prospective “Agriculture 2013″

Le 18 septembre 2007, Marion Guillou, présidente de l’INRA, René Carron, président de Crédit Agricole S.A.et Jean-Luc Baucherel, président de Groupama, ont présenté les premiers résultats de la prospective « Agriculture 2013″

L’objet de cette prospective est d’analyser les conséquences de différents scénarios d’évolution de l’agriculture française et européenne. Ceci dans un contexte mondial marqué par des incertitudes quant à la croissance économique, la demande en produits agricoles à des fins alimentaires et non alimentaires, la montée en puissance des préoccupations environnementales, le futur de la PAC, l’issue des négociations commerciales du cycle de Doha, etc.

Selon Marion Guillou : « Cette prospective montre que l’agriculture française et européenne de l’après-2013 dépend de nombreux facteurs aux influences potentiellement contradictoires ; croissance économique, développement des biocarburants, réglementations environnementales, évolution de la PAC, issue des négociations du cycle de Doha, etc. »

Associant analyses quantitatives et qualitatives, la prospective apporte un éclairage sur les rôles respectifs de ces facteurs.

Ainsi, le défi de la politique européenne pour l’avenir portera autant sur la stabilisation des prix et des revenus que sur l’environnement et le maintien d’activités dans les zones défavorisées».

Selon René Carron : « Il nous faut savoir anticiper les changements, apprécier les conséquences qu’ils auront sur notre environnement immédiat et nous préparer à agir ou réagir en conséquence. Cette attitude responsable s’impose pour toutes les composantes de notre société, qu’elles soient d’ordre économique, social ou environnemental. »

Jean-Luc Baucherel ajoute que : « La France devra faire des propositions pour l’échéance de 2013, et dès l’an prochain avec le bilan de santé. Elles devront être suffisamment solides, cohérentes et partagées pour faire autorité à Bruxelles et pour construire les indispensables alliances au sein de l’UE.

Ne pas subir l’avenir, c’est le prévoir ; faire l’avenir, c’est faire les choix courageux qui s’imposent et qui résultent d’une vision partagée. »

En pratique, un comité d’experts a établi différentes hypothèses d’évolution pour chacun de ces facteurs ; il a ensuite défini les scénarios qui se présentent comme des combinaisons d’hypothèses d’évolution pour chaque facteur. Les effets des scénarios ont été analysés à partir de modèles économiques de simulation de l’INRA, et de panels de spécialistes.

Trois familles de scénarios ont été construites.

Scénario I, dit « le pas »
– Hypothèses : sous l’influence d’un environnement géopolitique perturbé, la croissance économique mondiale est ralentie et les réglementations environnementales n’évoluent pas. La PAC (Politique Agricole Commune) est inchangée, mais l’UE (Union Européenne) développe les utilisations des biocarburants de première génération.

L’issue des négociations multilatérales du cycle de Doha est incertaine.

– Résultats : Dans un régime de croissance économique mondiale ralentie et à PAC inchangée, l’avenir des secteurs céréaliers et oléagineux dans l’UE dépend très fortement de la politique communautaire (et de sa traduction concrète dans les Etats membres) en matière de promotion des usages des biocarburants de première génération ; l’avenir des productions animales quant à lui est très dépendant des politiques aux frontières européennes, d’abord en termes de droits de douane à l’importation, mais aussi, dans le cas du lait et des produits laitiers, en matière de subventions aux exportations.

Scénario II, dit « le trot »
– Hypothèses : la croissance économique mondiale se poursuit selon les tendances actuelles. Les réglementations environnementales sont plus sévères. L’UE développe les utilisations de biocarburants de première génération. et met en œuvre une réforme en profondeur de la PAC. Cette réforme peut éventuellement conserver des outils de régulation des productions herbivores du fait de leur rôle territorial.

L’issue des négociations du cycle de Doha est incertaine.

– Résultats : dans un régime de croissance économique tendancielle, la suppression des instruments de régulation des marchés communautaires des productions herbivores (primes animales, quotas laitiers, aides à l’écoulement sur le marché intérieur et les marchés internationaux) a un impact négatif sur ces productions, impact négatif aggravé s’il y a en outre accord multilatéral à l’OMC. Dans la mesure où le maintien de ces outils de régulation ne permettrait que partiellement de compenser les effets contraires de la baisse des droits de douane et de la suppression des restitutions impliquées par l’accord multilatéral, se pose la question de la définition d’instruments efficaces de soutien aux productions animales (vaches, moutons). Une politique agro-environnementale peut alors viser le maintien d’élevage extensif en zones défavorisées.

Scénario III, dit « le galop »
– Hypothèses : la croissance économique mondiale est renforcée, y compris dans l’UE. La demande solvable en produits agricoles est soutenue, portée par l’augmentation des utilisations alimentaires, relayée par le développement des biocarburants. Les préoccupations en matière d’environnement demeurent, mais elles sont d’ordre second relativement à la question de l’approvisionnement alimentaire.

LA PAC est réformée en profondeur et le cycle de Doha se conclut par un accord.

– Résultats : le renforcement de la croissance économique a un impact positif sur l’agriculture communautaire et française. Cet impact est toutefois inégal selon les productions et les secteurs : il est très positif pour les céréales et les oléagineux, positif pour le lait et la viande bovine, mais faiblement positif pour les viandes porcine et de volaille, les élevages de moutons et de chèvres.

En conclusion

Croissance, environnement, biocarburants, négociations commerciales : un contexte déterminant pour repenser la Politique Agricole Commune et assurer l’avenir de notre agriculture

Gilbert

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