Algues vertes: la faute à qui?

Ouest France et le Télégramme se sont fait l’écho mardi 20 octobre d’un rapport confidentiel traitant des marées vertes qu’aurait envoyé, le 4 septembre, le préfet des Côtes d’Armor, Jean-Louis Fargeas, au Premier ministre.

Selon FNE, le préfet y dresserait un état des lieux sans complaisance pointant clairement la responsabilité de l’agriculture et de l’élevage en particulier et l’inefficacité des dispositions prise par les autorités publiques, jusqu’à maintenant (directive nitrate, programme d’action bassin versant contentieux, moyens incitatifs, contrôles et renforcement de l’application de la règlementation).

Ce constat posé, le Préfet évoquerait la nécessité de « révolutionner […] les pratiques agricoles et changer complètement le modèle économique existant » mais ajoutant immédiatement que « cette évolution n’est pas envisageable pour le moment » parce que la profession n’y serait pas prête ! Et de conclure que pour éviter les recours l’Etat doit afficher une politique volontariste…

Pourtant des solutions existent

Pour FNE, la responsabilité du phénomène des marées verte est collective, partagée entre agriculture, assainissement urbain et tourisme, industrie, particulièrement agroalimentaire et politique conduite par l’Etat. La solution ne pourra donc être que collective. Tout comme le préfet nous considérons que seule une révolution des pratiques agricoles permettra d’endiguer le phénomène.

Mais au-delà de la stigmatisation d’une profession en particulier c’est bien l’ensemble du modèle économique et social qu’il faudra revoir en profondeur pour réussir à réduire d’au moins 40% les effluents arrivant à la mer d’ici 2012, engagement pris par l’ensemble des parties prenantes, y compris les organisations professionnelles agricoles, lors du Grenelle de la Mer.

Si l’action doit être drastique pour être efficace il faut se méfier des solutions radicales au point d’être caricaturales. Dans son rapport, le Préfet des Côtes d’Armor évoquerait par exemple « l’arrêt total de l’agriculture sur le bassin versant avec une conversion totale des terres en prairies fauchées mais non fertilisées ».

Pour Jean-Claude Bévillard, secrétaire national de FNE : « Il n’est pas question de stopper l’activité agricole ! La résolution du problème des algues vertes devra en revanche passer par un nouveau projet pour l’agriculture bretonne, comme l’agriculture bio et de Haute Valeur Environnementale (HVE), caractérisée par une faible dépendance aux intrants (engrais, énergie, aliments du bétail,…) et une place laissée à la nature (prairies naturelles, haies, bosquets,…). Dimensionnée en cohérence avec les capacités d’absorption du milieu, cette agriculture, liée au terroir, impacte faiblement l’environnement et permet le maintien de l’agriculture, de l’activité et du tissu social. FNE renouvelle sa demande d’une concertation entre les acteurs politiques, économiques, sociaux et environnementaux pour élaborer un plan global. »

Par ailleurs, ajoute FNE, “il nous semble réducteur de focaliser uniquement sur la contribution de l’agriculture, minimisant de fait celle liée à la fréquentation touristique et aux pratiques de certaines collectivités et de certains habitants (assainissement, produits lessiviels et effluents organiques) ou celle de l’industrie”.

Agir maintenant.

Pour Christian Garnier, vice président de FNE, « FNE a mis sur la table du Grenelle de la mer la nécessaire réduction des rejets agricoles industriels et urbains, et notamment des produits lessiviels des ménages et des entreprises. Le temps n’est plus aux tergiversations, au renoncement, ni à « l’affichage d’une politique volontariste », mais à l’action. S’il faut inventer « un nouveau modèle économique », il est plus que temps de s’y engager effectivement, en s’appuyant au besoin sur les propositions réalistes portées depuis des années par les associations de défense de l’environnement ! La question des algues vertes doit être un chantier exemplaire de la concrétisation du Grenelle de la Mer. »

Gilbert

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