Ruines de Séchilienne: la menace se précise

Une salle de la préfecture pleine à craquer, ce matin, pour la réunion de la commission locale d’analyse et d’information sur le risque Séchilienne (CLAIRS) en présence du préfet, du SYMBHI (qui assure depuis 2007 la maîtrise d’ouvrage des études des parades hydrauliques du site), de la DDE, de la SOGREAH, de conseillers généraux, de maires de l’Oisans.

A l’ordre du jour, le point de situation sur l’évolution du site, la présentation des études du SYMBHI, les résultats de la modélisation physique du barrage naturel, étude réalisée par le laboratoire de la Compagnie Nationale du Rhône. Une réunion qui permet de mesurer, pour ceux qui l’avaient oublié, l’énorme investissement en études, expertises,  surveillance géodésique, etc., représenté par la menace que fait peser depuis plus de vingt ans ans ce versant sud du mont Sec, surplombant la Romanche entre Vizille en aval et Séchilienne en amont. Comme les cailloux, les rapports se sont accumulés. Ils ont été réévalués, remis en question. Ainsi, le rapport Panet 2000 revu et corrigé devrait voir le jour avant la fin de l’année.

En attendant, l’épée de Damoclès est toujours en suspens. Cela dure depuis 23 ans. En 1985, ce sont des parents d’élèves de Saint-Barthélémy-de-Séchilienne qui alertent les autorités. La navette scolaire qui transporte leurs enfants  emprunte la RN91,  surplombée par les Ruines dont les blocs chutent de plus en plus souvent. Ils écrivent à Haroun Tazieff, alors secrétaire d’Etat à la prévention des risques naturels et technologiques majeurs.

Le dossier des Ruines de Séchilienne était ouvert. La catastrophe fut annoncée. Plus ou moins imminente. Les premières parades réalisées: déviation de la RN91, aménagements anti-blocs, expropriation de l’Ile Falcon. La catastrophe ne s’est toujours pas produite. Et l’on ne peut que s’en réjouir.

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(photo Conseil général de l’Isère)

Les dernières informations, communiquées ce matin à la préfecture, en présence de Michel Morin,  indiquent néanmoins qu’on s’en rapproche. Ce matin, Pierre Pothérat (CETE Lyon) l’a dit clairement:

“Deux capteurs ont enregistré une extensomètrie dépassant un mètre. C’est la première fois que l’on voit ça depuis l’histoire du site”. L’année  2008, très pluvieuse, peut sans doute expliquer cela. Mais ce facteur pluie, précise M.Potherat est de moins en moins déterminant. Il ajoute, sur le mode affirmatif:”Les 3 millions de mètres cubes de la zone frontale, ils vont descendre”.

M.Jean-Louis Durville , ingénieur Général des Ponts et Chaussées, membre du collège d’experts, rappellera qu’en 1992, on avait prévu que ça allait bouger dans les 5 ans. Conclusion: “Le phénomène est long à se mettre en route”.

Autre information d’importance: la catastrophe annoncée ne sera pas réellement catastrophique. Le laboratoire d’hydraulique et de mesures du CNR (Compagnie nationale du Rhône) a réalisé une maquette du site au 1/60e  pour mesurer, entre autres, la vitesse d’érosion du barrage naturel formé en cas d’éboulement de 3 millions de m3 et de 6m de haut. Conclusion: la résistance du barrage est bien plus longue qu’on ne le pensait. Le débit de la Romanche n’augmenterait que de 10% et  ne présenterait que des risques minimes en aval comme en amont.

D’où la réaction d’un membre de l’assistance, lors du débat: étant donné qu’un éboulement de 3 millions de m3 n’entraînerait aucune conséquence pour la population, pourquoi consacrer tant d’études à ce scénario?

Réponse de M.Durville: “Il ne faut pas dire qu’il ne se passe rien avec un éboulement de 3 millions de m3. Les risques de crue existent et il y a une route à proximité”.

En fait, les aléas  multiples conduisent les experts à envisager plusieurs scénarios. A court et long terme. Au mieux et au pire. Il faudrait que l’éboulement frontal coïncide avec une crue centennale (revue à la baisse, elle est évaluée à 550m3/s au lieu de 880m3/s) , événement considéré comme improbable, pour que l’on puisse parler de catastrophe. Ou, bien sûr, qu’au lieu de 3 millions de m3 de rochers, ce soit le double qui dégringole du mont Sec, créant un barrage de 20m de haut.

Parmi les études en cours ou à venir:

– rapport Panet 2000 réévalué: avant fin 2008

– nouveaux forages prévus début 2009

– études des habitats terrestres et aquatiques: Gen Terro

– études de pré-faisabilité des scénarios d’aménagement: SOGREAH

– choix du schéma d’aménagement: été 2009

– parades hydrauliques: début des travaux fin 2012

Gilbert

One thought on “Ruines de Séchilienne: la menace se précise

  1. J’ai adressé le 13 septembre 2005 une lettre ouverte au Premier Ministre, avec copie à tous les responsables territoriaux. J’ai représenté la CCI à la Commission CLAIRS.
    Je ne comprends toujours pas pourquoi les projets de tunnel et de déviation de la route de l’Oisans n’ont pas avancé. D’après une lettre de M. Vallini du 24 octobre 2005, on discute encore sur le fait de savoir quelle institution prendra en charge les crédits nécessaires. 400.000 personnes sont menacées, des milliards d’euros de dégâts sont prévisibles dans l’hypothèse de la grosse chute. Ne croyez vous pas que cela devrait faire l’objet d’une décision rapide?

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