Une coopérative laitière en projet sur Belledonne

L’ADABEL qui a tenu dernièrement son AG à Sainte-Agnès (voir notre article) a plusieurs fers au feu. Agir pour le développement de l’agriculture de Belledonne est  sa vocation et elle n’y faillit pas. L’association joue un rôle moteur dans la mise en œuvre de nombreuses démarches collectives « pour que vive l’espace agricole de Belledonne ».

L’un des projets, ambitieux mais raisonnable,  encore au stade de l’étude, est la création d’une petite coopérative de transformation laitière sur le territoire. L’objectif : un créneau artisanal de qualité.

Josée Argoud-Puy, membre du bureau de l’ADABEL, en fait une priorité :

« Ce projet de valorisation collectif du lait de Belledonne est capital pour la survie des dernières exploitations laitières sur Belledonne et peut-être que des jeunes pourront plus facilement tenter l’aventure de l’installation en lait, Ce projet a la chance d’être soutenu par les collectivités locales et de mobiliser l’ADABEL; Cela fait partie de nos actions prioritaires pour 2011 ».

Une visite de terrain est programmée très prochainement dans les Bauges où un projet similaire a vu le jour. Les Savoyards, il est vrai, ont beaucoup à apprendre aux Isérois en matière de transformation.

Pérenniser l’activité

vache Belledonne
(photos Fédération des alpages de l'Isère)

La base de la réflexion tient en quelques chiffres : en 1985, Belledonne comptait 350 exploitations laitières qui produisaient 3 millions de litres de lait.

Aujourd’hui, il reste 13 exploitations produisant 1,5 million de litres. Et la demande est forte. L’évolution de la PAC qui risque de mettre à mal l’agriculture de montagne en retenant la compétitivité pour critère principal, incite les producteurs de Belledonne à faire de la résistance et à anticiper.

L’association a réuni l’ensemble des producteurs laitiers le 13 novembre 2009 pour aborder cette question et envisager l’avenir.

Ce qu’il ressort de cette confrontation est la nécessité de procéder à une transformation, d’apporter une valeur ajoutée, pour prétendre pérenniser l’activité.

C’est facile à dire mais moins à faire : comment créer un petit outil de transformation local sans mettre en péril toute la collecte ? “Equation difficile pour les plus grosses fermes qui ont peur de perdre définitivement la collecte sans garantie de réussite de la filière locale”, comme le souligne la  Lettre de l’ADABEL. Peuvent-elles se permettre de prendre ce risque pour les yeux de la belle dame ? Chacun, ici, se souvient du projet né il y a quelques années autour de la tomme de Belledonne. Un projet qui, sur le papier, avait de forts  atouts. Il n’a pu aboutir.

Ce nouveau projet a, en tout cas, le soutien du CG38 –Christian Nucci l’a rappelé à Sainte-Agnès, qui prend en charge une étude de faisabilité, et de la Communauté de communes Le Grésivaudan (CCG) que préside François Brottes, député de l’Isère.

La question de la collecte en montagne

Dans un contexte de baisse des prix, la collecte du lait en montagne est fragilisée. On estime qu’elle coûte 75% plus cher que la moyenne française.  Pour le responsable Sodiaal (1) du secteur, il est indispensable de garder des pôles de production importants et un volume global suffisant, pour assurer la continuité de cette collecte. Comme le signalait Isabelle Roblès, animatrice sur Belledonne de la Chambre d’Agriculture, « trois ou quatre fermes risquent de cesser leur activité d’ici fin 2011 ».

Dans le détail, 7 fermes vendent tout leur lait à Sodiaal, 3 transforment leur lait sur place, 3 font moitié-moitié.

La volatilité des prix, l’évolution de la PAC vers la déréglementation (fin des quotas en 2013) ne sont pas de nature à encourager  l’agriculture de montagne.

La question est de savoir pour combien de temps encore l’augmentation du quota des fermes les plus grosses compensera l’arrêt d’activité des plus petites.

C’est dans cette perspective qu’un producteur de Biviers (massif de Chartreuse) devrait être inclus dans la collecte et qu’un partenariat avec Sodiaal pourrait être envisagé.

La demande est forte

La fermme de la grangette à La chapelle-du-Bard
La ferme de Lagrangette à La Chapelle-du-Bard: tommes de Belledonne à l'affinage

Ce qui pèse dans la balance, c’est la demande. Les circuits courts ont du succès, y compris avec le lait, comme l’atteste la multiplication des distributeurs automatiques dans l’Hexagone (voir notre article). Les quelques fermes de Belledonne qui ont choisi de transformer tout ou partie de leur production pour la vendre sur place (sous forme de tomme de Belledonne, notamment) n’arrivent pas à satisfaire la demande.

Comme le souligne l’ADABEL, « de plus en plus de consommateurs recherchent des produits laitiers de proximité, à travers les AMAP, dans les magasins, en se déplaçant jusque dans les fermes. Et la restauration collective pourrait être un débouché potentiel de plus de 300 000l annuels ! ».

La Communauté de communes Le Grésivaudan soutient ce projet d’approvisionnement de la restauration scolaire (5697 repas fournis/jour dans les écoles du Grésivaudan, 3243 dans les collèges) qui doit passer, notamment pour le lait, par la mise en œuvre d’outils de transformation.

En attendant, l’édition d’un catalogue de producteurs susceptibles d’approvisionner la restauration collective est en projet (contacts, produits, périodes de disponibilité, quantités maximales…). Ce sera un outil de travail avec les services de restauration en gestion directe (on en recense 8).

Dans ce contexte économique difficile, la filière lait locale ne baisse pas les bras et avec l’ADABEL privilégie l’action collective. « La volonté existe de rester unis autour de ce projet », notait Isabelle Roblès en présentant ce dossier aux participants de l’AG.

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(1) Sodiaal Union,  coopérative basée à Vienne (Isère) produisant les marques Yoplait-Candia

Gilbert

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