Rhône-Alpes : conjoncture agricole 2014

D’une manière globale, les coûts de production restent un point faible de l’économie agricole même si les prix en Rhône-Alpes sont plutôt fermes et les quantités en hausse par rapport à 2013 (année de recul de presque toutes les productions).

On assiste à un début de révolution sur le secteur avec des demandes de produits en hausse dans quasi toutes les filières. L’agriculture retrouve sa fonction nourricière aux yeux des citoyens et est amenée à prendre de plus en plus de place dans les projets de développement économique.

Le déficit hydrique important dans certains départements (Drôme, Ardèche) pose une question essentielle dans les années à venir : comment gérer la ressource eau ?

Tour d’horizon rapide des productions animales

> L’année 2014 a commencé sur des niveaux de cotations de produits laitiers extrêmement élevés. Cela devrait soutenir la dynamique de la filière engagée pour conserver les volumes en Rhône-Alpes. En effet, si la collecte progresse au niveau national, elle est en léger recul au niveau régional. Toutefois, le potentiel de développement représenté par le nombre record de génisses de moins de un an en octobre 2013 pourrait relancer d’ici un à deux ans la production laitière en Rhône-Alpes.

> Malgré la concentration du nombre de bovins dans les exploitations et une légère recapitalisation, le recul des abattages en région Rhône-Alpes, de l’ordre 1.3 à 1.4%, laisse les acteurs de la filière viande bovine vigilants.

> Les prix à la consommation n’ont pas toujours été bien orientés sur les premiers mois de l’année entrainant une incidence néfaste sur les marges de tous les maillons de la filière caprine. Les producteurs restent dans une situation économique difficile. Un travail de sensibilisation auprès de la grande distribution a été entrepris pour une valorisation des produits tenant compte des spécificités et de la fragilité de la filière caprine.

> Le début de l’année est marqué par un manque de disponibilité de viande ovine et un prix moyen de l’agneau français en hausse. En Rhône-Alpes, le bilan des attaques de prédateurs en 2013 a été lourd : 319 attaques de loup (deux fois plus qu’il y a 10 ans et pour 59% dans les deux Savoie) et 52 attaques de lynx (quasi quatre fois plus qu’il y a cinq ans) principalement dans l’Ain.

> En Rhône-Alpes, les abattages contrôlés toutes volailles confondues ont connu une hausse de 1.4%, qui s’explique par l’augmentation des abattages de poulets. Le marché intérieur de viande de volaille continue à laisser place à des importations toujours croissantes. Après les fortes hausses de prix de l’œuf constatées en 2012, dues à la raréfaction de l’offre tant en France qu’en Europe, 2013 a inversé la tendance avec une production record en France et une hausse de production en Europe et un retour à l’équilibre.

> Différentes types d’entreprises cohabitent au sein de la filière piscicole qui reste encore très confidentielle. Grâce à une ressource en eau abondante, les départements de l’Isère, de la Drôme et de l’Ardèche sont les trois principaux producteurs.

Tour d’horizon rapide des productions végétales

> Même si la récolte viticole 2013 est sensiblement supérieure à celle de 2012, elle demeure encore de très faible niveau. La surface en production serait de 48 000 ha avec une production d’environ 2 140 millions d’hl. Cette petite récolte s’explique essentiellement par les mauvaises conditions météo y compris pendant les vendanges tardives. Au niveau de la commercialisation, ces disponibilités faibles ont entrainé une revalorisation des prix dans tous les vignobles.

> Fruits : 2013 fut une année tardive, marquée par un hiver froid et long et un printemps pluvieux. 2014 ne se présente pas du tout comme cela avec un hiver relativement doux. De ce fait, de bonnes perspectives sur les fruits à noyaux (pêche, abricot) sont entrevues. La région Rhône-Alpes entend bien asseoir sa position de leader pour ce qui concerne l’abricot avec l’ouverture de nouveaux marchés.

> La filière Rhône-alpine de la châtaigne a connu une avancée majeure en début d’année 2014 avec la reconnaissance de l’AOC châtaigne d’Ardèche en AOP. Cela va permettre de stabiliser la production. Le cynips inquiète avec une présence importante en région Rhône-Alpes.

> La région Rhône-Alpes, avec 2 952 producteurs bio en mai 2014, reste la première région en nombre de producteurs sur ce segment. Elle est en 4è position sur le critère des surfaces en bio et conversion puisqu’en Rhône-Alpes, les produits bio sont avant tout en légumes et fruits sur des petites surfaces. Le marché français des produits bio a augmenté de 8% en volume sur 2013.Il représente 2.5% du marché agroalimentaire national avec un CA de 4.5 milliards d’euros.

> Pour les grandes cultures d’hiver, 2014 s’oriente vers une année correcte même si les situations sont hétérogènes, en fonction des conditions de semis et de l’engorgement des sols en hiver. Globalement, les semis de maïs et de tournesol ont pu se réaliser dans de bonnes conditions à partir de fin mars. Début 2014, les cours français et mondiaux des céréales et oléagineux étaient en repli, dans la lignée du dernier trimestre 2013.

> La hausse de TVA au 1er janvier 2014 sur les produits de l’horticulture et de la pépinière, passée de 7% à 10%, a eu un impact négatif sur les achats (achat de végétaux de plus petite taille, réduction du nombre de plantes achetées …), fragilisant encore la filière, après les mauvaises conditions climatiques du printemps 2013. Seul le segment de marché des plants de légumes et des plantes aromatiques semble se maintenir.

> Le marché 2014 des plantes aromatiques et médicinales, que ce soit en huile essentielle ou en herboristerie sèche, semble porteur car la demande est forte et n’est pas satisfaite par les volumes actuels.

> Les surfaces contractualisées de tabac en Rhône-Alpes sont en recul de 10%. Cependant, les conditions météo favorables de ce début de printemps et la bonne disponibilité de plants devraient se traduire, au final, pas une moindre baisse des surfaces. L’augmentation attendue des prix commerciaux se confirme.

Tourisme et Emploi

> Avec 1.2 millions de nuitées en 2013, la fréquentation des gîtes de France en Rhône-Alpes est en hausse de 4%. Avec 200 000 emplois directs et indirects, 10 milliards d’euros de consommation touristique soit 7% du PIB régional, Rhône-Alpes est la deuxième destination touristique de France. Cependant, ce secteur est en pleine mutation. Les comportements changent, la demande évolue et l’offre touristique rhônalpine est affectée par plusieurs phénomènes : vieillissement des équipements, forte concurrence internationale, changements climatiques …

> Les indicateurs restent sur les mêmes tendances que les précédentes années, à savoir diminution progressive du nombre d’actifs non-salariés et augmentation du recours au salariat agricole. Dans le même temps, le nombre de personnes et de contrats diminue mais la durée moyenne des contrats de travail s’allonge. Ceci se traduit par un accroissement du nombre d’équivalent temps plein salariés (ETP) dans le secteur agricole.

L’activité des services de remplacement continue à se développer, tant du côté du nombre d’utilisateurs que du nombre de jours d’intervention. Ce développement est cependant grevé par des difficultés récurrentes des services à recruter des agents de remplacement en nombre correspondants à l’ensemble des besoins.

Charlotte Reynier-Poête

Gilbert

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