Projet Center Parcs: feu vert de l’Isère

L’assemblée départementale a adopté ce matin, au terme d’un long débat, le protocole d’accord entre le Département de l’Isère et Pierre & Vacances SA, concernant la réalisation du projet  Center Parcs  à Roybon. Ce protocole, qui vient donc de prendre effet, est conclu pour une durée de 10 ans à compter de la mise en exploitation de la première tranche du village vacances Center Parcs. C’est Christian Pichoud, vice-président du CG38 chargé du Tourisme, qui était le rapporteur de ce dossier qui, au-delà de sa vocation touristique, touche à l’aménagement du territoire.

Précisons en préambule le détail du financement de ce projet dont l’investissement global annoncé est de 387 M€ :

–     la Région Rhône-Alpes, (délibération du 9 juillet dernier, contribue au projet à hauteur de 7M€ (promotion touristique, développement durable, énergies renouvelables, formation professionnelle)

–     le département de l’Isère mobilise :

>8M€ dédiés aux collectivités publiques pour la modernisation des réseaux d’eau et d’assainissement auxquels se raccordera le village vacances Center Parcs

>7M€ en aides aux investisseurs en résidence de tourisme en zone de revitalisation rurale (ZRR) pour un maximum de 1000 cottages

Si personne dans l’hémicycle ne déclare condamner a priori ce projet, qui va générer des emplois dans un canton durement touché par le chômage (on compte sur 600 emplois /an et jusqu’à 1000 en pointe pendant la durée du chantier, 700 emplois pour 468 ETP en phase d’exploitation), c’est autour du financement qu’a tourné en grande partie le débat de ce matin. Le deuxième volet du financement, perçu comme une aide à l’entreprise, une aide à des personnes (ceux qui vont investir dans l’acquisition des cottages mis en vente par l’opérateur) qui n’en ont pas besoin et bénéficient déjà d’avantages (défiscalisation) a alimenté  la discussion. Quelques interventions glanées au fil des échanges :

Sur les bancs des élus communistes (qui voteront contre le 2e volet de la délibération):

–      Claude Bertrand se dit OK pour voter l’aide de 8M€ aux collectivités publiques mais pas les 7M€ qui vont bénéficier à des investisseurs privés, des gros contribuables, qui auront droit à une défiscalisation. Il demande donc de dissocier le vote.

–      Daniel Rigaud souligne le fait que les emplois proposés seront des emplois précaires. Il s’insurge en outre contre l’attitude de l’entrepreneur, mettant le Département au pied du mur : « C’est ça ou je vais ailleurs ! Cela ne laisse pas de place à la discussion. Où est le débat ? »

Sur les bancs des Verts et apparentés :

–      Catherine Brette : « Nous avons dit oui, en juin 2008, à l’étude de faisabilité du projet. Mais aujourd’hui, on formule plusieurs critiques vis-à-vis d’un projet déjà fortement encouragé par l’Etat à travers la loi Demessine et Scellier. Ce projet n’a pas besoin de l’aide du CG38. Cette aide serait plus utile si elle était versée aux Gîtes de France. Le tourisme vert est l’avenir du département ».

–      Olivier Bertrand : « Personne n’est contre la création d’emplois, bien sûr. Mais on a le droit de se poser des questions sur le mode de développement touristique que l’on veut soutenir en Isère ».

Tous deux ont voté contre cette délibération dans sa totalité.

–      Serge Revel décide de s’abstenir sur le second volet de la délibération: «Je suis d’accord sur l’inutilité de l’aide du Conseil général à une entreprise telle que Pierre & Vacances ».

Sur les bancs de l’opposition départementale :

–      Marcel Bachasson : « Depuis ce 27 juin 2007 où nous sommes entrés en contact avec Pierre&Vacances, beaucoup de travail a été fait. Et on ne peut que s’en féliciter. C’est pour notre territoire un enjeu vital en termes d’emploi. C’est une forme de relance pour notre département, une opportunité pour des entreprises ainsi que pour les collectivités qui pourront mettre aux normes leur réseau d’assainissement  et d’eau potable. Cette opportunité, il fallait la saisir. Sinon, Pierre&Vacances allait s’installer ailleurs. Et peut-être pas très loin de chez nous ! »

–      René Vette : « Les Chambarans, c’étaient étymologiquement, des champs bons à rien ! Cela ne sera plus vrai demain ».

–      André Gilet : « Favoriser les entreprises locales, le code des marchés ne le permet pas ! Il faut passer par des appels d’offres»

–      Georges Colombier : « J’ai rencontré récemment des agriculteurs en difficulté de la vallée de la Galaure. Une agricultrice m’a confié qu’elle espérait beaucoup avoir un emploi à mi-temps au village vacances ».

Sur les bancs de la majorité départementale :

–      Erwann Binet : « Sans cette somme de 7M, Pierre & Vacances allait s’installer ailleurs. C’est l’engagement de principe rapide du CG38 sur ce point qui a permis de faire tenir le projet ».

–      Christian Nucci : « C’est un ballon d’oxygène dans un secteur très affecté par la crise. L’agriculture locale, entre autres, souffre. Le projet Center Parcs est une formidable opportunité pour mettre en place une filière de vente directe de produits frais, entre autres».

–      Charles Galvin : « Nous avons réussi à faire valoir la filière bois dans ce projet. Non seulement nous avons obtenu que les cottages soient construits en bois et en bois local, mais il se pourrait aussi que la chaudière à bois soit alimentée par une entreprise iséroise. Nous ne sommes pas encore sûrs du résultat ».

–      Christian Pichoud : « Ce seront des emplois annuels qui sont proposés, donc, en matière de sécurité, d’une qualité certaine. Comparés aux emplois saisonniers, notamment en montagne, on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’emplois précaires ».

–      André Vallini : « Nous prenons ce matin une décision historique. Et il est normal que l’on en débatte longuement. C’est, en tout cas, un dossier qui nous a demandé un gros investissement, un dossier compliqué, passionnant, qui nous a mis en face de  M.Bremond, un capitaine d’industrie, comme on disait naguère, avec qui nous avons négocié point par point. Nous étions en concurrence, il ne faut pas l’oublier. La Drôme des collines, la Saône-et-Loire étaient candidates. Ce projet était un beau plan de soutien à l’emploi. On nous l’envie dans toute la France ».

La mobilisation de moyens du CG38 a été prise en contrepartie d’une prise en compte forte du développement durable, traduite par des engagements sur plusieurs points : qualité d’isolation des hébergements, limitation des besoins en climatisation, utilisation d’ébergie renouvelable pour une chaufferie bois, récupération des eaux du centre aqualudique, mise en place d’un plan déplacement d’entreprise, tri et valorisation des déchets, recrutement local, vitrine touristique de l’Isère, interdiction des sports mécaniques thermiques.

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page