  • L’autre sujet d’inquiétude avec les écloseries (elles se comptent pour les françaises sur les doigts d’une main), c’est le manque de transparence dans leurs pratiques et surtout leur capacité à diffuser un éventuel agent pathogène puisqu’elles fournissent tous les bassins. Elles sont fortement soupçonnées par les professionnels d’être à l’origine de la crise actuelle.
  • L’ostréiculture est aussi fragilisée par les investissements énormes que nécessitent les méthodes de production “modernes”. Les cages en eaux profondes, les “long lines” ne peuvent être exploitées que par des embarcations dont le coût est 3 à 4 fois supérieur à celui des chalands traditionnels. A cela, il faut ajouter le prix de ces nouvelles installations et l’on comprend vite qu’il faut raisonner en amortissement de longue durée. Evidemment, quelque soit le contexte, les banques demandent les annuités d’emprunts…..

Tous ces sujets sont toujours très discutés par la grande majorité des ostréiculteurs (venant d’entreprises artisanales et familiales) qui se sentent poussés vers une industrialisation qu’ils ne souhaitent pas. Malheureusement, il semble que cela soit la voie choisie par le ministère et les instances européennes.”

Michel Barnier ministre de l’agriculture, vient d’annoncer que des mesures seront prises au niveau des charges sociales et des facilités fiscales. Il  souhaite solliciter le fond des calamités agricoles quand l’ampleur de la crise aura été établie. “S’il le faut, des crédits des fonds européens pour la pêche pourront être utilisés pour venir en aide au secteur de la conchyliculture” Affaire à suivre.

Gilbert

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