La filière forêt-bois de montagne en Isère

Une table ronde s’est tenue dans les locaux de la Société Dauphinoise Charpente Couverture, à Varces, à l’occasion de la venue de Jean-Yves Caullet, président de l’ONF, en présence des acteurs de l’ensemble de la filière bois en Isère.ONF,

Des forêts omniprésentes

La forêt couvre 34% du département isérois, soit plus de 250 000 hectares. En secteur de montagne, ce chiffre atteint près de 69%. L’Isère est le premier département de Rhône-Alpes avec 42 millions de m3 de bois sur pied. Ces chiffres expliquent qu’une commune iséroise sur deux est une commune forestière.

La forêt iséroise compte une grande variété d’essences réparties à parts égales de feuillus (châtaignier, chêne, hêtre …) et résineux (sapin, épicéa…). 10 000 emplois sont liés à l’activité bois en Isère avec 500 000 m3 de bois exploités/an dont 400 000 m3 en zone de montagne.

Des bois d’accès difficile

29% de l’accroissement des bois est exploité en Isère (52% au niveau national). « Ce qui ne signifie pas pour autant que les 71% restants soient disponibles » précise Patrick Lambouroud, directeur de Créabois Isère.

Une partie des bois est effectivement prélevée hors des circuits commerciaux, le reste ne correspond pas forcément à des produits marchands. Enfin, beaucoup de zones de production sont inaccessibles par l’altitude ou la pente des terrains.

Les investissements en forêt iséroise restent insuffisants avec une densité de desserte route de 0.9 km/100 ha ou 2km/100 ha en piste alors que le département de Savoie en compte 1.2km/100 ha et 2.2km/100 ha respectivement. « La forêt privée, comme publique, a besoin de desserte, de routes et chemins. » souligne Yvonne Coing-Belley, vice-présidente du CRPF.

Une forêt surprotégée

Des facteurs sociaux (une forêt trop idéalisée) et environnementaux freinent l’exploitation de la forêt de montagne. Elle est pénalisée par le morcellement parcellaire privé et menacée par le déséquilibre croissant sylvo-cynégétique qui réduit les possibilités de prélèvements.  460 000 personnes propriétaires forestiers en Rhône-Alpes dont 25% en Isère sont recensés.

À ce sujet, la possibilité de création des Groupements d’Intérêt Économique et Environnemental Forestier (GIEEF) prévue dans la loi d’avenir agricole et forestière est accueillie favorablement par les acteurs de la forêt privée.

Une exploitation insuffisante

Les handicaps naturels ou socio-économiques dont souffre la forêt de montagne se traduisent par un taux de prélèvement faible et en stagnation depuis 20 ans. Cela a pour conséquence une accumulation de bois sur pied et un vieillissement des peuplements avec risques de pathologies importants.

Les surfaces exploitées sont en diminution et les volumes mis en vente par parcelle diminuent. La perte de rentabilité économique à terme reste une réelle préoccupation pour les forestiers et les chefs d’entreprise manquent de visibilité sur l’évolution des cours du bois et sa réelle disponibilité.

Des acteurs en réseau

La filière bois est très satellisée avec 3 000 entreprises, à l’inverse par exemple de celle du béton. « Du coup, il faut toute la force du réseau » appuie Jean-Yves Caullet.

La FIBRA et Créabois Isère regroupent l’ensemble des acteurs de la filière bois dans le département pour impulser et accompagner son développement économique, promouvoir toutes les formes d’utilisations pertinentes du bois et valoriser le bois local dans le cadre d’un développement durable des territoires.

Des partenariats positifs

Une visite des locaux de la Société Dauphinoise Charpente Couverture montre une entreprise jeune, moderne et impliquée dans la valorisation de bois locaux dans ses différents projets. « Il faut favoriser les circuits courts d’approvisionnement, maintenir et développer le tissu économique local de nos communes forestières et faire face à la puissance commerciale étrangère en face de nos PME de 1ère et 2ème transformation en matière d’importation des bois » explique son dirigeant David Bosch.

Ainsi, 125 m3 de bois massif local ont été utilisés pour l’ossature bois, la charpente, le volige et les tasseaux de la construction de l’internat du lycée Ferdinand Buisson à Voiron. 50 autres mètres cubes de lamellé collé et panneaux OSB nécessaires pour ce bâtiment passif ont été produits en France.

Citons encore les 405 m3 de bois en provenance de la forêt de Méaudre pour la construction du Gymnase Fleming à Sassenage. Et la liste est longue ! Le fondateur de SDCC, Jean-Claude Mattio, confie que la filière bois iséroise est bien structurée et est une réelle chance pour la profession. « Il y a 10 ans, c’était très compliqué de s’approvisionner en bois. »

Des attentes fortes

Le potentiel de développement de la filière est grand du fait de la sous-exploitation partielle des forêts et de l’essor du bois construction mais son approvisionnement demeure incertain.

Charles Galvin, vice président du conseil général de l’Isère, en charge de la forêt, insiste sur l’importance de l’aménagement du territoire isérois et les acteurs soulignent la nécessité d’introduire des spécificités montagne dans la loi de modernisation.

Dynamiser la gestion et la valorisation des espaces forestiers avec plus de moyens financiers à court et moyen terme permettra d’augmenter la disponibilité de l’offre bois dans le département par la construction de dessertes et l’amplification du reboisement.

Compte rendu charlotte Reynier-Poête

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

Gilbert

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