La FAI prépare sa mutation

L’assemblée générale de la fédération des alpages de l’Isère (FAI) aujourd’hui à Prapoutel, la 29e du nom, a été l’occasion d’évoquer  la situation difficile dans laquelle se trouve l’association et d’en débattre avec les participants, éleveurs, élus des communes, partenaires.

Le problème est essentiellement dû aux « difficultés d’accès aux crédits publics », comme le note le trésorier Roger Giraud. Même si le résultat 2009 est positif et affiche un excédent de 3 114€, les difficultés récurrentes de ces dernières années font que l’association doit reporter un passif de –120 000€ sur son exercice 2010.

Denis Rebreyend, éleveur et président de la FAI a souligné que cette année 2009 avait mobilisé élus et équipes techniques autour de cette question vitale. Des mesures ont été prises : mise en chômage technique des salariés de la FAI pendant 6 mois, non renouvellement d’un contrat (sur le tourisme en alpage) , départ anticipé du directeur, Yves Raffin, qui participait donc à sa dernière assemblée générale à ce titre (nous en reparlerons).

sénépi
Lors d'une démontagna, sur l'alpage du Sénépi

L’utilité de cet outil économique, d’aménagement et d’expertise qu’est la FAI, au service des élus, des éleveurs, des montagnards, n’est absolument pas en cause : « Le travail effectué par la Fédération des alpages satisfait éleveurs, élus des communes de montagne, explique Denis Rebreyend. Nos compétences sont appréciées par nos partenaires que sont le Conseil régional et le Conseil général. Les tâches demandées sont croissantes tant en volume qu’en qualité et nous avons été contraints de réduire de pratiquement 50% notre force de travail en temps. Quel paradoxe ! »

Un paradoxe qu’a saisi au vol Claude Blanc-Coquand, maire de Sainte-Agnès depuis 1977 et travaillant avec la FAI depuis 1982, pour appeler à la mobilisation et à la solidarité des différents acteurs de la montagne en faveur d’un pastoralisme durable et dynamique.

Dans un courrier adressé aux maires de l’Isère, l’élu invite notamment les personnes sensibles à « son coup de cœur » à manifester leur soutien via une cotisation solidaire : « La FAI, consciente des mutations nécessaires pour ne pas disparaître, se remet en cause et essaie de trouver de nouveaux axes mais ne pourra survivre si nous, les élus de montagne concernés, ne nous impliquons pas plus dans le fonctionnement et la défense de ce formidable outil à notre service », écrit-il notamment dans cette lettre.

Devant les participants de cette 29e AG, dans la salle des Ramayes où se déroulera du 13 au 16 octobre le IXe festival du film « Pastoralismes et grands espaces », Claude-Blanc Coquand  a donné sa vision des choses, chaleureusement applaudi : « La situation est grave pour les communes de montagne. Et on ne dira jamais assez que la FAI est un outil dont nous avons besoin. Si la fédération des alpages traverse une mauvaise passe, c’est que nous marchons sur la tête ! La pyramide est à l’envers. Et elle peut basculer à tout instant. Nous devons nous mobiliser pour rétablir l’équilibre ».

Jean Picchioni, président de l’association « Pastoralismes du monde », partenaire de la FAI et organisatrice du festival des 7 Laux, abonde dans ce sens : « Groupements pastoraux et communes de montagne vont devoir se payer ces services, si cette situation se perpétue. Je demande à nos partenaires de  consentir à nouveau une aide au fonctionnement (NDLR : et pas uniquement aux investissements comme c’est la règle) sinon nous ne pourrons continuer ».

On ne rappellera jamais assez l’utilité publique du pastoralisme comme de la sylviculture qui non seulement piègent le carbone mais contribuent à l’entretien des paysages, des espaces montagnards, à la prévention de risques naturels, au maintien de la biodiversité.

Des aspects souvent sous-estimés, qui sont pourtant le résultat d’une  organisation, d’un engagement , d’un travail séculaires qui ont un prix. Mais de prix, aucune trace. Les usagers de ces espaces montagnards en ont-ils conscience ? Pour Claude Blanc-Coquand, c’est un non catégorique. C’est pourquoi il plaide pour donner une véritable dimension à un dialogue citadins/ruraux, ville/montagne. Comme cela fut souligné, « un travail d’argumentaire est à travailler et à alimenter sans cesse »

Des signes de reprise encourageants

En Isère, le pastoralisme est un secteur d’activité qui représente environ 170 gestionnaires (groupements , communes, individuels), 25 000 UGB estivées sur plus de 78 000 ha d’alpages et de parcours.

Un secteur qui maintient son activité. Bruno Caraguel, chargé de mission formation, études, diagnostics, note en effet des signes de reprise sur la saison 2009 : « Les premiers retours de la bourse d’alpage 2010 tendent à confirmer le retour des éleveurs vers les stations d’alpage mais ils seront à confirmer en juillet-août. Ces signes de reprise sont  encourageants. Il y a une dynamique positive, il y a des attentes socio-économiques de la part des massifs. Les systèmes pastoraux semblent redevenir attractifs ». Comme le remarque Denis Rebreyend, « la saison 2009, marquée par des problèmes de ressource en eau sur certains secteurs , explique sans doute le regain d’intérêt des éleveurs pour réserver des places dans les groupements pastoraux ».

Reste qu’en dépit de ces signes de reprise, le contexte de précarité généralisée contraint l’association à réfléchir à sa mutation  à serrer les cordons de la bourse, à limiter ses actions. La réflexion est permanente. Faudra t-il abandonner le statut association loi 1901 ? Se transformer en société de services ? Ou tout envoyer paître…

Gilbert

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