Belledonne : fortes interdépendances entre ville et montagne

Le projet de parc naturel régional de Belledonne recouvre un territoire varié au dénivelé important, depuis Grenoble jusqu’à son plus haut sommet à 3 000 mètres d’altitude. Le territoire tire profit de ces dynamiques urbaines par divers aspects – économiques notamment – mais doit parallèlement en maîtriser les effets.

Sa qualité environnementale aux portes de la ville en fait logiquement un espace convoité, pour l’habitat comme pour les loisirs. La population y a doublé en cinquante ans, sous l’effet du desserrement de l’agglomération grenobloise et dans une moindre mesure, de celle de Chambéry. L’usage du foncier constitue à ce titre une problématique locale majeure. Doté d’un complexe universitaire, le territoire attire de nombreux étudiants. La population active augmente, tout comme l’emploi, porté par le développement des activités présentielles.

Le projet de parc naturel régional de Belledonne recouvre un territoire varié au dénivelé important, depuis Grenoble jusqu’à son plus haut sommet à 3 000 mètres d’altitude. Le territoire tire profit de ces dynamiques urbaines par divers aspects – économiques notamment – mais doit parallèlement en maîtriser les effets. Sa qualité environnementale aux portes de la ville en fait logiquement un espace convoité, pour l’habitat comme pour les loisirs.

La population y a doublé en cinquante ans, sous l’effet du desserrement de l’agglomération grenobloise et dans une moindre mesure, de celle de Chambéry. L’usage du foncier constitue à ce titre une problématique locale majeure. Doté d’un complexe universitaire, le territoire attire de nombreux étudiants. La population active augmente, tout comme l’emploi, porté par le développement des activités présentielles.

Le massif de Belledonne est le chaînon le plus occidental de l’arc alpin. Il domine la vallée du Grésivaudan et compose l’arrière–plan naturel des deux agglomérations voisines, Grenoble et Chambéry. Son relief étagé est source d’une grande diversité : plaine, balcons, forêts et alpages se succèdent jusqu’aux hauts sommets culminant à près de 3 000 mètres. La chaîne de Belledonne est aussi parsemée de nombreux lacs d’altitude.

La protection et la valorisation de cette richesse patrimoniale fédère les acteurs locaux autour d’un projet de parc naturel régional (PNR). Composé de 85 communes, le périmètre à l’étude est délimité par cinq cours d’eau : l’Isère à l’ouest, la Romanche au sud, l’Eau d’Olle au sud–est, le Glandon à l’est et l’Arc au nord–est. Ce territoire fait l’objet de nombreuses mesures de protection au titre de sa valeur environnementale.

Les zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique, floristique (Znieff) couvrent davantage de superficie que dans la zone de référence (79 % contre 64 %), tout comme les schémas d’aménagement et de gestion des eaux (22 % contre 10 %). La pluviométrie abondante favorise l’exploitation de l’énergie. Près de Grenoble, La Combe–de–Lancey, site d’anciennes papeteries, a été l’un des berceaux de la houille blanche.

Un trait d’union entre ville et montagne

Le territoire rassemble une population de 158 000 habitants en 2011. Parmi les 85 communes qui le composent, 44 appartiennent au département de l’Isère et 41 à celui de la Savoie. Le massif formant une barrière naturelle, le périmètre n’inclut que partiellement les six intercommunalités couvrant le territoire. Outre des communes de montagne, le périmètre intègre une partie de la communauté d’agglomération de Grenoble–Alpes–Métropole ainsi que les fonds de vallée où se concentre la population.

De ce fait, la densité de population est trois fois supérieure à celle de la zone de référence (133 hab/km2 contre 42 hab/km2). La moitié des habitants réside dans la banlieue du pôle urbain de Grenoble, dont près du quart dans la seule commune de Saint–Martin-d’Hères. La couronne de l’aire urbaine grenobloise en abrite un autre quart. Seules quelques communes du territoire regroupant une faible part de la population (2 %) se placent hors de l’influence des villes.

La population a doublé depuis 1962

Sous l’effet du desserrement de l’agglomération de Grenoble et de celle de Chambéry, la population a doublé en cinquante ans.

Depuis 2006, la croissance démographique se poursuit à un rythme un peu plus rapide que dans la zone de référence (+ 1,0 % par an contre + 0,8 %). La densité augmente dans presque toutes les communes. La croissance est toutefois plus forte dans la partie savoyarde du territoire où elle se renouvelle surtout grâce à l’excédent des entrées sur les sorties. Dans sa partie iséroise, l’augmentation est essentiellement attribuable à un excédent naturel important, stable depuis vingt ans.

L’urbanisation s’applique sur un territoire très contraint et génère une pression foncière source de conflits pour l’usage des sols. Les acteurs locaux sont en outre soucieux d’en maîtriser le développement afin de préserver la richesse visuelle et patrimoniale du massif. Le PNR offre de ce point de vue un cadre pertinent pour traiter ces enjeux et promouvoir des politiques d’aménagement concertées.

Figure 3 - La population se concentre dans la vallée de l'Isère et sur les versants d'altitude peu élevée

Des conditions d’accès aux commerces et services globalement favorables

Compte tenu du profil urbain du territoire, le niveau d’équipement moyen des communes est plus élevé que celui de la zone de référence. La population est jeune : 61 % des habitants ont moins de 45 ans contre 54 % dans la zone de référence. L’excédent naturel élevé et les activités de montagne contribuent à l’implantation d’équipements et de métiers liés à la santé et à l’éducation (écoles maternelles, médecins, kinésithérapeutes, sages–femmes…). Certains équipements de sport et loisirs sont également bien présents, comme les salles ou terrains de sport spécialisés ou les magasins d’articles de sport et loisirs.

Pour tous les équipements ou presque, la population dans son ensemble est mieux desservie que celle de la zone de référence : 83 % des habitants résident en effet dans une commune pôle de services (contre 64 %). Pour autant, si l’on rapporte le nombre d’équipements à la population des communes, le territoire peut paraître légèrement sous–doté, notamment pour certains commerces et services les plus courants comme les commerces de bouche ou quelques services aux particuliers (maçon, restaurant, soins de beauté). Cela concerne aussi des équipements tels que les gendarmeries, vétérinaires, stations– service ou magasins de vêtements.

Néanmoins, l’accès aux équipements est plutôt facile : ceux–ci sont surtout situés dans les villes et les vallées, comme la population. En moyenne, les habitants de Belledonne mettent moitié moins de temps que ceux des autres PNR pour accéder aux équipements des différentes gammes. Beaucoup développent des habitudes d’achat et de consommation proches de leur lieu de travail.

Les temps d’accès s’allongent cependant dans les vallées encaissées du Haut–Bréda, du Glandon et des Huiles.

Le territoire crée des emplois

Depuis 2006, compte tenu de la dynamique démographique, le nombre d’actifs résidents a un peu plus augmenté dans le territoire que dans la zone de référence (+ 5 % contre + 4 %). Des emplois ont été créés (+ 3 %), alors que les effectifs ont stagné dans la zone de référence. Le déséquilibre entre actifs occupés et emplois, lié au caractère périurbain du territoire, s’est malgré tout légèrement accru entre 2006 et 2011 : le nombre d’emplois pour 100 actifs est passé de 80 à 78. Le solde des navettes s’est un peu dégradé (– 3 %).

En 2011, 41 000 actifs quittent quotidiennement le territoire pour aller travailler (soit 60 % des actifs résidents) tandis que 26 000 empruntent le chemin inverse (soit 48 % des emplois locaux). La plupart des sortants se rendent dans les grandes aires urbaines de Grenoble et de Chambéry. Au bilan des migrations alternantes, la première présente un solde excédentaire de 12 000 actifs, et la seconde de 2 600.

Ces mouvements génèrent des flux de circulation intenses en direction des pôles urbains, plaçant les liaisons entre montagne, ville et vallée au cœur des enjeux des politiques publiques locales en matière de transport et de mobilité durable. La promotion de modes de déplacement alternatifs à l’automobile individuelle pourrait en être un axe fort face au risque de congestion qui pèse sur certains axes routiers.

Compte tenu de la forte présence universitaire et d’activités métropolitaines supérieures, le territoire abrite une main–d’œuvre diplômée et une proportion importante de cadres. Ainsi, 21 % des actifs possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur long contre 16 % dans la zone de référence.

En lien avec la baisse de l’emploi dans les industries traditionnelles, le taux de chômage des hommes de 15 à 64 ans, au sens du recensement de la population, a nettement augmenté entre 2006 et 2011, passant de 6,8 % à 9,3 %. À l’inverse, la croissance de l’emploi dans le secteur tertiaire a contribué à l’amélioration de la situation des femmes sur le marché du travail : leur taux de chômage a diminué de 9,9 % à 9,5 %.

Les secteurs traditionnels de l’industrie en perte de vitesse

L’appareil productif repose avant tout sur le tertiaire, qui regroupe 76 % de l’emploi contre 67 % dans la zone de référence. Depuis 2006, sa croissance a été forte (+ 7 % contre + 6 %). Les effectifs de l’agriculture chutent lourdement (– 17 % contre – 3 %), tandis que ceux de l’industrie reculent de façon moins marquée (– 14 % contre – 17 %).

Les effectifs industriels diminuent dans les secteurs traditionnels du travail du bois et de l’industrie du papier (– 800 emplois) et de la métallurgie et fabrication de produits métalliques (– 600 emplois). En revanche, ils progressent dans les secteurs liés à l’hydroélectricité et à la gestion des eaux : la fabrication d’équipements électriques ainsi que la production et distribution d’électricité et d’eau emploient au total 450 personnes supplémentaires sur la période 2006–2011. Ces activités, qui valorisent des ressources naturelles, sont des spécificités fortes de la chaîne de Belledonne.

Employant chacune un peu moins de 2 000 salariés, la fabrication d’équipements électriques et celle de produits informatiques, électroniques et optiques sont bien implantées. Ces activités reposent sur la présence de deux entreprises phares : Schneider Electric Industries et Helwlett-Packard. Malgré des effectifs en baisse, le travail du bois et l’industrie du papier (1 250 salariés) gardent un ancrage historique sur le territoire, notamment sur la commune de La Rochette.

L’enseignement, premier employeur avec 9 000 salariés, rassemble 2,5 fois plus de salariés que dans la zone de référence. Les secteurs innovants du tertiaire sont également bien représentés avec l’ingénierie, le contrôle et l’analyse technique (1 250 salariés), la recherche–développement scientifique et les activités informatiques et services d’information (plus de 500 salariés chacun).

En termes de création d’emplois sur la période 2006–2011, l’action sociale (+ 1 000 salariés) et l’enseignement (+ 600 salariés) devancent l’hébergement-restauration et la santé. En revanche, les transports et l’entreposage ainsi que les arts, spectacles et activités récréatives voient leurs effectifs diminuer.

Une agriculture entre mutations et traditions

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L’activité agricole repose sur quelque 600 exploitations. Dans ce territoire au relief difficile, les exploitations agricoles individuelles sont un peu plus répandues que dans la zone de référence (87 % contre 83 %). La plupart perpétuent une spécialisation historique dans l’élevage (ovin, caprin et bovins viande), parfois en association avec de la polyculture. Les grandes cultures sont aussi présentes dans la vallée de l’Isère. L’extension du tissu urbain fragilise l’assise foncière agricole et la rentabilité de certaines exploitations. Aussi, de nombreux exploitants diversifient leur production et saisissent les opportunités de débouchés en circuits courts offertes par la proximité de grands bassins de consommation.

L’agriculture en Belledonne reste de type traditionnel et familial. Son faible poids dans la structure économique (1 % des emplois) n’est probablement pas à la mesure des enjeux dont elle est porteuse pour le PNR. Composante identitaire du parc, l’activité agricole joue en effet un rôle clé dans la préservation d’espaces remarquables via ses impacts paysagers. Elle contribue à la mise en valeur du cadre de vie et, indirectement, à l’attrait touristique du territoire.

Conscients de ces enjeux, les acteurs locaux œuvrent pour le maintien des pratiques pastorales. Entre 2000 et 2010, le nombre d’exploitations a baissé un peu plus fortement qu’ailleurs (– 35 % contre – 30 %). Avec le développement du pastoralisme, la surface agricole utilisée totale a toutefois légèrement augmenté entre 2000 et 2010 (+ 2 %), alors qu’elle a nettement diminué dans la zone de référence (– 9 %). Les alpages sont utilisés en grande partie par les éleveurs originaires du massif.

Haute montagne et thermalisme, supports d’un tourisme diversifié

La vocation touristique de Belledonne repose principalement sur l’activité de trois importantes stations d’altitude : Chamrousse, Les Sept Laux et Le Collet d’Allevard, qui constituent des destinations de prédilection des Grenoblois en saison hivernale. Ce tourisme de neige, sur lequel ne peuvent compter tous les PNR, permet d’assurer une présence touristique plus étalée dans le temps.

La montagne est par ailleurs largement fréquentée l’été, de manière plus diffuse le reste de l’année. Belledonne dispose d’une densité touristique importante par rapport à la zone de référence (46 lits/km2 contre 33 lits/km2). Quatre communes, Chamrousse, Les Adrets, Ferrière et Allevard, regroupent plus de la moitié de l’offre d’hébergement.

Le nombre important de résidences secondaires, qui constituent 90 % de la capacité d’accueil, est lié à l’altitude et au caractère sauvage de la chaîne de Belledonne, qu’aucune route ne traverse. Belledonne accueille aussi des curistes dans deux stations thermales, Allevard et Uriage–les–Bains, réputées pour les bienfaits de leurs eaux sulfureuses. Malgré la présence de ces sites, l’hôtellerie ne propose que 3 % de la capacité d’accueil totale.

Gilbert

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