La Coordination Rurale alerte les pouvoirs publics sur les chiffres dévoilés par l’étude du cabinet Technologia qui vise à définir les facteurs et les signes de l’épuisement et du sur-engagement professionnel, en d’autres termes : « le burn out ».
Les résultats font froid dans le dos, mais sont hélas cohérents avec ce qui se passe pour le suicide : c’est le monde agricole qui est le plus touché !
Une réalité qu’on ne peut plus ignorer
Les agriculteurs constituent la catégorie sociale la plus exposée au burn out, devant les cadres, artisans, commerçants et chefs d’entreprise ! Les agriculteurs français sont épuisés émotionnellement, physiquement et psychiquement pour un travail choisi par vocation, où l’on ne compte pas ses heures et qui empiète sur l’ensemble de leur vie :
- 24 % cumulent à la fois une forte charge de travail et un travail compulsif,
- 24 % se sentent émotionnellement vidés par leur travail,
- 47 % se sentent fatigués lorsqu’ils se lèvent le matin et qu’ils doivent affronter une nouvelle journée de travail,
- 53 % se déclarent épuisés à la fin de leur journée de travail.
L’union fait la force !
En octobre dernier, après de nombreuses années de combat visant à attirer l’attention des pouvoirs publics et de la société sur la situation particulièrement difficile des agriculteurs, la CR avait pu obtenir la publication d’une étude sur les suicides agricoles (étude MSA/INVS). Le suicide (3ème cause de décès chez les agriculteurs exploitants) était enfin reconnu et non plus considéré comme un sujet tabou !
Aujourd’hui, les premiers résultats publiés de l’étude de Technologia nous permettent d’aller un peu plus loin dans cette démarche de reconnaissance. Cependant, les maladies professionnelles spécifiques présentant des affections psychiques sont encore très difficilement reconnues.
La CR soutient donc l’appel de Technologia pour la reconnaissance de « la dépression d’épuisement », « l’état de stress répété conduisant à une situation traumatique » et « le trouble d’anxiété généralisée » en tant que maladies professionnelles.
La CR rappelle que le burn out des agriculteurs est directement lié à leur manque de revenu et l’absence désespérante de perspectives. Aujourd’hui, les agriculteurs sont des chefs d’entreprises obligés d’avancer dans le brouillard, dans un environnement économique sans cesse changeant au gré de la dérégulation des marchés et des évolutions réglementaires.
Seule une vraie et solide réforme de la PAC, basée sur des prix rémunérateurs et non des aides génératrices de paperasse et de contrôles récurrents, permettra de rendre espoir aux agriculteurs. Ni la PAC 2015-2020, ni la loi d’Avenir ne semblent hélas aller dans ce sens.