Communauté grenobloise, le maire d’Allevard-Les-Bains s’inquiète

Concernant la constitution éventuelle d’une communauté grenobloise, Philippe Langenieux-Villard, maire d’Allevard-Les-Bains, a fait part de son inquiétude au préfet de l’Isère, par courrier qu’il lui a adressé. En voici sa teneur

“Monsieur le Préfet,

J’appelle au secours votre conscience, pour que vos services ne cherchent pas à tout prix, (à n’importe quel prix), la constitution de la communauté Grenobloise qui doit juridiquement regrouper 450 000 habitants.

Ce postulat mathématique, voulu par le législateur, n’est pas adapté à notre territoire et la loi n’a pas imposé à Grenoble d’être une communauté urbaine.

Pour atteindre cet objectif, il faut que s’agrègent à l’actuelle Communauté d’Agglomération Grenoble-Alpes Métropole (Métro) plus de 50 000 habitants qui lui manquent. Je ne peux pas croire qu’un objectif quantitatif puisse conduire vos services à agréger des territoires dont l’identité, l’histoire et la vie quotidienne n’ont rien en commun avec l’agglomération grenobloise.

J’ai été informé du sort que vous réservez aux communes de Chamrousse et de Saint-Martin d’Uriage. Les maires et les conseils municipaux de ces deux communes ayant semble t-il approuvé leur rattachement à la Métro, il me semble légitime de les entendre, malgré les conséquences financières importantes que leur départ de la communauté du Grésivaudan va entrainer.

Mais cette démarche volontaire ne peut pas se prolonger infiniment, au risque de fabriquer un habit d’Arlequin : risible.

Savez-vous qu’Allevard, à un marathon de Grenoble, construit aussi son avenir grâce aux infrastructures grenobloises ? Pensez-vous pour autant que nous accepterions d’être rattachés au mastodonte que vos services envisagent ?

Il faut se méfier, Monsieur le préfet, vous le savez, de ces frontières administratives qui ne correspondent pas au rythme de vie des gens. L’Afrique coloniale paye, encore aujourd’hui, un lourd tribu à ces lignes droites qui font frontières entre des territoires et des populations mal compris. Le Président de la République l’a d’ailleurs bien souligné, lorsqu’il a déclaré à Saint- Dizier en 2009 que « la décentralisation est une conquête. Je respecte pleinement cet héritage à la fois généreux et complexe ».

450 000 habitants ! Voilà l’objectif, l’obsession ! Mais que fait-on de l’héritage des territoires que l’on veut à tout prix rassembler ?

J’entends dire que le Vercors serait utile à ce calcul. Qu’il faudrait aussi rajouter Montbonnot Saint Martin, une partie basse de la Chartreuse, peut-être Voreppe… Au nom de quoi ? Avec l’enthousiasme de quels élus ? En contrepartie de quels avantages pour les populations qui les soutiennent et leur font confiance ? Au détriment de quels liens intercommunaux déjà tissés depuis de nombreuses années, en cohérence avec des habitudes de vie?

Je veux vous écrire ici qu’en voulant agréger le territoire du Vercors à cette communauté grenobloise sans l’accord des conseils municipaux du Vercors, vos services, s’ils persistent, vont provoquer une véritable fronde de tous les élus locaux du département, d’où qu’ils soient.

Quel est l’objectif recherché ? Une soif de grandeur, une volonté hégémonique, ou le retour à la centralisation ?

Je tenais à vous dire le sentiment qu’expriment beaucoup d’entre nous, sans cesse contraints dans nos actions quotidiennes d’expliquer l’Etat et ses décisions à une population qui se perd dans les règles, les arrêtés et les lois.

Je sais que ces élus, fiers de représenter la République, veulent continuer d’en défendre l’intelligence, la nécessité et la force. Mais ces qualités républicaines sont toutes sous tendues par une valeur suprême : le respect.

Espérant, par ces mots, vous sensibiliser sur un sujet auquel nous sommes particulièrement attentifs,

Je vous prie…”

Gilbert

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