Mercure: Chantal Jouanno lance un mini Grenelle

Après avoir pris connaissance, début février, du rapport établi par France Nature Environnement (FNE) sur l’utilisation du mercure dans l’industrie chlorière (1),  Jean-Louis Borloo a chargé Chantal Jouanno de suivre particulièrement ce dossier. Le rapport de FNE faisait notamment état de mesures inquiétantes concernant l’air ambiant autour de l’usine Arkema de Jarrie (Isère). Des résultats qui avaient été contestés par les industriels. La secrétaire d’Etat à l’Ecologie était ce matin à Grenoble pour participer, à la préfecture de l’Isère, à une réunion de travail sur la pollution au mercure, en présence des services de l’Etat, des élus (2), des associations et des industriels.

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Chantal Jouanno (ci-dessus) a confirmé qu’une une nouvelle campagne de mesures conjointe avec FNE, l’industriel et l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air de la région grenobloise (ASCOPARG), selon un protocole scientifiquement établi et agréé par les différentes parties, allait être organisée cet été:

“Nous allons refaire une campagne de mesures cet été. Il y a eu contestation sur les méthodes utilisées. L’idée, c’est d’y voir clair. En réunissant tous les acteurs autour de la table. En faisant un mini Grenelle. Les mesures de FNE étaient ponctuelles et axées sur les taux d’émission dans l’air. Nous devons nous assurer que les mesures prises ne sont pas liées à des conditions météo particulières. Il faut considérer en outre que le mercure est une pollution chronique qui peut se retrouver en bout de chaîne alimentaire, notamment dans la chair des poissons. Cette campagne de mesures sera généralisée à l’ensemble de la France. Six sites industriels sont concernés”.

Comme plusieurs autres pays européens, la France a repoussé le délai, initialement fixé à 2009, pour l’interdiction de l’utilisation des électrolyses à cathode de mercure. A la condition d’une réduction importante des émissions industrielles, le nouveau délai a été fixé au maximum à 2019. A l’issue du Grenelle, cette décision apparait pour certains comme étant en retrait par rapport aux ambitions de la France.

“Le calendrier peut être revu, souligne Chantal Jouanno. En échange, après avoir consulté le premier ministre, nous allons chercher des aides financières pour le reclassement de ces dispositifs industriels.Il est possible d’envisager une aide de l’ordre de 20% pour la conversion industrielle. Le budget pourrait être de 10 à 20 M€ par atelier”.

Un comité de pilotage a été mis en place par le préfet de l’Isère, Albert Dupuy, à la demande de Chantal Jouanno afin que cette campagne de mesures ait lieu sans attendre. Un cahier des charges est en cours d’élaboration par les acteurs concernés.

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Francis Meneu, directeur de la FRAPNA et Alain Chabrolle, porte-parole FRAPNA

Pour Alain Chabrolle, porte-parole de la FRAPNA et administrateur de FNE, “ce résultat est un motif de satisfaction pour la FRAPNA, qui joue tout son rôle dans cette affaire. La FRAPNA qui est l’un des administrateurs du réseau Atmo. Les mesures de FNE ont été faites pour tirer la sonnette d’alarme sur le volet pollution atmosphérique de l’industrie chlorière. Mais c’est une analyse plus globale qui s’impose, qui passe par les sols, les déchets, les rejets dans l’eau. Et c’est ce que nous allons faire. Le mercure est l’un des plus violents poisons neurotoxiques. Ne l’oublions pas”.
La réduction des substances toxiques est une priorité du nouveau Plan national santé environnement (PNSE2), prévu par le Grenelle Environnement, actuellement en cours de préparation. La secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie souhaite la mise en place, dans les plus brefs délais, d’un groupe de travail, avec les 5 parties du Grenelle, pour proposer des modalités concrètes permettant d’atteindre cet objectif.

Chantal Jouanno a annoncé, en outre, la mise en place d’une structure d’information relative aux Plans de prévention des risques
technologiques et naturels  (PPRT). Une initiative qui répond à la demande des industriels. Un secrétariat permanent sera effectif très prochainement, avec le concours du préfet de l’Isère. “Aux acteurs locaux d’en définir le contenu et d’en assurer l’organisation”, a souligné Chantal Jouanno.

Rappelons que l’objectif des PPRT est de résoudre les situations difficiles en matière d’urbanisme, héritées du passé, et mieux encadrer l’urbanisation future. Les PPRT concernent les installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation avec servitudes (ICPE AS) qui correspondent aux établissements Seveso « seuil haut » d’où l’appellation « Seveso AS ». 423 sites sont concernés en France.

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1) Lire notre article sur le sujet.  FNE a constaté, sur certains sites, des pics de mercure à 20 761 nanogrammes par mètre cube d’air. Rappelons que le taux naturel de mercure dans l’air ambiant est compris entre 1 et 4 nanogrammes par mètre cube d’air. A cela s’ajoute un bruit de fond continu atteignant, sur certains sites, les 300 nanogrammes par mètre cube d’air.

2) Parmi les élus de l’agglomération présents, se trouve un spécialiste de la question de la pollution par les métaux: Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix, enseignant-chercheur à l’université Joseph-Fourier de Grenoble.

Gilbert

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