Espaces et espèces: agir pour la biodiversité

La préservation des espaces remarquables -comme la tourbière du Luitel- doit se conjuguer avec la protection de la nature ordinaire
La préservation des espaces remarquables -comme la tourbière du Luitel- doit se conjuguer avec la protection de la nature ordinaire

La 16e conférence départementale de l’Environnement a réuni hier dans l’hémicycle Aubert-Dubayet, au CG38, une bonne partie des acteurs isérois de l’environnement (associations naturalistes, gestionnaires d’espaces, chercheurs, etc.), conseillers généraux (1) autour du thème de la biodiversité, thème qui sera celui de l’année 2010 à l’échelle internationale.

Avec Serge Revel, vice-président du CG38 chargé de l’Environnement, pour chef d’orchestre, cette journée de travail et de réflexion a débuté par des exposés (2) et s’est poursuivie l’après-midi par huit ateliers (forêt, urbanisme, agriculture, observatoire, espaces naturels protégés, activités de pleine nature, eau, routes, perception-sensibilisation).

Agir localement, penser globalement. La devise écologiste (qui a bien 25 ans) a largement diffusé, de façon homéopathique peut-être, et a même repris des couleurs  avec l’arrivée en fanfare de ce nouveau mot de passe qui a nom développement durable. Cette formule, le président du CG38, André Vallini, la reprend volontiers à son compte (même s’il s’attend dans la seconde qui suit à être interpellé sur le projet de Rocade nord).

Le pouvoir de conviction de Serge Revel –souligné  par Jean-Philippe Siblet, directeur-adjoint du service Espaces naturels du Museum national d’histoire naturelle- n’y est peut-être pas étranger. Celui-ci n’est pourtant pas pleinement satisfait de ce que fait le Département , considéré comme un des premiers de la classe dans ce domaine, pour préserver la biodiversité : « Nous n’avons que des noyaux de biodiversité en Isère, souligne t-il. Et en dépit de nos efforts, il faut bien constater que celle-ci s’appauvrit, que 152 espèces de la faune sauvage vertébrée terrestre  sont en liste rouge, que 20% des habitats naturels sont menacés, que le grignotage des zones humides continue ».

Quelques propositions en vrac (et non exhaustives) glanées au fil des échanges en matinée :

–       préférer les termes de continuité écologique à celui de corridor

–       agir pour une meilleure cohérence des politiques publiques (là aussi le mille-feuilles est à revoir)

–       protéger la nature ordinaire autant que les espaces remarquables

–       soutenir les chercheurs en sciences du vivant (Roger Marciau -AVENIR-considère qu’il sont eux aussi en voie de disparition)

–       agir en faveur de l’interdisciplinarité : le dialogue entre chercheurs de disciplines différentes s’impose dans l’intérêt de la protection des espaces et des espèces

–       encourager les naturalistes amateurs qui font un travail apprécié, depuis longtemps

–       veiller à ce que les prairies apicoles ne contiennent pas d’espèces invasives

–       veiller à la conservation des jardins de la Bastille, à Grenoble, qui constituent un biotope méditerranéen remarquable

–       densifier l’habitat pour freiner l’extension du milieu urbain sur des terres fertiles (cas de l’agglomération lyonnaise et grenobloise)

–       favoriser la végétalisation des toits et des façades

–       lutter contre l’imperméabilisation des sols, contre l’usage des herbicides et pesticides

–       veiller plus que jamais à la qualité des cours d’eau, rivières et lacs (à noter que l’Isère a connu en 2009 une sécheresse de niveau 3, plus marquée que celle de 2003)

A noter que l’exposé de Michel Oberlinkels sur les nouvelles actions de la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) en faveur de la biodiversité (opération expérimentale Cossure en plaine de Crau) a soulevé de nombreuses questions au sein de l’assemblée. Il s’agit d’une vaste opération, commencée en 2008 avec l’acquisition d’un verger de 360ha, destinée à compenser des impacts exercés sur la steppe des Coussouls, écosystème à forte patrimonialité. La CDC Sud-Est investit 12,2 M€ dans cette opération, les « actifs naturels » devant être compensés par les aménageurs du territoire.

En conclusion de cette matinée, Serge Revel a réaffirmé sa volonté d’agir au ras du sol, de façon pragmatique : « Nous devons polariser notre attention sur les sols. Un état des lieux s’impose. D’une façon plus générale, la biodiversité devrait être intégrée aux politiques départementales d’aménagement du territoire. Nous avons besoin d’un schéma départemental de la biodiversité, détaillant une liste d’actions concrètes ».

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(1) Georges Bescher, Charles Galvin, Jean-François Gaujour, Catherine Brette, Christian Nucci ont participé aux travaux

(2) Sont intervenus : Laurence Foray (DREAL), Jean-Philippe Siblet (Museum national d’Histoire naturelle), Julien Semelet (service patrimoine naturel du Conseil régional Rhône-Alpes), Michel Oberlinkels (CDC Sud-Est)

Gilbert

One thought on “Espaces et espèces: agir pour la biodiversité

  1. Pour agir ? Je dessine ! Sur ce sujet de la perte de la biodiversité, petit commentaire en échange sous forme de dessins; je vous propose la découverte de deux séries de dessins « La robe de Médée » : https://1011-art.blogspot.com/p/la-robe-de-medee.html, ainsi que “Vous êtes ici” : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html.

    Présentés à l’exposition « tout contre la Terre », au Muséum de Genève (2021-2022).
    Mais aussi “Anthopocène” au Muséum de Grenoble : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html

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