Déforestation: Un arbre sur deux serait abattu illégalement

Le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement
(PNUE) et Interpol ont publié un rapport dévoilant des chiffres alarmants sur le
trafic illégal de bois. Estimées initialement entre 5 et 10 milliards de dollars par
an, les pertes de recettes pour les pays tropicaux pourraient atteindre
finalement entre 30 et 100 milliards de dollars par an. Une révélation qui
augmente la pression sur l’Union européenne qui doit mettre en place son
règlement « Bois illégal » d’ici mars 2013. Explication.

Du bois illégal qui n’en a pas l’air

La coupe illégale de bois entraîne une destruction importante des forêts, elle-même
responsable d’environ 17% des émissions de Gaz à effet de serre, d’après le GIEC1.
Au Brésil par exemple, la production de bois serait à 80% illégale2. Madagascar
détient le record avec une production de bois qui serait à 90% illégale. Problème
récurrent depuis des décennies, l’exploitation illégale de bois devient de plus en plus
insidieuse et liée à la grande criminalité. C’est ce qu’explique le rapport du PNUE en
soulignant que « l’exploitation illégale représenterait entre 20 % à 50 % de
l’exploitation mondiale totale lorsque l’on inclut le blanchiment de bois
illégaux ». C’est ce blanchiment de bois illégal qui n’a pas été pris en compte dans
les évaluations de la Banque Mondiale, qui a ainsi largement sous-estimé l’impact
écologique, social et économique de l’exploitation illégale de bois.

La FAO a déclaré récemment que le rythme de destruction des forêts ralentirait.
Souhaitons que cette déclaration soit fondée sur de l’imagerie satellitaire plutôt que
sur des projections qui sous-estiment systématiquement la part du bois blanchi dans
le bois illégal… » explique Eglantine Goux-Cottin, chargée de mission forêt
internationale à France Nature Environnement. Les résultats du rapport du PNUE
montrent à quel point il est urgent de fermer les frontières de l’Union européenne à
ce commerce illégal de bois.

Fermer les frontières au bois illégal

L’Union européenne et la France ont leur part de responsabilité dans le commerce
de bois illégal : un cinquième de cette production illégale de bois serait écoulé en
Europe, selon le parlement européen3. Pour diminuer sa contribution à la
déforestation, l’Union européenne, après les Etats-Unis, s’est dotée d’un règlement
« bois illégal » (RBUE).

Ce règlement qui devra s’appliquer à partir de mars 2013, fait actuellement l’objet de
discussions au sein de la Commission européenne pour la rédaction des guides
d’application du règlement. Ces guides doivent impérativement donner des éléments
permettant aux importateurs de déceler et d’éviter des approvisionnements illégaux
de bois et produits dérivés (éviter les bois importés de pays dont l’indice de
corruption est élevé, éviter les produits contenant du bois provenant de certaines
essences ligneuses…).

Bruno Genty, président de France Nature Environnement « Messieurs les ministres
des Etats membres de l’Union européenne, acteurs de la filière forêt-bois européens
et français, soyez à la hauteur de l’enjeu lorsqu’il s’agira d’appliquer le RBUE en
mars 2013 ! Il faut que la demande européenne en matière de bois illégal cesse.

France Nature Environnement demande à ce que la Commission européenne et les
états membres travaillent de pair avec Interpol et le PNUE et autres organismes
internationaux tels que Transparency International4 pour la mise en place effective de
son Règlement « bois illégal » afin de bannir le bois illégal du territoire européen. »

1 GIEC: Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
2 Carl-Éric Guertin, R.p.f., M. Sc. Quebec Wood Export Bureau (2003)

3 UNECE/FAO Forest Products Annual Market Review, 2009-2010
4 Organisme chargé notamment de l’évaluation du niveau de corruption des pays à l’échelle
internationale

Gilbert

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