L’Observatoire des résidus de pesticides (ORP) dont la coordination technique et scientifique est assurée par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) étudie la cancérogénicité de ces produits sur la population des agriculteurs. Une vaste étude, baptisée Agrican (Agriculture et Cancers) est en cours et les premiers résultats devraient être connus fin 2009.
L’ORP souligne que chez les agriculteurs, malgré une espérance de vie plutôt supérieure à la moyenne du fait d’une sous-mortalité par maladies cardiovasculaires et par cancer en général, il semblerait que la mortalité et l’incidence de certains types de cancers soient augmentées. Il s’agirait en général de cancers peu fréquents voire rares tels que les cancers des lèvres, des ovaires, du cerveau ou de la peau.
Une association significative avec l’utilisation des pesticides a été retrouvée par certains auteurs pour certaines localisations tumorales. Toutefois, il n’est pas exclu que d’autres facteurs de risque, présents en milieu agricole, puissent jouer un rôle dans les associations trouvées tel le tabagisme (cancer des lèvres), le rayonnement solaire (cancer des lèvres, mélanome), l’alimentation (cancers de la prostate, de l’estomac), des virus (lymphomes, cancer de la prostate, myélomes…). Les études mettant en cause certaines classes spécifiques de produits sont très rares.
Un accroissement du risque de cancer chez les enfants exposés à des pesticides avant la naissance ou pendant l’enfance est souvent évoqué. L’exposition pourrait provenir du travail agricole des parents ou de contaminations domestiques de l’habitat ou de l’alimentation. L’exposition des enfants aux pesticides a été le plus souvent associée aux tumeurs cérébrales et aux leucémies.
Malgré cela, il n’existe aujourd’hui aucun consensus sur l’existence d’une augmentation du risque de cancer, en particulier en raison des incertitudes liées à la détermination des expositions aux pesticides et du manque de données expérimentales sur les mécanismes biologiques impliqués.
Etude Agrican: l’Isère concernée
Agrican est une vaste étude qui permettra de connaitre le risque de cancer en milieu agricole en France. Cette étude concerne les personnes affiliées à la Mutualité Sociale Agricole (MSA) des départements couverts par un ou plusieurs registres des cancers. Elle est coordonnée par le GRECAN (Groupe régional d’études sur le cancer) de Caen, en partenariat avec le LSTE (Laboratoire santé, travail et environnement) de Bordeaux, les registres des cancers et la MSA.
Il s’agit d’une enquête de cohorte qui permettra l’inclusion par un questionnaire et le suivi de la population agricole en activité ou à la retraite résidant dans douze départements français , dont l’Isère, disposant d’un enregistrement continu et exhaustif des cancers. La première phase, qui a débuté en septembre 2005, a consisté en l’envoi d’un questionnaire à plus de 600 000 personnes.
Les premiers résultats pourraient être disponibles dès la fin 2009 sur le rôle de certains facteurs professionnels (viticulture, céréales, utilisation de pesticides…) dans la survenue des cancers les plus fréquents (cancers du sein, de la prostate…). Un suivi plus long sera nécessaire pour les cancers les moins fréquents et les activités agricoles les plus rares.
source ORP