Le monde agricole se mobilise pour Haïti

Pour améliorer la sécurité alimentaire de leur population, les autorités haïtiennes ont décidé de relancer la production nationale agricole. Sollicitée, la France prend l’initiative d’un renforcement de la coopération dans le domaine de l’entreprenariat agricole et rural. En collaboration avec la Commission européenne, Michel Barnier invite les acteurs français et européens à s’associer à l’opération « Je pense à Haïti ». Avec Louis Michel, Commissaire européen au développement, il se rend à Port-au-prince du 5 au 7 février.

carte haïti

Avril 2008, des troubles violents secouent Haïti après la flambée des prix de l’essence et des importations d’aliments (le sac de riz passant de 35 à 70 dollars en une semaine). Outre Haïti, de nombreux pays (Égypte, Cameroun…) connaissent également des émeutes de la faim qui sont venus rappeler à l’opinion internationale que près d’un milliards de personnes souffrent encore de la faim dans le monde et qu’un plus grand nombre encore peut y basculer rapidement du fait de la volatilité des cours mondiaux des matières premières.

Ces émeutes ont accéléré la prise de conscience de la place centrale que joue l’agriculture dans la stabilité des nations et dans leur développement social et économique. Une prise de conscience étayée par les avis des associations engagés depuis longtemps dans ce domaine et, après plusieurs années d’un relatif désintérêt, par les grandes institutions internationales comme la Banque mondiale. Selon ses experts, investir dans le secteur agricole constitue le meilleur investissement pour réduire la pauvreté.

Bien que régulièrement touché par des cyclones destructeurs (Jeanne en 2004, Gustav et Hanna à l’automne 2008), Haïti dispose d’une agriculture porteuse d’espoir que les autorités souhaitent développer. Le secteur emploie près de 62 % de la population active et compte pour 25% du PIB. Il assure près de 10 % de la valeur des exportations nationales, notamment le café, les mangues, le cacao et les huiles essentielles.

Cependant, Haïti doit importer 60 % de ses besoins de base alimentaires. Ces importations (en provenance très majoritairement du continent américain) sont encouragées par la levée des barrières tarifaires douanières. Lorsque le prix du riz importé augmente de 60 %, la farine de 73 % ou le maïs de 91 %, c’est le quotidien des quelques 10 millions d’habitants de la République qui en est lourdement affecté.

Aussi le président Préval et le gouvernement de Mme Michèle Duvivier Pierre-Louis ont décidé de relancer la production nationale pour améliorer la sécurité alimentaire du pays. La production agricole haïtienne se caractérise encore largement par des exploitations de très faibles superficies. Plus de la moitié des 1,4 millions d’exploitations familiales qui composent le tissu rural, vivent avec des revenus de moins de 1 USD par jour.

©jupiterimages

Le développement du secteur agricole et rural passe par de nombreux enjeux : augmentation de la productivité et de la compétitivité, relance de l’entreprenariat, attractivité de l’agriculture et des métiers ruraux… Les autorités haïtiennes ont proposé à d’autres pays de s’associer à cette demande. A l’occasion de contacts pris à l’automne 2008, Michel Barnier a engagé son ministère dans un renforcement de la coopération avec Haïti.

Trois projets fédérateurs

En coopération avec le ministère haïtien de l’agriculture et avec le concours de la Commission européenne, le programme « Je pense à Haïti » entend mobiliser le monde agricole français, professionnel comme administration, pour apporter un concours concret aux autorités et aux organisations non gouvernementales qui souhaitent faire de l’agriculture une priorité pour la République haïtienne.

D’abord avec les associations déjà engagées sur le terrain (Collectif France- Haïti, AVSF…) comme les agriculteurs français de l’AFDI  dans le nord du pays mais aussi tous les volontaires potentiels intéressés par les objectifs de l’opération : renforcer la formation, soutenir l’entreprenariat agricole et rural (petites entreprises et exploitations familiales) et faciliter l’installation de jeunes haïtiens dans le milieu rural (agriculteurs, artisans, techniciens, agronomes).

En visite à Haïti du 5 au 7 février, Michel Barnier a retrouvé Louis Michel, Commissaire européen au développement pour lancer l’opération avec les autorités haïtiennes.

Ce programme sur 5 ans s’articule autour de trois projets.


  • – créer sur place un réseau de 250 jeunes entrepreneurs ruraux, hommes et femmes qui ont une formation technique ou universitaire et qui veulent créer sur place leur activité. Pour une centaine d’entre eux, nouer des relations avec des groupes de jeunes agriculteurs volontaires en France, ou des établissements de formations. Ce partenariat personnalisé aboutira à les aider et les suivre dans la durée. Ce projet pilote sera conduit dans la région du Plateau central (autour de Hinche);
  • – dans le cadre de la relance agricole par les autorités haïtiennes, un appui institutionnel se concentrera sur la place de l’installation des jeunes et l’amélioration des conditions d’exercice du métier d’agriculteur;
  • – avec le concours de collectivités territoriales ou de l’Union européenne, contribuer à l’adaptation de l’école moyenne de développement de Hinche, sur les hauts plateaux centraux du pays, une zone longtemps isolée au potentiel agricole et relativement épargné par les cyclones.

Christian Taupiac, conseiller général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER), a été missionné comme chef de projet. Un premier voyage d’étude a eu lieu en janvier 2009 avant la visite de Michel Barnier.

Gilbert

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