Les agriculteurs: travailleurs en perpétuelle évolution

Le Salon International de l’Agriculture célèbre cette

année ses 50 ans : 50 années qui ont vu le monde

agricole changer profondément en France.

A cette occasion, l’Observatoire Alptis de

la protection sociale présente les principalesaplis 2

tendances d’un profil actualisé de l’agriculteur

français qui a su se réinventer en l’espace de

deux générations.


Les paysans se sont transformés en agriculteurs et l’exploitation familiale est devenue une entreprise à part entière. L’étude « Les agriculteurs, des travailleurs en perpétuelle évolution » donne un éclairage sur les actifs du monde agricole.

Les nouvelles tendances : une population active qui baisse fortement et qui vieillit (avec de moins en moins de jeunes). Mais on notera aussi une féminisation croissante et d’une façon générale une activité qui se professionnalise.

L’agriculteur se mute en entrepreneur (surtout pour les exploitants de moins de 40 ans dont les exploitations sont plus souvent constituées en sociétés). Face aux enjeux socio-économiques actuels, l’agriculteur recherche des réponses innovantes, à l’image des associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP).

Des agriculteurs moins nombreux mais mieux formés


Les chiffres sont éloquents : 41%[1] de la population active au début du siècle exercent une activité agricole, 2,7% en 2012. La population active agricole en 2011 est 7 fois moins importante qu’en 1954, alors même que la population active totale a été multipliée par 1,5 environ. Et cette baisse se confirme.

En cause, l’externalisation extra-familiale du travail agricole par la professionnalisation : les actifs non-familiaux apportent 29,1% du travail sur les exploitations, contre un peu moins d’un quart en 2000. Si aujourd’hui 73,5% des jeunes agriculteurs bénéficient du niveau requis pour accéder à la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA) créée pour inciter à la formation professionnelle, cette proportion atteint 29,8% seulement pour ceux âgés de 40 ans et plus ; le niveau de formation des jeunes générations est donc bien meilleur. « La diminution des actifs agricoles n’est pas nécessairement un mal car elle entraîne aussi une professionnalisation du métier » souligne Stéphane Rapelli[2], économiste et auteur de l’étude.

Moins de jeunes mais plus de femmes


Les plus jeunes (15-24 ans), sous représentées chez les TNS, le sont encore moins dans le mode agricole. Cette classe d’âge regroupe 2,6% des effectifs contre 9,9% pour l’ensemble des actifs occupés. Même tendance pour la part des moins de 35 ans chez les TNS qui atteint moins de 14%, alors qu’elle se situe à plus de 17% pour l’ensemble des non-salariés. Ce vieillissement de la population des non-salariés agricoles est en partie lié à une «crise des vocations» chez les jeunes générations, mais aussi à une moindre disponibilité du foncier concomitante à un accroissement de la surface moyenne à l’installation. Ainsi, les jeunes candidats à l’installation sont confrontés à des coûts d’entrée se révélant dissuasifs.

Ce phénomène s’accompagne par ailleurs d’un mouvement de féminisation s’expliquant en partie par la redéfinition, plus avantageuse, du statut de conjoint co-exploitant. En 2000, la part des femmes était de 24,4%, elle atteint aujourd’hui 26,7% selon le Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire.

Des exploitations agricoles à très forte productivité


La France est au 1er rang européen en termes de production et pourtant le nombre d’exploitations en métropole s’est réduit de 78,8 %. Cette place, La France la doit principalement à sa superficie agricole utilisée (SAU), la plus importante d’Europe (16,2% de la SAU européenne), et à la réorganisation des exploitations agricoles sur son territoire. Les lois incitatives à la professionnalisation, la modification des statuts (dans l’emploi, les volumes de travail fourni aux exploitations et les niveaux de formations), ont permis d’optimiser les exploitations agricoles françaises : moins nombreuses, elles sont plus grandes et plus productives. Pour exemple, le rendement des cultures céréalières a été triplé en 55 ans.

Selon les données du Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, 42,8% des exploitations dirigées par des exploitants de moins de 40 ans sont constituées sous forme sociétaire. Chez les exploitants âgés de 60 ans, c’est quatre fois moins. Des chiffres qui témoignent du caractère entrepreneurial de plus en plus prégnant de leur structuration.

Les nouveaux défis de l’agriculteur français


L’agriculteur français est dépendant des stratégies européennes et de leurs conséquences indirectes : financement des aides mis en péril par excès de productivisme, méthodes de production peu compatibles avec la protection de l’environnement, crises sanitaires, exigence croissante du consommateur ; les défis et contraintes sont nombreux. Les négociations pour une nouvelle réforme de la PAC en 2014 tentent d’intégrer ces différents éléments. Dans tous les cas, les agriculteurs devront une nouvelle fois faire preuve d’adaptation. Les agriculteurs – notamment les jeunes – sont eux-mêmes à l’origine d’initiatives innovantes : la multiplication des circuits courts de distribution et la promotion des réseaux de proximité à l’image des associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) sont des initiatives participant de ce mouvement novateur.

Gilbert

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