Grenoble veut une ceinture verte productive

La convention d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole signée récemment avec la région (lire par ailleurs) comporte un volet agricole, un PSADER, qui traduit la volonté de prendre en compte le développement de l’agriculture et de la sylviculture périurbaines. Il est doté de plus de 1,3M€ dont 680 000 via le CDDRA.

Ce PSADER , un peu atypique car attaché au périurbain, n’était pas vraiment prévu dans le cadre du Contrat de développement durable Rhône-Alpes. S’il a vu le jour, c’est en grande partie parce que le  travail d’Eric Grasset et de Christophe Mayoussier (1), qui pilote le volet filière bois, a été convaincant.

Le diagnostic qu’ils ont remis en mai 2009, montrant tout l’intérêt d’intégrer l’agriculture et la forêt périurbaines dans une stratégie d’agglomération, a manifestement pesé dans la balance.

« Nous avons montré, photos et cartes à l’appui, qu’un PSADER avait toute son utilité pour l’agglomération. Un périmètre riche d’un environnement spécifique, fort en valeur agricole et forestière, d’un relief varié qui va de 178m à 2161m, comporte 25% de territoires agricoles, 46% de forêts et milieux naturels, et un tiers d’espaces artificialisés. Je dois dire que ça a été une révélation en interne ! », explique Eric Grasset

Eric Grasset
Eric Grasset

Eric Grasset  a un pied dans les trois collectivités – Ville de Grenoble en tant que conseiller municipal, Métro en tant que vice-président, Région en tant que conseiller . Ce qui lui permet d’embrasser les questions d’agriculture, d’environnement, d’énergie, d’espaces verts à différentes échelles. Nous l’avons rencontré afin d’avoir des précisions sur le contenu des projets retenus pour la métropole grenobloise, qui , avec le soutien de la Région, affiche de nouvelles ambitions en matière d’agriculture et de forêt périurbaines.

Trois projets structurants sont proposés dans le cadre du PSADER: le développement de filières courtes, l’ouverture des coteaux, le développement de la filière bois-énergie.

I- Procédons par ordre. Le premier volet consiste à améliorer la valorisation des produits agricoles locaux et  à accroître les débouchés. Quelles sont les initiatives proposées pour organiser cette redynamisation producteurs/consommateurs ?

« Toujours avec une exigence de qualité, et dans le respect de la charte Terres en ville (2) le but est de mieux organiser le contexte et l’offre de produits agricoles dans le périmètre de l’agglo. Nous souhaitons mettre en place 3 points de vente collectifs, au pied des massifs, à la disposition des producteurs de Belledonne, Chartreuse et Vercors. Ensuite, nous proposons la création d’une légumerie (NDLR : un souhait exprimé depuis longtemps par l’ADAYG) équipée pour transformer les produits locaux pour la restauration collective. N’oublions pas qu’il y a 400 000 bouches à nourrir au moins, autour de midi.

Quant au lieu d’implantation, il n’est pas arrêté. En lice, le MIN, Le Fontanil, le Voironnais (NDLR : les patates de la Bièvre pèsent dans la balance).

En complément de cette légumerie, la création d’une plateforme viande serait une aide précieuse pour l’abattoir du Fontanil. Avec une salle de découpe et de conditionnement, la viande locale devrait trouver de nouveaux débouchés dans la restauration collective. Nous allons également travailler avec les artisans-bouchers pour qu’ils fassent part de leurs attentes. La viande produite localement n’est pas assez présente à leurs étals et c’est regrettable ».

II –  Le développement d’une ceinture verte productive.  Outre les fruits et légumes, en zone de plaine, peut-on élargir l’offre de produits agricoles ?

« Cette agglomération veut une politique agricole et forestière. Notre ceinture verte n’est pas assez productive. On connaît les obstacles rencontrés : pression foncière, difficultés de transmission des exploitations, faible rentabilité.  Il faut garder des zones agricoles, j’en suis convaincu, mais pas que des champs de salades ! Nous pouvons viser l’autonomie alimentaire en ce qui concerne les feuilles vertes, le maraîchage. Je trouve, en passant, qu’il y a un peu trop de maïs dans la zone de Domène/Murianette. Et puis, nous avons des espaces de coteaux que nous devons préserver, que nous souhaitons ouvrir ».

Vous avez donc l’intention d’attribuer à ces coteaux une nouvelle vocation et d’y installer de jeunes agriculteurs. Mais peut-on associer urbanisation et activité agricole ?

« Oui, ces coteaux doivent produire de l’urbanisation et de l’agriculture. Il faut les deux. Nous avons trois projets de création de fermes intercommunales. Une par massif, en principe. Le projet sur la colline du Mûrier est le plus avancé. La Métro devrait prochainement acquérir du foncier agricole sur le territoire des communes de Gières, Poisat, Eybens, Saint-Martin-d’Hères.

Une stratégie qui entend donc favoriser l’installation de jeunes agriculteurs. Parallèlement, des appels à projets vont être lancés en matière de développement local. Le projet de jardins familiaux  est aussi dans les cartons. Je défends l’idée que l’on puisse bientôt aller cultiver son jardin en utilisant le tram»

III- La forêt périurbaine est une des composantes essentielles de l’agglomération grenobloise. Elle appartient pour les 2/3 à des propriétaires forestiers privés. Quelles initiatives pour développer la filière bois-énergie ?

Lors d'une visite de la placette forestière de Veurey-Voroize en juin 2008, avec l'ADAYG
Lors d'une visite de la placette forestière de Veurey-Voroize en juin 2008, avec l'ADAYG

« Dans les projets inventoriés par Christophe Mayoussier, la création d’une plateforme bois-énergie dans l’agglomération, en lien avec les PNR du Vercors et de Chartreuse. Le lieu d’implantation pourrait être Saint-Egrève ou Veurey-Voroize. Rien n’est tranché en l’état des choses.

bois d'iciAu programme également, la création d’un PAT (2), la mise en œuvre d actions de communication autour du bois, l’édition d’un plan forestier d’agglomération, une étude sur la part  du bois dans la commande publique. La forêt qui ne représente pas moins de 13 400 ha, est un poumon vert pour l’agglo, un espace naturel qui présente une très forte capacité d’accueil et de loisir. Nous avons tout intérêt à faciliter sa desserte et à veiller à son entretien ».

Et puis pour ajouter une touche bleue à cet éventail vert, la mise en valeur des rivières de l’agglomération, Isère et Drac, figure également inscrite dans les projets du PSADER. Eric Grasset qui préside la Régie des eaux de Grenoble tient à ce que le réseau hydrographique du territoire participe d’une façon ou d’une autre à la  stratégie de valorisation  de la métropole grenobloise.

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(1) Christophe Mayoussier est vice-président de la Métro chargé de la filière bois et de la forêt périurbaine. Il est maire du Gua.

(2) La charte « Terres en villes», co-présidée par Bernard Poirier et Gérard Seigle-Vatte, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, est centrée sur le développement durable du territoire urbain et périurbain.

(3) Un plan d’approvisionnement territorial (PAT) est un outil de décision qui prend en compte l’analyse de l’ensemble de la ressource (bois forestier, agricole, produits connexes), de la demande locale et régionale et propose des scénarios d’approvisionnement.  Le PAT doit permettre d’envisager les investissements nécessaires en amont pour une mobilisation des bois accrue et une logistique optimisée.

Gilbert

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