Ecorces, délignures, chutes de tronçonnage, plaquettes, sciures, représentent des volumes importants, évalués à 17 000 t/an (étude Créabois) dans le massif de Chartreuse. Tous ces produits connexes générés par la première transformation du bois doivent être régulièrement écoulés, faute de capacités de stockage. Cette biomasse forestière constitue une énergie renouvelable dont la demande ne fait que croître en France. En Isère, le nombre de chaufferies automatiques au bois, individuelles ou en collectif privé, est passé de 0 en 1996 à plus de 700 en 2007. La filière bois-énergie monte en puissance, s’équipe en conséquence, créée des emplois. Le conditionnement des produits (tri, broyage, calibrage, stockage abrité) entraîne des investissements non négligeables mais qui permettent de compter sur une valorisation égale à 10% du chiffre d’affaires d’une scierie.
Le bois sous forme de « plaquettes » (photo AGEDEN): la plaquette est le produit du broyage de chutes de bois massif
En Chartreuse, la proximité d’unités papetières, notamment la cartonnerie Cascades de La Rochette offre une possibilité de valorisation moyennant le respect d’un cahier des charges rigoureux. Ce débouché concerne aussi bien les fagots de délignures et les plaquettes de sapin et d’épicea pour la fabrication de la pâte mécanique destinée à la fabrication de carton, que les écorces alimentant la chaudière à vapeur pour le séchage et la production d’électricité par cogénération.
La SARL Chartreuse-Energie, à Saint-Pierre-d’Entremont (Isère), alimente le réseau chaleur de Saint-Pierre-d’Entremont ainsi que le Centre de séchage bois de Chartreuse (voir articles précédents). Elle s’approvisionne majoritairement en bois de rebut industriel (2500t/an).
Une plus large valorisation de cette biomasse, source potentielle d’emplois nouveaux à l’échelle du territoire, est au programme de la Chartreuse. Il s’agit d’un projet d’ampleur (budget de 4 400 000€) porté conjointement par le Parc et le Pays Voironnais, qui prévoit entre autres la création de trois plateformes de production et stockage de plaquettes à Saint-Thibaud-de-Couz (Savoie). Un autre projet, porté par des investisseurs privés, est également en cours: il s’agit d’une unité de production de granulés (« pellets ») .
Granulés bois ou « pellets » (photo AGEDEN): le granulé est un combustible composé de sciure compressée
Plaquettes et granulés
La plaquette, moins coûteuse en investissements mais plus volumineuse en stockage, est parfaitement adaptée à la filière locale alors que le granulé implique une filière industrielle. La production française 2006 de granulés bois est de l’ordre de 70 000t et l’on évalue les besoins à 500 000t. Ce qui peut expliquer le nombre important de projets, privés ou publics, en cours. En Isère, au Cheylas (Grésivaudan), la SA Bois du Dauphiné, projette la construction d’une unite de production plaquettes et granulés sur un espace voisin de de la scierie, qui devrait voir le jour en 2009.
En ce qui concerne le projet granulés bois en Chartreuse, on devrait très vite être fixé, comme le précise Sylvain Ougier, animateur du pôle forêt-bois au PNR Chartreuse: »Nous avons beaucoup travaillé sur ce dossier. Les services techniques ont fait leur travail et fourni la matière première nécessaire. La balle est maintenant dans le camp des investisseurs privés. Une décision devrait être prise fin mars ».
Avantages et inconvénients du granulé bois? Sylvain Ougier: « C’est un produit très fluide, compact, stable, qui a le confort du fioul mais dont le bilan énergétique est en dessous de celui de la plaquette. En outre, il nécessite de grosses infrastructures. D’où l’obligation de créer du circuit court, de faire des économies de transport ».
Ce qui retarde en partie la valorisation de cette biomasse forestière, jusqu’à présent, ce sont les coûts de mobilisation des bois en raison des contraintes topographiques et de l’insuffisance de la desserte. Sylvain Ougier soulignait dernièrement qu’il manquait environ 300 km de desserte sur le massif de la Chartreuse.