Urbain/rural: que faire pour que le courant passe?

C’est au musée de Vizille, dans une salle où flottait l’esprit des Girondins – le préfet de l’Isère, Albert Dupuy en fut le témoin- ainsi que celui des Montagnards –Charles Galvin s’en inspira- que se sont tenues lundi soir les Assises des territoires ruraux (1), initiative voulue par Michel Mercier, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire.

Rien de révolutionnaire dans cette rencontre entre l’Etat, ses représentants, et les maires ruraux, les conseillers généraux, les Parcs. Une réunion de travail, une consultation, qui avait pour objectif d’apporter des réponses concrètes susceptibles de favoriser l’attractivité des territoires ruraux, que ce soit dans le domaine de l’économie, du social, de l’environnement.

assisesvizille
De gauche à droite, Didier Migaud, Albert Dupuy, Eliane Giraud, Charles Galvin, Michel Issindou

Une réunion à laquelle n’ont pas répondu massivement les associations ni les habitants (2). Ils y étaient pourtant invités. Nous avons tout de même noté l’intervention d’un jeune agriculteur de Varces et d’une adhérente des AMAP, qui, tous deux ont souligné l’importance de cette petite révolution (tiens, l’esprit de Vizille qui souffle !) tout à fait pacifique, qui oeuvre au rapprochement  des producteurs et des consommateurs.

« Le biais des AMAP me permet de planifier ma production et d’avoir en permanence un contact urbain/rural, explique le jeune agriculteur de Varces. Je connais mes clients et ils me soutiennent. Et comme eux, je souhaite que les communes rurales installent des jeunes agriculteurs. Même sur des petites surfaces, il y a des choses à faire ».

La citoyenne AMAP milite dans le même sens : « L’offre ne suffit pas à la demande. Il faut prendre la mesure de cette dynamique qui ne coûte pas cher à la collectivité ».

Foncier agricole

Le foncier agricole aura été le fil rouge de cet échange. C’est sans aucun doute une des clés indispensables au maintien d’une vitalité agricole dans des territoires sous pression. L’Etat peut-il agir dans ce sens ?

Francis Gimbert, conseiller régional, vice-président de la Communauté de communes du Grésivaudan : « En ce qui concerne la pression foncière, on ne prend pas les bonnes mesures. Il faut aider les maires, il faut penser à une taxation substantielle ».

Gérard Seigle-Vatte , président de la Chambre d’Agriculture de l’Isère: « Les maires doivent verrouiller les zones agricoles. Il y a des plus-values sur le foncier qui ne sont pas normales. »

Aménagement du territoire

Georges Pelletier, maire de Morette : « Des assises du monde rural, j’en ai connu pas mal ! Je pense qu’au fil des ans, on n’a pas réussi à prendre les bonnes dimensions du monde rural. On a accompagné des évolutions, subies la plupart du temps, mais la solidarité ville/campagne n’a pas fonctionné. J’attends une parole forte de l’agglomération concernant le ScoT et la prise en compte du milieu rural ».

Frédérique Puissat, maire de Château-Bernard : « Nous avons besoin d’idées originales pour le monde rural. Il faut faire preuve d’innovation et les services de l’Etat doivent nous aider dans ce sens. Eviter les réponses standard comme celle que nous avons eue pour une demande de remplacement d’un enseignant mobile ».

Eliane Giraud, vice-présidente du Conseil régional à l’Agriculture: « Nous devons travailler sur les liens existant entre urbain, rural et périurbain, sur la porosité indispensable de ces tissus. Les PSADER (projets stratégiques agricoles et de développement rural) ont permis de le faire. Mais il est vrai que nous avons besoin d’ingénierie et de financements pour servir des politiques innovantes de développement en milieu rural ».

Michel Issindou, député de l’Isère, émet des doutes quant à l’efficacité de l’aménagement rural depuis des décennies: « En 2050, 80% des habitants de la planète vivront en ville. Il n’en faut pas moins agir pour le maintien des services publics en milieu rural ».

Charles Galvin, conseiller général : « J’ai longtemps pensé que le développement économique conditionnait le développement social. Je n’en suis pas si sûr aujourd’hui. L’accès aux services, aux soins, aux transports jouent un grand rôle ».

Serge Bonnefoy, directeur de l’ADAYG a rappelé  les différentes actions développées, notamment à travers la charte Terres en villes, pour favoriser le développement durable du territoire urbain et périurbain.

Jean-Claude Courteau, maire de Monestier-d’Ambel, a relancé la question de l’autoroute A51.

Les services publics

Dans un contexte où les territoires ruraux ont tendance à voir disparaître un certain nombre de commerces et de services, des initiatives, des dynamiques, existent pour renverser la vapeur. Quatre personnes  étaient invitées à la tribune pour  en témoigner :

Gérard Cardin, conseiller général de Corps, a présenté la Maison pluridisciplinaire de santé récemment inaugurée à Corps. Un investissement important –qui a bénéficié de financements croisés- mais un atout essentiel pour les habitants de ce canton dont la population est restée stable depuis 40 ans.

Pierre Boisselier, maire de Saint-Hilaire-du-Touvet, commune qui abrite depuis peu une Maison de service public laquelle réunit tous les services de l’Etat, les bailleurs sociaux et internet.

Francis Gimbert , vice-président de la Communauté de communes du Grésivaudan, a exposé les difficultés rencontrées pour mettre en œuvre un service de transport collectif régulier pour le territoire du Grésivaudan.

M.David, inspecteur d’Académie en charge du premier degré pour l’Isère, a évoqué le projet d’école numérique rurale, mis en place par convention avec l’association des maires ruraux de l’Isère. A cette date, 71 projets ont été financés (sur les 170 enregistrés). Il s’agit de permettre aux élèves des zones rurales de disposer d’ordinateurs connectés à internet en haut débit . Dans l’Oisans, cette initiative permet aux élèves d’apprendre l’anglais en correspondant en direct avec des pays anglophones.

En guise de conclusion, quelques impératifs (cette liste est loin d’être exhaustive) qui ont émergé des débats : la desserte numérique des territoires ruraux doit s’accélérer, la pression foncière doit être freinée, l’égalité des chances doit être garantie par les services de l’Etat, le rapprochement producteurs consommateurs doit être encouragé, la spécificité montagne doit être prise en compte, le ScoT ne doit pas oublier l’agriculture, le transport collectif doit desservir le périurbain, les contrats de développement doivent être pérennisés d’une façon ou d’une autre, etc.

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(1) Ces Assises se sont déroulées en deux fois: une première réunion s’est tenue le 20 novembre  à l’Isle d’Abeau

(2) Le public a encore quelques jours (jusqu’au 30 novembre) pour formuler des propositions et réflexions à l’adresse suivante :

assises-territoires-ruraux@isere.pref.gouv.fr

Gilbert

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