Réforme des AOC: des producteurs inquiets

Attendue par les organisations de consommateurs et réclamée par la profession elle-même, la réforme qui fait suite à la  LOA du 5 janvier 2006,  vise “à redonner aux AOC une crédibilité et une image de qualité”. Les pouvoirs publics ont fixé la date du 1er juillet 2008 pour l’entrée en application du nouveau système. Les anciens textes sur l’agrément sont donc aujourd’hui caducs. Les  organismes de contrôle indépendants, agréés par l’INAO -c’est l’une des innovations de cette réforme- sont à l’oeuvre depuis cette date pour vérifier le respect du cahier des charges.

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La 8e Fête du bleu du Vercors Sassenage, à La Chapelle-en-Vercors, a été l’occasion de mettre le dossier sur la table. Une table ronde était organisée sur ce thème au forum de la Fête, à laquelle participaient Jean-Luc Langlois (PNRV) qui rappela les grandes lignes de la réforme, Francis Serre (Qualisud), Daniel Vignon et Chrystelle Hustache (SIVER),  des représentants des ODG du Picodon, de la fourme de Montbrison ainsi qu’un représentant de l’association des producteurs indépendants de la noix de Grenoble.

Ces échanges ont clairement fait apparaître l’inquiétude des ODG (organismes de défense et de gestion, ex syndicats)  qui redoutent principalement que le coût des contrôles et éventuellement des sanctions ne pénalise sévèrement leurs finances  et ne les contraignent à réduire voire à stopper net les opérations de promotion. Autre solution avancée: augmenter les cotisations des producteurs ou revoir à la hausse le prix des produits AOC.

“Les contrôles nous font peur, dit la représentante du syndicat de la fourme de Montbrison, car il faudra les payer de notre poche, sans la moindre subvention. Sachant que la production ne concerne que 33 communes, il faudrait que l’on double le montant des cotisations des producteurs. Cette réforme peut être dommageable pour les petites AOC”.

La représentante du syndicat du Picodon n’est pas opposée à cette réforme mais demande à être rassurée et accompagnée dans la démarche:”Nous n’avons jamais travaillé avec un organisme certificateur et on ignore comment cela va se passer. Ce que je sais, c’est que notre syndicat a des problèmes financiers et que nous avons d’ores et déjà décidé de réduire la promotion, de limiter notre présence sur les foires et salons en attendant de voir…”

En ce qui concerne le bleu du Vercors, le plan de contrôle n’est pas encore effectif. Chrystelle Hustache (SIVER) ayant précisé qu’une dérogation avait été accordée jusqu’au  15 septembre. En attendant, il y a du remue-ménage en interne, comme cela a été dit.

Daniel Vignon, qui préside le SIVER, s’oppose vivement à cette nouvelle mesure de contrôle:” Il n’est pas normal de payer le service qui vient vous contrôler…Il faut que les AOC se mobilisent pour faire plier ce projet”.

Francis Serre, en tant que représentant d’un organisme certificateur agréé, a tenté de rassurer les participants:”Nous sommes un organisme associatif et nous n’avons pas l’objectif de faire des bénéfices. Quant au coût du contrôle, il peut bien sûr être mutualisé”.

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La réglementation communautaire a mis en place un système d’identification commune des produits d’appellation d’origine protégée (AOP) au titre du règlement CE n°510/2006. Ainsi, à compter du 1er mai 2009, l’étiquetage de tout produit enregistré en AOP doit obligatoirement comporter : la dénomination enregistrée (ex : Roquefort, Tome des Bauges, …)  et, à proximité :  la mention « appellation d’origine protégée » et/ou le logo communautaire correspondant.

Gilbert

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