Une forêt dans votre patrimoine !

Les artistes ont largement traité le thème de la forêt, mais de nos jours, ce poumon de notre planète, indispensable à notre vie, constitue une sérieuse source d’intérêt pour les investisseurs qui lui reconnaissent d’attrayantes qualités d’ordre financier et autres. Pour de multiples raisons le marché de la forêt privée est en constante évolution.

Par Roland Brosselard

Certes la France ne possède pas la plus grande forêt d’Europe, nous nous situons désormais au troisième rang, mais ce domaine des bois demeure significatif dans notre économie puisqu’il emploie 500 000 personnes et génère un chiffre d’affaires
de 30 milliards d’euros.

En fonction de ceux qui la possèdent, la forêt est domaniale (État), communale ou privée. Près de 4 millions de propriétaires privés détiennent les trois quarts des quelque 15 millions d’hectares que compte notre pays.

L’Isère intègre 92 000 propriétaires privés, mais 2 000 d’entre eux seulement possèdent 70 % de l’ensemble. Le morcellement
est grand puisque la superficie moyenne d’une propriété n’est que de 1,9 hectare mais à l’inverse, 2 500 forêts ont une superficie supérieure à 10 hectares.

La situation se décrit de manière presque identique en Savoie puisque les 58 000 privés détiennent 109 000 hectares soit 56 % du total, avec une superficie moyenne de 1,8 hectare et les propriétaires possédant plus de 10 hectares ne sont que 570.

Les raisons d’investir dans les bois se révèlent multiples et fort variées.

D’abord, elles peuvent émaner d’une sorte de tradition familiale tenant sans doute à notre ruralité héréditaire : nous sommes tous issus du monde paysan et il nous en reste quelques gènes.
N’omettons pas les aspects visibles, concrets, tangibles d’une telle possession ainsi que le plaisir évident que procure la nature.

L’aspect « civisme » n’est pas absent, car participer ainsi à la lutte contre la déforestation représente un outil au service du climat.Investir pour réduire les émissions de CO² constitue sur tous les plans une belle thématique et pourra à l’avenir, le principe en est acquis, représenter une valeur monétaire. gras3

La préservation de la biodiversité, ainsi que le soutien à la filière bois sont encore des éléments qui plaident en faveur de la forêt.
Même si d’aucuns estiment que le placement forestier n’occupe qu’une place confidentielle, donc marginale, dans les patrimoines, il est reconnu qu’en des temps incertains voire inquiétants comme ceux que nous traversons actuellement, la forêt constitue une matière de diversification très opportune.

Cet actif est donc particulièrement bienvenu à condition de respecter un pourcentage acceptable dans le patrimoine des investisseurs, compte tenu de sa faible liquidité !
En outre et en cas de retour d’une certaine inflation – sait-on jamais – comme tout bien immobilier, il pourrait apporter une réelle protection à ses propriétaires.
Autre élément, particulièrement significatif, qui incite à la possession de forêts : les avantages fiscaux qui lui sont attachés. Comme souvent, ils relèvent d’une certaine complexité, mais leur importance mérite que l’on s’y arrête. L’investissement direct, c’est à dire l’achat pur et simple de terrains boisés, bénéficie d’une exonération au titre de l’ISF de 75 % de la valeur d’achat du bien, ainsi que de 75 % des droits de succession ou de donation dès l’année d’acquisition.

Un plan dit « de gestion durable » est toutefois requis pour obtenir ces faveurs…

Les biens forestiers peuvent aussi être acquis via l’achat de parts de capital de sociétés forestières et dans ces cas, la somme souscrite permet une réduction d’ISF de 50 % de leur montant dans la limite d’un plafond de 45 000 euros par foyer, assortie d’une durée de détention de cinq ans au minimum.

Enfin, l’acquisition de parts à titre onéreux dans un groupement forestier procure une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 18 % de leur prix d’acquisition, plafonnée à 11 400 euros pour un couple marié et assortie d’une durée de détention de huit ans.

Elle bénéficie en outre de la même exonération d’ISF et de droits de donation ou succession que l’investissement en direct, mais les 75 % de la valeur du bien retenue pour l’ISF ne sont exonérés qu’après deux ans de détention…

Malheureusement, il est fort à craindre que la voracité fiscale du moment ne vienne éroder quelques-unes de ces dispositions, à la fois agréables et utiles aux propriétaires forestiers…

Il est bien délicat d’approcher valablement les aspects rapport et rendement de ce type d’actif, car il dépend d’abord des différentes essences et des localisations (feuillus en plaine, épicéas et sapins en montagne), de la maturité très tardive des forêts qui demande une longue patience…

Les recettes proviennent des éclaircies, effectuées le plus souvent tous les huit ans.
Elles sont absolument nécessaires pour l’éclairage que cela procure et qui permet le grossissement et l’épanouissement des troncs. À titre indicatif, elles rapportent de l’ordre de 25 euros le m3 sur pied. Les coupes rases constituent la principale rentrée
mais il faut patienter 50 ans ou plus.
Son importance dépend de la qualité des bois, de leur calibrage et de leur positionnement, ce dernier déterminant la facilité d’exploitation et donc des coûts plus ou moins élevés.
gras2Ces coupes procurent des sommes variant de 42 à 68 euros le m3 sur pied. Évidemment le rapport net variera fortement, selon que l’exploitation et l’entretien seront effectués par l’exploitant en direct ou via des sociétés dûment rémunérées.

A ces éléments peuvent parfois s’ajouter quelques rentrées annexes comme les droits de chasse par exemple.
Ainsi, dans des conditions optima, le chiffre de 4 % de rendement net semble pouvoir être avancé, mais c’est probablement un maximum assez rarement atteint…
L’âge moyen des propriétaires de forêts est à l’évidence assez élevé, les jeunes intervenants sont assez rares dans ce milieu et cela génère des difficultés car arrivent sur le marché, des biens issus de successions plus subies que préparées. Pourtant, les syndicats professionnels de nos deux départements, comme d’autres sans doute, s’activent pour faire passer d’utiles messages ou recommandations sur ce point. Il est clair que les indivisions fortuites posent rapidement problème.
Côté acheteurs, se trouvent à la fois de grosses sociétés s’intéressant à des domaines de grande envergure (de 100 à 500 hectares) et des particuliers attirés par les bonus fiscaux.
En 2011, 112 700 hectares ont changé de mains et les prix ont augmenté de 10,80 % (+20 % en deux ans), le prix moyen de vente à l’hectare s’est élevé à 3 960 euros, il se situe à un niveau très inférieur dans nos zones de montagne, les propriétaires locaux sur ce secteur évoquent le montant de 2 500 euros !
Au titre de l’investissement en forêt« papier », il convient au minimum de s’intéresser à deux grands opérateurs : la Financière de Champlain et le groupe Pictet avec Pictet Timber qui procurent souvent des rendements intéressants tout en faisant bénéficier les propriétaires de tout ou partie des avantages fiscaux évoqués ci-dessus.

En conclusion positive et optimiste pour l’avenir, laissons la parole à Henri GRAS, président degras l’Union des groupements  forestiers de l’Isère (UGDFI) forte de 1 600 adhérents, interlocuteur reconnu au niveau des instances départementales et de tous les acteurs de la filière, qui nous dit que « le matériau bois, longtemps mis à l’écart, est en train d’être redécouvert ». Voilà qui devrait avoir d’heureuses conséquences pour nos forêts et pour leurs propriétaires…

Gilbert

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