Un exploitant sur quatre est une femme

Les femmes accèdent peu à peu à des emplois agricoles reconnus. Un mouvement qui va de pair avec le choix des conjointes de travailler en dehors de la ferme, comme le développe Agreste Primeur dans son numéro 223 de mars, à la veille de la journée internationale des femmes. Une enquête de Laurent Bisault, fournie et documentée (tableaux statistiques), dont vous vous donnons ici quelques extraits.

La femme est-elle l’avenir de l’homme en agriculture ? Peut-être, mais alors à long terme. Certes l’emploi agricole féminin se transforme. Au point que l’on compte en 2007 plus de femmes exploitantes (chef d’exploitation ou co-exploitante) que de conjointes travaillant avec ou sans statut à la ferme. Une professionnalisation qui traduit surtout le choix des femmes d’agriculteurs de gagner leur vie en dehors de l’exploitation. Car les femmes n’occupent qu’un tiers des emplois dans les fermes, avec des responsabilités plus faibles que les hommes. Les exploitantes sont cependant présentes dans toutes les orientations agricoles.

Une implantation bien répartie

La contribution des agricultrices se répartit équitablement entre toutes les orientations agricoles. Elles occupent presque partout le quart des postes d’exploitants. Un peu plus dans des orientations traditionnellement plus féminisées comme l’horticulture et l’élevage ovin ou caprin. Et guère moins en élevage bovin à viande et en grandes cultures. Ces données sont indépendantes de l’âge des exploitantes. Du moins tant qu’elles n’ont pas atteint la cinquantaine. Elles occupent après une place plus importante dans la population agricole. Surtout parce qu’elles reprennent officiellement la direction des exploitations.

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La chèverie de Ghislaine et Yves Coussot, à Sainte-Blandine

Une lente progression
Les femmes occupent 24 % des postes d’exploitantes professionnelles en 2007. Une proportion qui progresse doucement, puisqu’elles ne contribuaient que pour 22 % à ces emplois en 2000. Il faut remonter aux décennies précédentes pour trouver trace d’une rupture plus importante avec 12 % d’exploitantes professionnelles en 1988. Le développement des formes sociétaires, et son corollaire les postes de co-exploitants, facilitent l’accès aux responsabilités des agricultrices. Des mères s’associent avec leur fils dans les groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec).
Des épouses avec leur mari dans les exploitations agricoles à responsabilité limitée. Dans ces formes sociétaires comme dans les exploitations individuelles, les femmes se déclarent rarement chef d’exploitation. Une différence qui n’a aucune conséquence pour leur protection sociale. Mais qui traduit un temps de travail un peu plus faible.

Autre distinction de taille entre hommes et femmes : l’origine des chefs d’exploitation. Les agriculteurs succèdent à leur père, alors que les femmes accèdent à ces emplois en remplaçant leur conjoint parti à la retraite. Sur 100 prises de direction par des hommes en 2006 et 2007, 70 sont effectuées par un jeune parent de l’ancien chef d’exploitation.
La succession se fait huit fois sur dix par la conjointe pour les agricultrices. Ce qui explique l’âge plus avancé des femmes dans ces postes : 46 ans pour les hommes et 51 pour les femmes.

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A la ferme des Pastières, à Rives, Arlette Gros-Balthazard s’investit, entre autres, dans la pédagogie en accueillant des scolaires à la ferme (réseau des fermes buissonnières)

Nouveau statut
La reconnaissance du travail féminin à la ferme passe aussi par le statut de conjointe collaboratrice, plus protecteur que celui de simple conjointe. Elles sont un peu plus de 30 000 à bénéficier par ce biais en 2007 de droits sociaux supplémentaires. Créé en 2000, ce statut est accessible depuis la loi d’orientation agricole de 2005 sans l’autorisation préalable du chef d’exploitation. Il a aussi été étendu aux agricultrices pacsées. Son importance n’est cependant que relative, car le nombre de femmes concernées diminue depuis 2003.

Certes, les conjointes collaboratrices se substituent peu à peu aux conjointes sans statut. Mais l’habitude est aujourd’hui acquise
pour les épouses de ne plus intervenir sur l’exploitation. Elles sont 100 000, soit plus d’une sur deux, à ne jamais travailler à la ferme en 2007. Pour acquérir une autonomie, à l’image du reste de la société. Et pour augmenter le revenu du ménage.
Une pratique qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Si 65 % des conjointes de plus de 50 ans ne travaillent jamais sur
l’exploitation, ce taux passe à 75 % pour les femmes de moins de 30 ans. L’adoption du statut de conjointe collaboratrice signifie toutefois un engagement plus important. Avec un temps de travail significativement plus élevé que pour les conjointes sans statut. La moitié des conjointes collaboratrices sont à plein temps . Les autres conjointes interviennent le plus souvent sur moins d’un quart de temps.

Appoint familial
L’activité à la ferme des mères, soeurs ou filles d’exploitants est de plus en plus limitée. Elles sont encore 22 000 en 2007 à
intervenir sur l’exploitation. Un chiffre divisé par trois depuis 1988. Et presque par deux depuis 2000. Leur apport à la vie de la ferme ne constitue plus qu’un appoint, avec des temps de travail le plus souvent de l’ordre d’un quart de temps. Un constat que l’on pourrait faire presque à l’identique pour les pères, frères et fils travaillant sans statut à la ferme. Les mères sont aujourd’hui plus actives à la ferme que les filles, qui prendront rarement la succession de leur père. Ce qui les distingue de leurs frères, qui interviennent davantage.

Pour lire l’enquête complète d’Agreste Primeurwww.agreste.agriculture.gouv.fr/ –

Gilbert

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