Pour une filière bois compétitive

D’un côté de la route départementale, la première transformation, de l’autre la seconde. A Varces, la scierie Nier et fils et la SDCC (société dauphinoise Charpente couverture) se situent en effet en vis-à-vis. L’occasion pour l’association des communes forestières de l’Isère d’organiser autour de l’articulation et de la compétitivité de la filière bois, une demi-journée d’information et d’échange à l’intention des élus et des techniciens des territoires forestiers du département.

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Au cours de la visite de la scierie Nier. Elus des communes forestières et techniciens des territoires forestiers du département participaient à cette demi-journée de formation et d'information organisée par la COFOR

Jacques Nier, gérant de la scierie Nier et Fils, laquelle emploie 11 salariés, a expliqué aux élus et techniciens le fonctionnement de l’entreprise  et les projets qu’elle forme :

« Cette année, on enregistre une baisse de 15% du chiffre d’affaires mais j’ai bon espoir que l’activité reparte vraiment en 2011. Une chose est sûre, c’est que nous sommes obligés d’élargir notre offre en proposant des produits finis. Les seuls produits de charpente ne suffisent pas ».

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Jacques Nier, gérant de la scierie, au côté de Guy Charron, président de la COFOR Isère

La scierie Nier qui a la certification PEFC, opère un contrôle visuel des bois qu’elle travaille et transforme, les répartissant en C18 (charpente traditionnelle) et C24 (charpente de qualité supérieure). Un opérateur est chargé de ce tri. L’entreprise  ne pratique pas, pour l’instant, le séchage de ses bois, même si cette opération (qui pourrait devenir obligatoire en 2010) reste un objectif.

A l’image de la scierie Nier et Fils, 57% des scieries, considérées comme « artisanales », produisent moins de 2000m3 de sciages/an à l’échelle du pays. Une production inférieure à la demande.

La concurrence scandinave et allemande dans ce domaine est redoutable, la production de ces pays étant très nettement supérieure (de 7 à 20 fois plus).

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Opération réglage de la scie à ruban

Valérie Nier, épouse de Jacques Nier, et gérante de la SVBT (société de valorisation des bois du Trièves qui regroupe quatre scieries et leurs gérants) explique ces retards par des différences fondamentales existant entre première et seconde transformation :

« C’est un autre métier que celui de l’ossature bois. Ce n’est pas du tout comme faire une charpente. Le charpentier traditionnel est habitué à travailler avec du bois frais de sciage. Et ils ne peuvent changer leurs habitudes d’un jour à l’autre. Mais c’est vrai que nous sommes à un tournant et qu’il faut qu’on le prenne. On se heurte en fait à un problème de structuration de la filière. D’où le retard qu’accuse la première transformation par rapport à la seconde en matière de séchage, notamment ».

Les bois alpins ont de fortes potentialités

De l’autre côté de la route, Jean-Claude Mattio, lui, ne travaille qu’avec des bois secs, avec une proportion de 55% de bois local ou régional (nous avons présenté son entreprise dans un précédent article). Le PDG de SDCC souligne que si l’on veut que cette démarche de valorisation prenne toute sa dimension et devienne la règle, il est nécessaire qu’une volonté collective soit clairement affichée, notamment pour ce qui concerne la commande publique :

« Nous travaillons avec Créabois, le CG38 et le CAUE à l’élaboration de critères techniques permettant de valoriser le bois local dans une démarche d’éco-conditionnalité. Pour moi, cela est jouable pour le bois massif de même que pour le contre-collé ou lamellé-collé ».

Les  bois alpins ont de fortes potentialités, notamment une résistance mécanique adaptée à l’utilisation en structure. Rappelons à ce sujet la demande d’AOC, toujours en cours d’instruction, déposée par le PNR de Chartreuse.

Pour le reste (KFC, contreplaqué, OSB, produits isolants, etc.), difficile de lutter, notamment avec les entreprises allemandes : « Ils nous sont passés devant pour au moins deux collèges », remarque le PDG de la SDCC. L’entreprise, qui emploie 48 salariés (dont 12 au bureau d’études, centre nerveux de la SDCC), a réalisé une dizaine de lycées et collèges dans la région.

“Bois des Alpes”

La démarche Bois des Alpes élaborée par les acteurs de la filière bois alpine va dans le même sens. Elle est le résultat d’une mobilisation collective pour répondre à la faible compétitivité des bois alpins sur le marché de la construction. Créée en juillet 2008, elle a pour objectif d’optimiser la valorisation des bois sur le massif alpin français (toutes essences) par la création d’une offre de produits et services de qualité exemplaires, certifiés. Des producteurs et gestionnaires forestiers, des entreprises de récolte et de transformation, des prescripteurs et autres prestataires de services, des organisations professionnelles ou institutionnelles, ont uni leurs forces pour tendre vers cet objectif.

Les garanties apportées par Bois des Alpes :

  • Des bois éco-certifiés (production, exploitation, transformation)
  • Des bois séchés pour utilisation en bois de construction
  • Des bois classés structurellement par machine au-delà du seuil réglementaire (C24)
  • Des bois marqués CE selon usage

A noter qu’une première réalisation en Bois des Alpes est sortie de terre sur la commune de Saint-Jean-d’Arvey (Haute-Savoie) : il s’agit d’un bâtiment multifonctionnel abritant la mairie, la bibliothèque, un pôle d’accueil petite enfance et une garderie scolaire.

D’autres sujets ont été abordés lors de cette journée de la COFOR, notamment celui des modes de vente des bois en forêt communale.

Gilbert

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