Il y a quelques semaines, une manifestation contre le loup alliant de nombreux acteurs du Trièves faisait grand bruit. Se réunissant pour l’occasion, éleveurs, chasseurs et élus prenaient la peine d’arrêter les routiers, pour beaucoup sur le départ pour les vacances, pour leur expliquer toute l’ampleur de ce problème.
Yann Souriau, maire de Chichilianne, participait justement à l’évènement, nous l’avons rencontré pour avoir plus de détails sur les raisons et les suites de cette manifestation.
Il a été heureux de répondre à nos questions, car si la question du loup faisait polémique il y a encore peu de temps, il n’y a aujourd’hui plus lieu d’en débattre, nous explique-t-il.
Les conséquences sont devenues trop graves. De sa commune, un seul éleveur a échappé aux attaques, le compteur de bêtes tuées en Isère dépasse déjà la barre des 700 têtes.
Au delà de la réduction des troupeaux, il faut aussi tenir compte d’un effet de seuil des violences subies par les troupeaux qui les laissent en état de stress pour plusieurs années, amaigrissant et paniquant les bêtes.
Yann Souriau nous expliquait qu’on retrouve aujourd’hui des bêtes étouffées dans les filets suite à des crises de panique, ne portant aucune trace de morsure. C’est un fait, la situation des éleveurs ovins devient catastrophique, mais ils ne sont plus les seuls touchés par le loup.
Il est à noter qu’ils avaient fortement appuyé la manifestation ayant eu lieu début juillet, mais celle-ci n’était à l’origine pas de leur initiative. Ce sont les éleveurs de bovins qui ont en premier lancé le mouvement, car eux aussi sont désormais menacés.
M. le Maire nous rapporte qu’un veau de 110 kg aurait été traîné sur 5 mètres par toute une meute.
Beaucoup plus grave, un troupeau mis en panique se serait lancé hors de ses pâturages pour traverser la ville de Lans en Vercors, causant de gros dégâts matériels, mais heureusement aucun blessé. Il nous a également rapporté que des chiens de protection, rendus fous par le harcèlement des loups avaient attaqué une randonneuse de la commune de Chichilianne, le forçant à interdire l’accès aux sentiers de randonnées alors qu’on lui signalait deux cas similaires à Gap.
La situation actuelle pousse les éleveurs à abandonner les pâturages les plus éloignés, laissés en friche, et à devoir mettre en place des gardes éprouvantes pour surveiller constamment leur troupeaux faces aux attaques ayant lieu de jour comme de nuit.
Les loups, eux, commenceraient à s’installer en plaine, entres les communes et sont régulièrement vus sur les routes. Chichiliane a mis en place son propre « État d’urgence », rassemblant forestiers, éleveurs et chasseurs. Lorsqu’un loup est aperçu, chacun reçoit un sms d’alerte. Le système a été proposé aux communes environnante nous explique Yann Souriau.
Le problème rassemble les élus
Alors qu’une quinzaine de maires participaient à la manifestation du 18 Juillet, une réunion à la préfecture rassemblait le préfet, la direction départementale des territoires, la DREAL regionale, d’autres élus du Trièves, du plateau du Vercors et du Piemont, ainsi que le sénateur Michel Savin, la députée Marie-Noëlle Battistel, les vice-présidents départementaux et Jacques Adenot, président du parc du Vercors.
Le sujet majeur de cette réunion : la demande de la différenciation de la gestion de la question du loup pour le massif du Vercors. Autrement dit, l’autorisation de procéder à une régularisation de l’espèce pour en limiter la prolifération.
« Il faut complètement réviser les chiffres prévus sur l’évolution de cette affaire » nous explique le maire de Chichilianne « Aujourd’hui, malgré ce qu’on prévoyait et une certaine part de braconnage, la population de loup est en hausse de 20% par an ». Mais ce n’est pas le point qui permettrait aux éleveurs de définitivement faire valider leur point de vue aux yeux de tous. Yann Souriau nous révèle ensuite une information capitale.
Le loup n’est pas le loup qu’on croyait
Aujourd’hui parvienne les résultats provenant d’une trentaine d’analyses traitées par un grand laboratoire européen, et les résultats sont unanimes.
« On s’aperçoit qu’on a pas affaire au loup qu’on voulait réintroduire, mais à une race hybride à 60% chien ». L’information, qui doit encore attendre de nouvelles analyses pour être définitivement validée montrerait donc tout l’échec de la politique de la réintroduction du loup dans les Alpes, supplanté donc par des chiens-loups sauvages fortement dangereux pour l’activité humaine.
Pire encore, les rares traces de loups retrouvées montrent qu’on aurait plutôt affaire à des loups venus de plus loin en Europe qu’à l’espèce « réimplantée » dans notre région.
« Aujourd’hui, on a non seulement l’appui des populations locales et des élus, mais également des scientifiques qui confirment notre point de vue. Même les écologistes sont bien moins véhéments face à la réalité des problèmes engendrés par cette action » Conclu le maire.
Il précise que l’idée d’origine de réintroduire le loup n’a jamais été attaquée par les éleveurs, qui ont plutôt mis en cause la méthode. Et même aujourd’hui, l’extinction de l’espèce n’est pas souhaitée. Ils ne demandent que le droit de lancer une campagne de régulation pour que les pâturages et les troupeaux puissent revenir à la paix.
Paul Savary