L’agriculture en 2015


En 2015, la valeur de la production agricole, y compris subventions, se stabilise : la hausse des prix compense le repli des volumes. Les productions végétales et animales évoluent en sens inverse. La valeur de la production végétale augmente (+ 2,5 %), malgré le recul des volumes, tirée par un fort redressement des prix. En revanche, celle de la production animale se réduit (- 4,2 %) : la bonne tenue des volumes ne suffit pas à neutraliser la chute des prix.

Dans le même temps, les charges des agriculteurs diminuent, principalement en raison de la baisse du prix de l’énergie. Par conséquent, la valeur ajoutée de la branche agricole s’accroît. Les mesures d’aide mises en place pour faire face à une conjoncture particulière (crise de l’élevage et sécheresse de l’été) ainsi que la montée en charge du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi expliquent la croissance des subventions d’exploitation. L’emploi agricole continue par ailleurs à décroître. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif progresse de 3,8 %.

La valeur de la production agricole est quasi stable

En 2015, la valeur de la production de la branche agricole hors subventions sur les produits décroît très légèrement (- 0,2 % ). Celle de la production végétale poursuit sa progression (+ 2,5 %), tandis que celle de la production animale est en net repli (- 4,6 %). La production végétale est tirée par la remontée des prix suite à deux années de recul, tandis que son volume reflue. La situation sur le marché de la pomme de terre explique la plus grande part de ces évolutions . Pour la production animale, les mouvements sont inverses : hausse en volume et nette diminution des prix. Demande atone et excédents de production à l’échelle mondiale et communautaire caractérisent cette campagne. La baisse des prix est particulièrement sensible pour le lait, les porcins et les bovins. De toutes les productions animales, seuls les œufs se renchérissent.

Production végétale : la récolte reflue, les prix remontent

En volume, la production végétale recule de 3,6 % en 2015, après un bond en 2014. La production de plantes fourragères est déficitaire par rapport à 2014 : l’herbe et le maïs fourragers ont pâti de la sécheresse. Les récoltes de céréales sont globalement stables . Les rendements moyens sont à la hauteur de ceux de 2014 et les surfaces évoluent peu. Blé tendre, blé dur et orge ont bénéficié d’une météo favorable : un hiver doux suivi d’un printemps chaud et ensoleillé. A contrario, le développement du maïs a notablement souffert des épisodes de canicule et de sécheresse de l’été. La récolte d’oléagineux se replie. Celles de colza et de tournesol diminuent par rapport à l’abondante récolte de 2014, sous l’effet du recul conjugué des surfaces et des rendements, particulièrement dégradés par le manque de pluie estivale. Pour la betterave, la production se contracte ; la campagne précédente a permis la constitution de stocks importants, incitant les producteurs à réduire les surfaces pour la campagne 2015/2016. La récolte de fruits évolue peu et celle de légumes faiblit. Le volume de pommes de terre retrouve des valeurs plus habituelles après la production pléthorique de 2014. La production de vin en volume est dans l’ensemble en retrait cette année.

Le prix de la production végétale (hors subventions sur les produits) s’accroît de 6,3 %. Toutes les grandes catégories de productions sont concernées . Les fourrages renchérissent nettement. Le prix de la pomme de terre se redresse très fortement, en lien avec une offre moins abondante ; il s’était effondré en 2014, suite aux difficultés de commercialisation de l’excédent de production. L’offre en retrait pour le maïs et les oléagineux soutient leurs cours. Le prix du vin continue de croître : les vins d’appellation hors vins de Champagne ainsi que les vins de table et de pays bénéficient en particulier de la progression des exportations vers les pays tiers. Les cours des fruits augmentent nettement, la chaleur de l’été ayant stimulé la demande. La hausse est un peu moins marquée pour les légumes. Le prix de la betterave stagne après avoir chuté ces deux dernières années dans le sillage des cours du sucre. Au sein des céréales, la situation est contrastée : les prix du blé tendre et du blé dur sont sous la pression de l’abondance des disponibilités, à l’inverse de celui du maïs.

Production animale : volumes en hausse, prix en forte baisse

La production animale continue de croître en volume (+ 1,5 %). Pour les gros bovins, le volume de production accentue sa progression. Malgré des difficultés à l’exportation, celui des porcins augmente également, grâce à la hausse des abattages. La collecte de lait se maintient à un niveau élevé. Seule la production d’ovins-caprins se replie légèrement.

Le prix de la production animale (hors subventions) chute de 6 %. La baisse est commune à tous les produits, à l’exception des œufs pour lesquels l’assainissement du marché depuis 2013 se confirme. Le prix recule sensiblement pour le veau, qui pâtit d’une demande atone. Celui des porcins poursuit sa chute, en lien avec l’abondance de l’offre européenne et l’embargo sanitaire russe en place depuis début 2014. Le prix des volailles continue lui aussi à se replier. Celui du lait opère un décrochage : d’une part, les effets de l’embargo politique russe se font sentir ; d’autre part, l’offre croissante à l’échelle européenne, en particulier depuis la fin des quotas (avril), fait face à une demande en recul, notamment de la part de la Chine.

Le coût des intrants décroît

En 2015, la valeur des consommations intermédiaires diminue de 1,2 %. Leur volume s’infléchit de 2,0 % et leur prix moyen augmente légèrement (+ 0,8 %). Ce recul conforte celui de 2014, mais ne compense pas la hausse de la période 2010-2013. L’allègement de la facture s’explique par la nette réduction du montant des achats en énergie et lubrifiants et, dans une moindre mesure, de ceux en aliments pour animaux. La facture du poste « énergie et lubrifiants » décroît de 15,8 % en 2015, en raison du repli des prix des produits pétroliers. Elle n’est cependant pas revenue au niveau antérieur à la forte hausse de 2010-2013 (+ 59 % en 3 ans). Les dépenses en aliments pour animaux achetés en dehors de la branche agricole diminuent de 3,5 % en 2015, en raison essentiellement de la baisse des prix. Le prix des aliments pour l’allaitement se replie plus nettement (- 10,5 %) que celui des aliments composés (- 3,1 %). Globalement, les quantités consommées d’aliments composés varient peu ; elles refluent pour les bovins (- 3,3 %) et progressent pour les volailles (+ 2,0 %). Les dépenses en engrais et amendements fléchissent (- 1,0 %) sous l’effet d’un recul des volumes (- 1,3 %) et d’une faible variation des prix (+ 0,3 %). La charge en produits de protection des cultures est stable.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs poursuit sa hausse

Dans ce compte provisoire de l’agriculture, la valeur ajoutée brute de la branche agricole augmente en 2015 (+ 1,8 %), sous l’effet de la baisse des consommations intermédiaires (- 1,2 %) et de la stabilité de la production au prix de base (figures 2 et 5). En 2015, le montant total des subventions à la branche agriculture croît de 6,4 % et s’élève à 9,7 milliards d’euros. Les subventions d’exploitation (8,6 milliards d’euros) constituent désormais les principales aides directes à l’agriculture. En 2015, leur évolution s’explique principalement par les mesures liées à une conjoncture particulière : crise de l’élevage et sécheresse de l’été. Le plan de soutien à l’élevage se traduit par 175 millions d’euros d’aides supplémentaires aux éleveurs tandis que les indemnités au titre des calamités agricoles augmentent de près de 100 millions. Par ailleurs, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) poursuit sa progression : il est estimé à 330 millions contre 220 millions en 2014. Les subventions sur les produits s’accroissent de 90 millions d’euros.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) progresse de 2,9 %. Comme l’emploi agricole total diminue de 0,8 %, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif augmente un peu plus vite : + 3,8 % . En termes réels, elle s’accroît de 3,1 % en 2015 et retrouve le niveau de 2012 .

Les agrégats ci-dessus peuvent aussi être exprimés en net, après déduction de la consommation de capital fixe (- 0,9 % en 2015). La consommation de capital fixe évolue peu, mais a un poids important. De ce fait, les variations de la valeur ajoutée sont amplifiées si l’on en tient compte : la valeur ajoutée nette au coût des facteurs augmente de 4,6 % ; rapportée au nombre d’actifs, la hausse est de 5,5 %.

Depuis 2006, une forte restructuration des subventions, mais des montants globalement stables

L’année 2015 se caractérise par une nouvelle réforme de la Politique agricole commune (PAC) : une partie du paiement unique (2,2 milliards d’euros) est désormais conditionnée au respect de pratiques favorables à l’environnement (paiement vert) ; le paiement de base (4 milliards) ne représente plus que 47 % des subventions. La mise en place en 2006 du paiement unique a entraîné une baisse des subventions sur les produits au profit des subventions d’exploitation : jusqu’en 2014, ce paiement a représenté environ 80 % des subventions d’exploitation. Entre 2006 et 2014, le niveau global des subventions est resté relativement stable, les variations annuelles s’expliquant par des mesures conjoncturelles spécifiques. Cette stabilité survient après une hausse initiale marquée : plus de 20 % entre 2000 et 2003


Gilbert

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