AOC Bois de Chartreuse: la filière mobilisée

En août 2005, le Parc a déposé un dossier de demande de reconnaissance auprès de l’INAO, avec le soutien des professionnels du bois, constitués en association, donnant naissance au Comité Interprofessionnel du Bois de Chartreuse (CIBC), porteur du projet. Derrière ce projet totalement inédit, il y a toute la culture forestière du pays. Comme le souligne Anne-Catherine Mangel, chargée de la filière bois au Parc Naturel Régional de Chartreuse, “la candidature AOC Bois de Chartreuse, plus qu’une démarche de marketing, est une démarche patrimoniale qui vise à valoriser non seulement le bois du massif mais les savoir-faire des professionnels”.

visite-scierie-rey-1.jpg

La filière bois de Chartreuse en visite cet après-midi à la scierie Rey, à St-Pierre-d’Entremont

Il faut en effet souligner le fait que l’une des forces de la Chartreuse est de conserver des scieries artisanales (quinze au total, entre Isère et Savoie) implantées jusqu’au coeur du massif, et en capacité de transformer les 2/3 de la récolte annuelle de bois résineux. Cette résistance fait aujourd’hui figure d’exception parmi les zones de montagne des Alpes du Nord où les scieries ont rejoint les vallées, près des grands axes de circulation. En Chartreuse, leur nombre est resté stable au cours des quinze dernières années. L’obtention de l’AOC Bois de Chartreuse serait pour ces petites entreprises un gage de reconnaissance ainsi qu’un ballon d’oxygène. L’AOC est souvent considérée comme un facteur de développement et c’est le territoire dans son intégralité qui en bénéficierait.

visite-scierie-rey-2.jpg

M.Becle-Berland, président du CIBC en discussion avec MM.Sarter (ONF) et Epinat (délégué INAO)

Le 14 octobre 2008, la commission permanente de l’INAO a validé le dossier Bois de Chartreuse. La PNO (Procédure Nationale d’Opposition) de la candidature AOC Bois de Chartreuse est donc officiellement lancée depuis 3 mois et demi. Cette décision, la première en France pour un produit forestier, est un grand pas en avant pour l’ensemble des professionnels de Chartreuse, qui multiplient les réunions afin de présenter dans les moindres détails et à tous les stades, le parcours des résineux, de l’aval à l’amont. Le dossier est entré dans sa phase d’instruction et le CIBC redouble d’efforts pour appuyer la candidature et améliorer ce qui peut l’être.

C’est dans cette perspective qu’est organisée une série de réunions, pratiquement tous les 15 jours,  sur le massif avec les représentants de la filière. Après une première réunion au Centre de séchage (en service depuis 5 ans), une seconde avait lieu aujourd’hui à la scierie Rey, à Saint-Pierre-d’Entremont, en présence de Jean-Paul Epinat, représentant l’INAO, et interlocuteur du PNR Chartreuse sur ce dossier.

debitage-resineux.jpg

La filière était bien représentée: maîtres-scieurs, charpentiers, ONF (Jean-Claude Sarter), Groupement des sylviculteurs de Chartreuse (Pierre Basso), CIBC (M.Becle-Berland), architectes DPLG (Philippe Michel-Mazan), étaient au rendez-vous. Après des échanges tous azimuts, au soleil, autour des grumes entreposées, Jean-Luc Rey fit une démonstration de débitage automatisé sur son train (ci-dessus). Suivit une visite guidée de son entreprise (PEFC) qui emploie huit salariés.

Philippe Michel-Mazan (Atelier 21), spécialisé dans le HQE, appuie la démarche AOC: “Le bois est le matériau qui répond le mieux à nos besoins thermiques. Et puis en termes de bilan carbone, pas de comparaison possible. On peut estimer à 7 ou 9 tonnes de carbone de plus pour un bois importé par rapport à un bois local”.

Reste à faire prendre conscience au plus grand nombre de la nécessité de garantir un développement durable et d’accorder la priorité à la ressource locale. Comme le rappellait un charpentier, “aujourd’hui, la construction bois est faite à 80% avec du bois étranger”.  Il y a donc du pain sur la planche, si l’on peut dire. La planche étant bien sûr taillée dans un épicéa de Chartreuse.

scierie-rey-3.jpg

Deux belles pièces qui seront utilisées pour le prochain salon européen du Bois, à Grenoble

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page