Bilan inquiétant pour le monde pastoral

Depuis le début, le Festival du film des 7 Laux accueille les Rencontres internationales du pastoralisme, qui réunissent toutes les délégations présentes autour d’un thème de réflexion. Pour cette 8e édition, ce sont les aléas climatiques qui étaient au centre de cette matinée de travail à laquelle participaient notamment  des délégations d’éleveurs d’Algérie, du Maroc, Sénégal, du Mali, du Niger, du Kazakhstan mais aussi du Larzac et de l’Isère. Et c’est un bilan inquiétant qui a été dressé au cours de ce colloque riche en échanges, ouvert par Jean Pichionni, président de l’association Pastoralismes du monde.

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Une salle comble pour ce colloque autour du thème “Pastoralismes et aléas climatiques”

Ces rencontres qui s’affichaient comme “un plaidoyer pour un code pastoral”, ont en effet clairement mis en relief la dimension politique des bouleversements auxquels sont confrontés les éleveurs d’ici et d’ailleurs.  Car ces désordres naturels, inhabituels et souvent violents (vents, pluies, moussons, sécheresses, etc.), qui se manifestent sous toutes les latitudes, entraînent des conséquences sociales et économiques que l’on évalue encore mal mais dont les acteurs du pastoralisme et leurs troupeaux sont des victimes sans doute plus exposées que d’autres. Souvent désemparés, sans pour autant être inactifs face au sort qui est le leur, les éleveurs ont exprimé leur désir de voir les Etats s’impliquer davantage, de voir de nouveaux  textes, de nouveaux codes appliqués,  de voir les médias réagir à la mesure du phénomène, avant qu’il ne soit trop tard.

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Yves Raffin, directeur de la Fédération des alpages de l’Isère, organisatrice de l’événement, Marie-Antoinette Melieres et Jean-Pierre Legeard, président de l’AFP

Le réchauffement climatique dont Marie-Antoinette Melières, spécialiste de la question et membre du jury du festival du film, a montré toute la réalité, sur le long terme et le court terme, provoque des modifications d’importance:

-migration des plantes, de la forêt, de la faune

– avancée de deux à trois semaines de la fonte nivale

– désynchronisation des écosystèmes

La cause? Les gaz à effet de serre, notamment de CO2, qui connaissent une croissance assez rapide depuis 1850.

L’homme, l’herbe et l’animal: une association en souffrance

Amara Sarr, éleveur sénégalais, a mis en avant les conséquences socio-économiques dramatiques de sécheresses successives: “La rareté de la ressource eau,  la forte mortalité des animaux entraîne un exode massif vers les grandes villes. Dans les villages, on ne trouve plus que des personnes âgées”, souligne t-il.

Idem en Algérie où le nombre d’éleveurs a tendance à diminuer. Ces bouleversements climatiques contribuent à la modification des modes d’élevage et notamment de la durée de la transhumance. “Les familles ne suivent plus l’éleveur, qui part avec son berger et son camion”.

Au Niger, où l’on enregistre une baisse sensible de la production laitière , ces aléas, comme l’a rapporté le Collectif Djimbo,  provoquent de graves effets sur les cultures nomades wodabee, fragilisant considérablement le lien social, entraînant des ruptures irréversibles dans les familles. L’impact socio-économique est patent: on assiste à une semi-sédentarisation depuis 5 ans, à une disparition de la tradition orale et donc de la transmission des connaissances.

Au Mali, les éleveurs touaregs rencontrent des situations comparables et s’inquiètent. Le porte-parole des éleveurs, face à cette situation d’urgence, appelle à la création d’une association “Pasteurs sans frontières”.

Dans une moindre mesure, l’Isère aussi ressent les conséquences de ce réchauffement. Bruno Caraguel (Fédération des alpages de l’Isère) a souligné le fait que les pelouses d’alpages ne poussaient plus comme auparavant après l’hiver mais qu’il fallait attendre parfois le mois de juillet pour avoir vraiment de l’herbe. Conséquence: les prises de poids du bétail, sur un alpage comme le Sénépi, par exemple, sont à la baisse depuis une dizaine d’années.

Quant à une éventuelle participation du pastoralisme  au réchauffement climatique, Marie-Antoinette Melieres a bien souligné le fait que cette activité n’était pas de nature à engendrer de gaz à effet de serre, à l’exception de brûlages occasionnels. Certes, le bétail est producteur de méthane mais dans des proportions qui ne peuvent, à son avis, être significatives dans ce phénomène.

Gilbert

One thought on “Bilan inquiétant pour le monde pastoral

  1. Eh ben je n’ai rien à dire quant aux conséquences de ce réchauffement climatique sur la faune et la flore.
    Merci
    Dr MOUSSA Kacem
    université d’Oran
    Algérie

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