Le revenu des agriculteurs en question

Retour sur le grand bond en arrière du revenu des agriculteurs (voir articles précédents) avec la question du sénateur Aymeri de Montesquiou (RDSE-Gers) adressée jeudi 17 décembre , à l’Assemblée nationale, à Bruno Le maire, ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture :

orateur« M.le ministre, 34 %, c’est la baisse estimée du revenu des agriculteurs en 2009, succédant à celle de 20 % en 2008. On comprend leur révolte. Quels salariés, quelle entreprise peuvent survivre à une telle baisse ? Le revenu annuel moyen est de 14.500 euros. Cela démontre une réalité bien pire pour beaucoup d’exploitations. On assiste à un retour en arrière de près de 40 ans. Certes, vous n’êtes pas sourd à leur détresse. Vous avez mobilisé 1,6 milliard d’euros pour le plan d’urgence mais que représente-t-il pour chaque exploitation ? Bien peu.

La création du Ministère de l’espace rural montre aussi l’importance accordée au monde agricole mais, sans paysans, il ne servira à rien. Vous avez su inverser le vent qui soufflait en Europe contre la PAC et, désormais, 22 Etats la soutiennent. La période de 2010 à 2012 sera vitale pour notre agriculture.

Le système assurantiel universel proposé sera aussi un moyen de péréquation et de solidarité. Rendez-le effectif. Bien sûr, il faut agir sur le long terme et vous allez défendre, prochainement, une loi de modernisation agricole. Elle devra mettre en place des mesures fortes, notamment dans le sens d’un meilleur partage de la valeur ajoutée au sein des filières.

Mais, aujourd’hui, il y a grande urgence. Depuis le mois de septembre, le groupe RDSE vous a régulièrement interpellé sur la situation dramatique des agriculteurs. Monsieur le ministre, un sentiment d’injustice est profondément et durement ressenti par les agriculteurs. Il engendre la révolte.

En cette période de fin d’année, habituellement propice aux vœux, quel triste Noël pour eux et leurs familles ! Un message d’espoir ne suffira pas. Quelles mesures immédiates pouvez-vous annoncer aux agriculteurs de France ? »

Réponse de Bruno Le Maire, ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche

« M. le sénateur Aymeri de Montesquiou, je partage entièrement votre appréciation. Il y a une détresse profonde des agriculteurs en France en raison de l’effondrement du revenu auquel nous assistons en 2009 : – 30 %, en moyenne, sur toutes les filières, – 52 % pour la filière des fruits et légumes, – 54 % pour la filière du lait.

La réponse la plus immédiate, la plus importante pour les agriculteurs, c’est de leur apporter un soutien à leur trésorerie et faire en sorte que, en matière d’intérêts d’emprunt, en matière de prise en charge des cotisations sociales à la Mutualité sociale agricole, nous puissions atténuer l’effet de cette  baisse de revenus.

C’est ce que nous avons fait avec le plan qui était annoncé par le président de la République de 1,6 milliard d’euros et ce que je fais en vérifiant chaque jour, avec le médiateur Nicolas Forissier, que chaque agriculteur trouve une solution à ses difficultés. Et, si jamais il y a des choses que nous pouvons modifier ou améliorer dans le plan, nous le faisons.

Je vous donne un exemple. Le dispositif « Agriculteurs en difficulté »,  doté de 100 millions d’euros par le président de la République et par le Premier ministre, nous avons assoupli les critères à la suite des remontées de terrain que nous avons eues pour que davantage d’agriculteurs puissent en bénéficier. Le report des charges en fin de tableau, qui était demandé par beaucoup d’agriculteurs et que nous n’avions pas prévu dans le dispositif initial, nous allons le mettre en place parce que les agriculteurs nous le réclament, parce que ça répond à une véritable urgence pour beaucoup d’entre eux.

Mais, au-delà de ça, comme vous l’avez indiqué, il faut des réponses structurelles. Il faut une meilleure répartition de la valeur ajoutée, il faut des revenus meilleurs et plus stables pour les producteurs. C’est ce que nous allons prévoir dans la loi de modernisation, avec un renforcement de l’Observatoire des prix et des marges pour faire en sorte que les producteurs soient mieux rémunérés, avec des contrats écrits entre producteurs et industriels de façon à ce qu’ils sachent, sur quatre ans-cinq ans, combien ils vont gagner, quels vont être leurs revenus, avec des dispositions qui permettront de stabiliser les revenus.

Enfin, vous l’avez dit également, la clé de tout, c’est la stabilisation des prix à l’échelle européenne, c’est la régulation du marché à l’échelle européenne. Nous avons renversé la tendance en lançant l’appel de Paris, il y a une semaine, visant à défendre une PAC forte, une PAC qui régule les marchés, une PAC qui garantit un revenu stable et décent pour les producteurs.

Nous continuerons l’année prochaine en prenant de nouvelles initiatives et de nouvelles mesures pour défendre cette PAC-là. Ce que veulent tous les paysans de France, c’est des prix et pas des primes. C’est bien dans ce sens-là que nous allons continuer à avancer ».

Gilbert

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