Les réactions au Grenelle de l’Environnement

Le Grenelle de l’Environnement, lancé le 28 septembre, s’est terminé hier soir avec l’intervention du président de la République. Cet événement a réuni pour la première fois, sous la houlette de Jean-Louis Borloo, Dominique Bussereau et Nathalie Kosciusko-Morizet, l’Etat et les représentants de la société civile. Objectif: définir une feuille de route en faveur de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables. Premières réactions.

FNSEA: « Quand la bonne volonté des uns…rejoint celle des autres »

« La dernière ligne droite du  » Grenelle de l’environnement  » vient de se terminer avec le discours de Nicolas Sarkozy. La FNSEA tient à saluer le travail de fond opéré durant 4 mois par l’ensemble des groupes de travail. Les échanges et le dialogue ont permis aux points de vue de se rapprocher et aux désaccords d’être expliqués… et respectés. Le  » Grenelle  » inscrit l’agriculture dans une dynamique environnementale qui montre à tous les efforts accomplis et les progrès à réaliser. Pour autant l’entreprise agricole est respectée et la prise en compte des contraintes d’exploitation également. N’oublions pas que l’agriculture française, évoluant dans l’Europe, doit rester compétitive pour produire et nourrir le monde. C’est sa vocation première.
Les bonnes volontés ont gagné. L’environnement s’inscrit dans le domaine du possible en repoussant excès et démagogie. La FNSEA entend continuer à proposer jusqu’à la mise en œuvre effective du  » Grenelle  » pour que l’on puisse être fier d’une agriculture performante, créatrice d’emplois, de richesses, respectueuse de l’environnement et que soient respectés les obligations et rythmes de nos travaux quotidiens ».

La Confédération paysanne « perplexe face à un double langage »

« À la sortie de la table ronde sur les OGM, des dissonances importantes se font jour. Devant les négociateurs, la clause de sauvegarde avait été actée par Jean-Louis Borloo, clause de sauvegarde qui est synonyme de moratoire sur le maïs OGM Mon 810. Mais à l’extérieur, la communication est toute autre.Devant les micros, le ministre n’a évoqué qu’un gel des semis jusqu’en janvier, dont il dit lui-même qu’il n’a aucune portée concrète. Nous attendons une clarification du Président de la République par l’annonce d’un moratoire conforme au contenu de la concertation.
La Confédération paysanne regrette une mise en scène de la communication qui laisse douter d’une issue cohérente à ce Grenelle. Dans ce Grenelle, il est aussi question de « démocratie écologique », c’est ici et maintenant qu’on en jugera ».

La Coordination rurale : « Un déni du pluralisme et une occasion manquée »

« Le Grenelle de l’environnement se voulait un grand exercice de démocratie participative. Il s’achève malheureusement par un déni du pluralisme syndical. La Coordination Rurale, second syndicat agricole métropolitain, qui n’avait déjà été admise que dans un groupe sur six au niveau national, s’est vue écartée de la table ronde finale, malgré ses demandes au plus haut niveau. On peut, au passage, se poser la question de la réelle représentativité de tous les participants à ce grand rassemblement.
Ainsi, tous les agriculteurs ont vu leurs convictions exprimées de manière déformée par une seule organisation, pro-OGM, relais de l’industrie des produits phytosanitaires et des semenciers. C’est sans doute ce qui explique que les propositions de bon sens émises par d’autres organisations syndicales aient été rejetées, alors qu’elles étaient pourtant simples et peu coûteuses à mettre en œuvre.
La question de la production alimentaire pour une population mondiale croissante est restée à la marge, alors qu’elle aurait dû être placée au centre des préoccupations, dans le contexte actuel de baisse des disponibilités en terres et en énergie. On a tout simplement l’air d’oublier que les stocks mondiaux de céréales sont au plus bas et qu’il y a eu déjà cet été des alertes sur les livraisons de lait et de ses produits dérivés. La CR considère ce Grenelle de l’environnement comme une occasion manquée de répondre aux grands défis du XXIe siècle.
Profondément déçue, la CR craint fort que les Assises de l’Agriculture qui ont commencé n’aient pas plus d’ambition et de vision prospective ».

Yann Wehrling pour Les Verts: « L’enthousiasme doit être prudent »

L’ensemble des mesures proposées par Nicolas Sarkozy sont séduisantes… à condition qu’elles soient mises en œuvre. En matière d’écologie, au-delà des mots, seuls comptent les actes. Jacques Chirac nous a déjà bercé voilà 5 ans avec une sérénade écolo, avec l’absence de résultats que l’on sait. Le Grenelle de l’environnement n’est pas fini. Il commence à peine.
La moulinette parlementaire va se mettre en branle, avec une majorité UMP qui a déjà émis des réserves et dont la proximité avec les lobbies des pollueurs est une réalité objective. La moulinette administrative, celle des grands corps dont on connaît la capacité à être des freins puissants aux progrès environnementaux, va entrer en action dès demain. Quelles ressources financières va-t-on mobiliser, alors même que l’Etat se retrouve pieds et poings liés à cause des 15 milliards d’euros offerts chaque années aux plus privilégiés de notre pays ?
Déjà, on peut voir pendre certains fils qui pourraient permettre de détricoter des mesures importantes.En matière de nucléaire, la transparence annoncée pourrait être facilement contournée par une interprétation étroite des principes restrictifs de sécurité d’Etat ou de secret industriel ? En matière de pesticides, à quel horizon et comment va-t-on diviser par deux leur utilisation, alors même que leur puissance et leur toxicité s’accroît chaque année ? En matière de logement, 10 milliards d’euros par ans seront nécessaires. Où sera pris cet argent ? On peut se réjouir que le Grenelle soit l’occasion de rattraper de façon tonitruante les obligations légales européennes que le France s’emploie à ne pas respecter depuis des années.
Souhaitons seulement que toutes ces mesures cruellement nécessaires ne soient pas victimes du syndrome de la loi sur le droit au logement – une belle annonce, puis une mesure concrète vidée de sa substance ».

Gilbert

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