Des heures entières dans les arbres

Les parcours aventure contribuent à leur façon à animer les communes rurales et de montagne, et à mieux faire connaître la forêt. Cette forme de tourisme de loisirs qui connaît un réel succès depuis l’an 2000 a donc un rôle à jouer dans la mise en valeur d’un territoire : jusqu’en 1998, les Parcours d’Aventure en Forêt (1) se comptaient sur les doigts des deux mains alors qu’on en recense aujourd’hui plus de 500 dans l’Hexagone. Parallèlement, l’activité s’est structurée, professionnalisée et a pris un véritable poids économique.

Le seul département de l’Isère compte une douzaine de sites de ce genre : parmi ceux-ci, Saint-Bernard-du-Touvet (col de Marcieu), Autrans, Le Sappey-en-Chartreuse, Saint-Pierre-de-Chartreuse, Chamrousse, Venosc, Septème, Saint-Pierre-d’Allevard, Villard-de-Lans, Saint-Nizier-du-Moucherotte, Saint-Michel-les-Portes, etc.

CDRA PAV

Alors que la saison touche à sa fin, les membres du comité de pilotage du  CDRA Alpes sud Isère (ci-dessus) se sont rendu mercredi 23 septembre  à Saint-Michel-les-Portes, pour visiter le parcours aventure Trièves, le plus grand de France, ouvert au public depuis 2002.

Ils ont été accueillis par Patrice Vargel, qui veille sur cet aménagement qu’il a créé de ses mains.

L’actuel président du syndicat national des exploitants de parc aventure (SNEPA), créé en juin 2004, a le sourire : il voit évoluer favorablement sa petite entreprise qui, comme dans la chanson, ne connaît pas la crise. Le chiffre d’affaires de Parcours Aventure Trièves croît régulièrement depuis l’ouverture du site. Il lui est arrivé d’accueillir près de 300 personnes en une journée.

Le démarrage a pourtant été laborieux, d’une part parce que les financements n’étaient pas évidents à réunir, d’autre part parce qu’il fallait se faire connaître : « Le bouche à oreille a fini par fonctionner, souligne Patrice, mais ça a été long ! »

La canopée pour baldaquin

Les amateurs de sensations fortes sont arrivés les premiers . Le parcours, réputé difficile, a attiré des hommes entraînés, aimant se surpasser (de jour comme de nuit) et rivaliser d’adresse dans les parcours noir,  super noir et ultraméga noir, tout en chantant la tyrolienne. Puis, avec la diversification des parcours, sont arrivés tous ceux qui cherchent avant tout à passer une journée détente en famille et à l’ombre. Une forêt comme celle-ci, cela s’apprécie par temps de canicule !

« Nous travaillons essentiellement sur deux mois, juillet et août, explique Patrice Vargel. Nous sommes alors 7 sur le site pour accueillir, guider, encadrer la clientèle (2). Une clientèle composée de touristes principalement, mais aussi de Grenoblois. J’ai ouvert le site aux enfants, très friands de cette forme d’aventure, avec des parcours adaptés à partir de 5 ans et en créant une forêt labyrinthe qui est une sorte de jeu de piste où l’on apprend des tas de choses sur la forêt, les arbres, la faune, tout en s’amusant».

foret labyrinthe

Cette forêt labyrinthe, située à côté du parcours acrobatique est un savant entrelacs d’allées et d’impasses dont on arrive à sortir en faisant travailler ses méninges et en trouvant le mot de passe. Outre sa fonction de loisir, elle a un aspect pédagogique. Petits bourgeons, jeunes pousses et vieilles branches s’y côtoient en toute convivialité.

Accueillir du public, de tout âge, exige non seulement le respect des normes en vigueur mais aussi une vigilance permanente.

« Nous apportons bien sûr un soin particulier à la sécurité, précise le guide. Les clients  du parcours aventure évoluent en autonomie seulement après avoir passé un parcours test où l’on vérifie le bon usage du matériel d’auto-assurance. Nous sommes régulièrement contrôlés sur le plan technique et phytosanitaire. On ne déplore jusque-là que des bobos, parfois des malaises consécutifs à une déshydratation. Nombreux sont ceux qui arrivent en conquérants et se fatiguent vite, d’autres oublient de se désaltérer ».

Portrait du guide en homme des bois

patrice vargelPatrice Vargel est guide de haute montagne depuis 1992. Né à Paris, Grenoblois dès l’âge de six mois, il s’est installé il y a une vingtaine d’années à Saint-Michel-les-Portes pour y exercer son métier . En 2001, il a l’idée de créer un parc aventure dans la forêt communale qui se trouve au bout de la route forestière de Fond Rousse, entre Gresse-en-Vercors et  Saint-Michel-les-Portes.

Après avoir passé une convention avec la commune, et convoqué un ami auvergnat qui s’est lancé dans la même aventure, Parcours Aventure Trièves voit le jour en 2002. Une invitation au voyage dans les arbres. La grande évasion dans les étages supérieurs. La canopée pour baldaquin.

Patrice a réduit sensiblement son activité estivale de guide (il continue malgré tout à faire 30 à 40 Mont-Aiguille au cours de l’été !) et  se trouve bien dans sa forêt et dans sa peau d’homme des bois.

Un détail, pourtant, qui l’ennuie : y’a pas de réseau ! Ca ne passe pas !. Les portables sont silencieux.  Pour l’exploitant comme pour la clientèle, un relais faciliterait beaucoup de choses.

Les hommes des bois du XXIe siècle sont exigeants, surtout s’ils sont chefs d’entreprise.

Entre Mont Aiguille et Grand Veymont

aventure trievesUne forêt fraîche et profonde toute proche, à vol d’oiseau, du Mont-Aiguille et du Grand Veymont. Trois hectares d’épicéas et de hêtres d’un âge respectable. C’est à ce jour le plus grand parc acrobatique de l’Hexagone. Patrice Vargel n’a pas ménagé ses efforts pour le rendre le plus attractif possible, tant pour les adultes que pour les enfants. Il a tissé sa toile dans les arbres, installant au gré de son imagination, étriers, trapèzes, lianes, sauts de Tarzan, tyroliennes, ponts de singe, etc.

Au total, ce sont 11 parcours et 300 ateliers que le guide a aménagé dans les arbres. Il s’est investi à fond dans ce projet  auquel le syndicat d’aménagement du Trièves (SAT) ainsi que le CDRA Alpes Sud Isère ont apporté une aide financière (3).

Les visiteurs du CDRA ont eu l’occasion, non de tester le parcours « spécial frissons » car le temps était compté, mais primo de constater que pour arriver jusqu’au site, « il faut le vouloir » , deuzio que le cadre mérite le détour, tertio que c’est un professionnel aguerri qui gère cet aménagement.

………………………………………………………………………………………………………..

(1) Après avoir été “normalisée” dans le cadre de l’AFNOR, la dénomination  « parcours d’aventure en forêt » évolue vers “parcours acrobatique en hauteur ” (PAH). Mais le concept reste le même.

(2)  Parcours Aventure Trièves travaille en collaboration avec le bureau des guides du Mont Aiguille. Attention, en octobre, parcours uniquement sur réservation. Tel :04 76 34 16 64

(3)  Le CDRA Alpes sud Isère a contribué à la réalisation de la forêt labyrinthe. A l’occasion de cette visite, les membres du comité de pilotage étaient accompagnés d’un représentant de la DDAF et du CG38.

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page