Tempête Klaus: quel bilan pour la forêt privée ?

Klaus, après le drame, quel premier bilan pour la forêt privée: des forêts sinistrées, des années de récolte perdue et pas de marché…

La tempête “Klaus” qui a balayé samedi le sud-ouest de la France a frappé avec plus de force que la tempête de 1999. Elle a été plus intense et a duré plus longtemps.
Les forêts ont été particulièrement touchées en Aquitaine, en Languedoc-Roussillon et en Midi-Pyrénées.

Lorsque que l’on traverse ces forêts cassées ou renversées, comment ne pas penser aux milliers de propriétaires qui ont vu la tempête ruiner en quelques heures de nombreuses années de travail et d’investissement, souvent sur plusieurs générations…
Le découragement s’abat sur ces forestiers dans ces régions déjà très touchées en 1999.

Les premières mesures

La Fédération des Forestiers Privés de France et tous les organismes de la Forêt Privée Française se mobilisent afin de leur porter assistance. Leur préoccupation sera de trouver des débouchés pour l’exploitation de ces bois dans un contexte très difficile : la filière bois est en effet touchée de plein fouet par la crise économique qui secoue le pays…

Face au drame que connaît la filière forêt bois, le Ministre a parlé de « crise écologique touchant un secteur majeur de l’économie ».

Une réunion d’urgence a eu lieu le mardi 27 janvier avec Monsieur le Ministre Barnier, avec le Ministère de l’Industrie, le Ministère de l’Écologie et du Développement durable et les représentants des organisations professionnelles de la forêt publique et privée et de la filière bois. Le Ministre et les représentants des organisations professionnelles se sont accordés sur « l’ampleur nationale des conséquences de la crise et de la tempête, qui implique une mobilisation sur l’ensemble du territoire ».

Le Président Plauche Gillon a alerté le Ministre sur le fait que les propriétaires forestiers lancent un cri d’alarme et en appellent à l’État afin de mettre rapidement en place une indemnisation qui soit une compensation permettant de pallier la perte des peuplements décimés.

Pour l’avenir ils attendent que soit relancée la discussion déjà engagée lors des tempêtes de 1999 et jamais aboutie afin de parvenir à un dispositif permettant aux propriétaires d’être couverts face à aux risques naturels. Cela passe principalement par la prise en compte de la forêt dans le mécanisme des « catastrophes naturelles » et la mise en place d’un « compte pour aléas et investissement ».

Devant le traumatisme subi, un geste fort doit être fait afin de remobiliser les forestiers privés sinistrés sous forme d’une indemnisation et d’aides afin de permettre de remédier au plus vite à cette nouvelle blessure infligée à notre forêt.

Une première aide de 5 millions d’euros a été immédiatement mobilisée pour le dégagement des arbres tombés sur la voirie forestière et les canaux.

Ces acteurs se réuniront à nouveau les lundi 2 et jeudi 5 Février, où les discussions porteront sur les mesures prioritaires : estimation des dégâts et mesures d’urgence, mobilisation des bois, stockage et valorisation du bois, reconstitution des forêts sinistrées.

Le 28 janvier à Toulouse s’est tenue au Conseil Régional de Midi-Pyrénées une réunion extraordinaire du Bureau de la Fédération des Forestiers Privés de France, convoquée par son président, Henri Plauche Gillon.
Cette séance, véritable cellule de crise, s’est déroulée en présence de Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées et de Dominique Pélissié, directeur régional de l’Agriculture et de la forêt. Y ont participé nombreux les représentants de la forêt privée des trois régions touchées (syndicats, centres régionaux de propriété forestière, coopératives), la direction territoriale de l’ONF Midi-Pyrénées/Aquitaine, l’Union Grand Sud des communes forestières ainsi que les experts forestiers (représentant la CNIEFEB) et des représentants de la filière bois.
A l’issue de cette réunion, Martin Malvy, Dominique Pélissié, et Henri Plauche Gillon, ont animé une conférence de presse pour faire le point sur la situation de la forêt dans le Grand Sud.

Premières estimations des dégâts

L’heure est au premier bilan et il s’avère dramatique dans les trois régions touchées :

Les premières estimations, qui restent à préciser, font état de 60% à 80% de dégâts dans les forêts concernées de ces trois régions (sur les zones touchées).
250 000 à 300 000 hectares de pins maritimes détruits en Aquitaine et Midi-Pyrénées (entre 30 et 50 millions de m3 soit 5 à 7 années de récolte perdue), 10 000 ha de peupleraies décimées dans les deux régions, soit 1.3 millions de m3 perdus (soit 3 à 4 années de récolte sur les zones concernées ou l’équivalent d’une année de récolte sur la France entière) et un million de m3 de résineux dans le Sud Massif Central, Tarn et Hérault. Les informations sur l’Est de la zone pyrénéenne manquent du fait des difficultés d’accès dues à la neige.

« Il est trop tôt pour avoir une estimation précise des dommages, la situation est trop dangereuse, nous ne pouvons pas pénétrer dans les parcelles mais on sait déjà que, dans ses conséquences, cette tempête sera bien pire que celles de 1999 » affirme le Président Plauche Gillon.

Économiquement, cette tempête fera bien plus de mal que celles de 1999

A cette époque, les bois abattus par Lothar et Martin arrivaient dans une meilleure conjoncture économique. Le secteur de la construction était en forte demande de bois en France mais aussi en Espagne. La filière bois est aujourd’hui touchée de plein fouet par la crise économique qui secoue le pays…Des entreprises ont disparu, d’autres ont dû mettre leurs personnels au chômage partiel et ce, bien avant que ne frappe la tempête.
Les carnets de commande sont quasiment vides, des stocks importants sont chez les scieurs et les exploitants, la trésorerie des entreprises est exsangue… Qui va acheter les bois tombés ? Des millions de tonnes de bois à terre, des années de récolte perdue et pas de marché…

Les forestiers privés auront-ils le cœur de tout recommencer ?

L’état de catastrophe naturelle a été reconnu par arrêté dans neuf départements : Aude, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Orientales.

Cependant, il faut savoir que les dégâts causés par les tempêtes en forêt ne relèvent pas des catastrophes naturelles car la forêt est un patrimoine dit assurable mais le risque est tel que le coût de l’assurance est très important. La plupart des propriétaires forestiers ne sont pas assurés (il faut verser de nombreuses années de cotisation à 20 euros/ha/an pour bénéficier, en cas de tempête majeure, d’une garantie d’environ 2000 euros par hectare sinistré).
Après 1999, beaucoup avaient dû réinvestir dans leurs forêts. Après ce deuxième drame en moins de dix ans, en auront-ils encore le cœur étant donné le temps et l’investissement qu’il faut pour prendre soin d’une forêt ?

N’allez pas en forêt !

Enfin, la Fédération souhaite insister auprès du public et des forestiers privés sur la prudence qui s’impose. N’allez pas en forêt. La situation est trop dangereuse actuellement. Les arbres (et leurs branches) sont fragilisés et sous tension : ils risquent de céder brusquement et de vous blesser très gravement.
La Fédération appelle les forestiers privés à la plus grande vigilance : ne faites rien vous-mêmes. Faites appel à des professionnels !

Tempête de janvier 2009 dans le Sud-ouest, plus d’infos sur le site web de la forêt privée en dossier Tempête :
Actualités, conseils aux propriétaires, liens…
www.foretpriveefrancaise.com/tempete/

Gilbert

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