Lait: la Coordination Rurale écrit au ministre de l’agriculture

Lait:  la Coordination Rurale écrit au ministre de l’agriculture..

Monsieur le Ministre,

Lorsque les producteurs de lait ont commencé à descendre dans la rue, c’était pour deux raisons. Premièrement, la détresse qui les étouffe de façon à ne leur laisser d’autre choix que de protester. Deuxièmement, il s’agissait de vous adresser personnellement un appel, en vous invitant à prendre vos responsabilités et à travailler activement à une solution raisonnable à cette crise majeure.

Au courant de ces dernières semaines, la pression sur les producteurs laitiers s’est accrue dans tous les pays de l’UE. Les actions de protestation se sont étendues et vous prétendiez chercher des solutions.

C’est avec consternation que nous avons entendu les résultats de la réunion du Conseil de l’agriculture du 7 septembre. L’annonce d’une somme pour des mesures inutiles devait-elle nous éblouir ? Devait-elle procurer aux médias et aux citoyens l’impression que l’on était parvenu avec succès à calmer les producteurs de lait ? Tandis que vous continuez votre politique laitière erronée, basée sur l’encouragement de la production d’excédents qui détruisent durablement les prix partout dans le monde ?

Par la présente lettre, nous nous opposons à la politique laitière actuelle centrée sur un encouragement des exportations et de la production d’excédents. Nous nous opposons aux mesures inutiles et erronées que vous avez décidées le 7 septembre 2015 à Bruxelles.

Nous n’avons pas demandé d’aumône, mais bien une stabilisation du marché laitier, afin de pouvoir bénéficier d’un prix adéquat. Pour éviter la destruction des exploitations laitières françaises et nous permettre d’approvisionner NOTRE population avec du lait. Car il ne s’agit pas seulement de quelques exploitations laitières qui ne peuvent pas survivre avec des prix faibles. Il s’agit de tous les producteurs de lait français et européens. Vous ne pourrez pas atteindre une stabilisation du marché avec les mesures proposées.

Écoutez les producteurs laitiers et les citoyens français : arrêtez cette politique inutile qui ne prend pas en compte leurs attentes !

Des changements structurels sont nécessaires. Ouvrir le portefeuille en guise d’alibi ne servira à rien et ne fera que prolonger cette situation intenable. Vous utilisez l’argent des contribuables pour des mesures erronées. Vu l’ampleur de la crise, cet argent sera donc sans effet. Cela fait preuve d’un manque de responsabilité face aux citoyens et aux producteurs laitiers européens.

Une production trop importante mène à une chute des prix sur le long terme. Dans l’UE, nous pouvons y remédier en enrayant la surproduction en temps de crise. L’approche adéquate est de ne même pas produire les excédents qui nuisent à l’équilibre du marché, dans le but de diminuer la pression sur le marché. Il s’agit seulement de diminuer la production d’un très faible pourcentage – ce qui néanmoins aura un effet bénéfique important sur le prix. Le premier pas est une réduction volontaire de la production. Les producteurs qui diminuent leur production de quelques pour cent reçoivent une indemnité compensatoire. Mettons cette mesure en œuvre au niveau européen par le biais d’un règlement applicable à l’ensemble des producteurs1. La proposition ci-jointe (cliquez ici pour la télécharger) va dans la même direction. Il s’agit d’un instrument de gestion de crise du marché laitier développé par l’European Milk Board (EMB), représenté en France par l’Association des producteurs de lait indépendants (APLI) et l’Organisation des producteurs de lait (OPL). L’EMB compte actuellement 20 organisations membres de 15 pays européens.

Ceci n’est pas une lettre que vous pouvez survoler pour ensuite y répondre poliment, tout en ignorant finalement son contenu. Cette lettre publique des producteurs laitiers français qui vous est adressée est un appel sérieux : poussez à la mise en place du programme de gestion de crise susmentionné et mettez tout en œuvre pour assurer le maintien de notre production laitière en France! Œuvrez pour atteindre des solutions véritables au niveau européen !

Au vu des résultats décevants de la réunion du Conseil de l’agriculture du 7 septembre, nous allons continuer, voire renforcer nos actions de protestation. Vous ne nous laissez pas d’autre choix.

1 Dans le passé, certains élus ont avancé des propositions presque cyniques, notamment : appeler les producteurs individuellement à réduire leur production, sans règlement applicable de manière généralisée. Il s’agit là d’une proposition dérisoire qui fait preuve d’une grande ignorance du contexte économique.

Gilbert

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