La vente directe de lait cru fait des adeptes

Cigarettes, billets de banques, carburant, sandwiches, pizzas, œuvres d’art (ça vient de sortir !), etc, toutes ces marchandises peuvent s’acheter à toute heure du jour et de la nuit au distributeur automatique en échange de quelques pièces de monnaie.A cette liste, il  faut ajouter le lait frais.

Le distributeur automatique de lait (qui pourrait donc s’appeler le DAL), appareil né dans le sillage de la crise du lait, est en train de s’imposer sur le marché de la vente directe.  Leur nombre croît en zone rurale comme en zone urbaine.

Cette idée, qui s’inscrit dans l’évolution des circuits courts, du producteur au consommateur, semble avoir été inspirée de nos voisins transalpins : la Lombardie, pionnière dans ce domaine, comptait il y a deux ans quelque 500 points de vente directe automatique.

Ses avantages : vente directe, réduction du coût de collecte, réduction du bilan carbone, valorisation assurée.

Ses inconvénients :  le coût de l’appareil, sa maintenance (nettoyage de la cuve, entre autres), location de l’emplacement, respect du cahier des charges

lait de la fermeTout aurait commencé dans les Monts du Lyonnais en 2008. Alors que les premiers symptômes de la crise du lait se manifestaient, un agriculteur de St-Laurent-de-Chamousset (Rhône), Gérard Gayet (dont nous avons déjà parlé dans sillon38), qui avait eu l’occasion de mesurer, en Italie, le succès de cette innovation, a été l’un des premiers à  importer ce concept en France.

Dans un contexte pour le moins aléatoire, la vente directe via le distributeur lui est apparue comme la meilleure manière de valoriser le lait de ses 45 vaches  Brune des Alpes.

Son distributeur automatique de lait biologique, installé à l’Arbresle, près d’un supermarché, a été inauguré le 19 avril 2008.

Tous les jours, la cuve de la machine d’une contenance de 300L est approvisionnée en lait frais pour y être réfrigéré à 3°C. Un lait bio respectant les normes de distribution exigées par la DSV que l’on récupère en  plaçant une bouteille sous le bec verseur. L’exploitant a pensé à tout : pour ceux qui sont venus sans récipient, un autre appareil distribue des bouteilles vides.

Une innovation encouragée par certaines collectivités

laitautoLes installations de distributeurs de lait cru se sont multipliées dans l’Hexagone. Les images vues à la télévision ont donné des idées aux éleveurs. Sans être exhaustif, on en recense un à Monistrol-sur-Loire, en Haute-Loire (inauguré le 27 février 2009 par Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi), un à Annecy-le-Vieux ainsi qu’ à Cran-Gevrier (Haute-Savoie).

Il y a six mois le GAEC Vigne, à Charpey (Drôme), qui exploite un élevage de 50 vaches laitières et 40 génisses, a fait ce choix, investissant 30 000€ dans cette innovation avec l’appui de sa banque.

Thierry Vigne, son épouse ainsi que son frère  Daniel, ne regrettent pas leur initiative. Installé en août 2009, à quelques dizaines de mètres de la ferme, en bordure de la D125, l’appareil donne toute satisfaction.

Le bouche à oreille a fonctionné. Villageois ou citadins (Bourg-de-Péage, Romans) savent désormais qu’ils peuvent aller tirer le lait frais à la machine, juste après la dernière traite, entre 18h30 et 20h. C’est pratique, rapide et on ne fait pas la queue. Et question traçabilité, pas de mystère. L’étable est à quelques mètres.

Si la tendance des 6 premiers mois se confirme, au moins  30%  des 500 000l de lait produits/an par le GAEC Vigne seront écoulés via le distributeur automatique.

En décembre 2009, leur entreprise  été récompensée par le Crédit agricole (1er prix catégorie professionnel- économie et social) « pour sa capacité à innover et à investir au bénéfice des territoires ». C’est la caisse locale de Bourg-de-Péage qui avait sélectionné ce GAEC.

A noter –comme le rapporte notre confrère Enviscope– que certains départements, comme le Rhône, ont décidé de subventionner ce procédé innovant qui permet aux producteurs de mieux valoriser leur livraison.

Après une aide exceptionnelle d’urgence d’un montant global de 2 millions d’euros en juillet 2009, le Conseil général du Rhône a voté le 12 février dernier une aide supplémentaire à des  producteurs de lait du département  de 105 000 € pour l’installation d’une quinzaine de distributeurs de lait.

Neuf producteurs envisagent l’installation d’un distributeur de lait et souhaitent engager les études économiques et de marché avant de concrétiser leur projet. Ils se situent en zone rurale (Pollionnay, Ronno, Saint-Vincent-de-Reins, Sarcey et Vernay), en zone urbaine (à Dardilly et Tassin-la-Demi-Lune) et en zone périurbaine (Tarare et Pontcharra-sur-Turdine). Le Département alloue à chacun  une subvention de 10 800 €.

Il est conseillé de venir avec sa berthe

berthe a laitEn Isère, encore aucun distributeur pour l’instant. Deux sont en projet, comme le remarque, Marie-Annick Dye, de la Chambre d’Agriculture : « L’un devrait se situer sur le parking d’une grande surface de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs mais le système n’a pas encore été validé par les services de contrôle. L’autre est programmé à  Veyrins-Thuellins ».

Mais  la vente directe de lait cru se fait aussi à la ferme. Plusieurs GAEC ont installé un magasin dans la cour (c’est le cas, entre autres, à Herbeys, Autrans, Saint-Clair-de-la-Tour, Brézins, Moidieu) où la clientèle de proximité peut acheter les produits de la ferme, y compris le lait.

« Il est conseillé de venir avec sa berthe, comme dans le temps. Ca évite de recourir aux bouteilles plastique », note Marie-Annick Dye.

La vente directe se pratique aussi, plus rarement, sur quelques marchés de l’agglomération grenobloise -comme celui de l’Estacade ou de Hoche- ainsi qu’à Voiron. Quelques producteurs viennent avec une fontaine froide et écoulent ainsi une partie de leur traite du matin.

« Je leur rappelle souvent , ajoute Marie-Annick Dye,  de prendre le temps de préciser aux clients qu’il s’agit de lait cru, qu’il convient de le faire bouillir rapidement et de ne pas le conserver trop longtemps au réfrigérateur. L’habitude de la brique de lait UHT  nécessite quelques précautions ».

Mais il s’agit souvent de consommateurs qui connaissent bien leurs producteurs et vice-versa.

Gilbert

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