Aux origines du pastoralisme

Une exposition intitulée Premiers bergers des Alpes -de la préhistoire à l’Antiquité- s’ouvre aujourd’hui au Musée dauphinois de Grenoble, où l’on pourra la visiter jusqu’au 30 juin. À l’aide des données archéologiques les plus récentes, cette exposition tente de répondre à la question de savoir quand et comment les premiers éleveurs apparaissent dans les Alpes. Des Monts Zagros aux hauts plateaux du Vercors, on prendra de la hauteur pour fouler les grands espaces d’altitude sur la piste des troupeaux et de leurs bergers…

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Sur l’alpage de Sornin- Vercors- XXIe siècle- (Photo Fédération des alpages de l’Isère)

L’exposition Premiers bergers des Alpes pourrait bien faire tomber quelques idées reçues. Ainsi, les animaux de nos alpages ne seraient pas originaires des Alpes, ni même d’Europe. Mais ils seraient arrivés sur notre territoire, déjà domestiqués, accompagnant des populations humaines venues du Proche Orient…

L’exposition nous conduit vers des contrées très lointaines, exactement au sein du croissant fertile, sur les rives du Tigre, du Jourdain et de l’Euphrate. Il y a près de 15 000 ans, au moment du dernier réchauffement climatique, des hommes qui vivaient là depuis des millénaires en nomades collecteurs, subsistant de la chasse, de la pêche et de la cueillette vont, en l’espace de 4000 ans, construire des villages en dur, pratiquer l’agriculture et enfin domestiquer les premiers animaux de rapport (chèvres, moutons, vaches). Ces bouleversements qui ont porté le nom de « Révolution néolithique » provoquent une transformation radicale des mentalités et des façons de vivre au sein de l’environnement.

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Ces populations vont progressivement se déplacer vers l’Europe de l’ouest, au nord par la plaine du Danube, au sud le long des rives méditerranéennes et diffuser sur leur chemin plantes, animaux, céramiques et pratiques culturelles. C’est ainsi qu’elles rencontrent, en Europe de l’ouest, vers 5500 ans avant J.-C., les populations locales de chasseurs-cueilleurs. Ces dernières semblent continuer de circuler à la manière de pasteurs nomades, avec leurs troupeaux, évoluant à différentes altitudes et sur tout leur territoire en fonction de leur calendrier culturel. Les grottes sont utilisées comme bergeries saisonnières et forment les relais de ce réseau pastoral.

La révolution néolithique ne serait donc pas linéaire, ni la sédentarisation caractérisant cette période jusqu’à maintenant, systématique, tout du moins au Néolithique moyen. Ce n’est qu’à l’Age des Métaux que s’implantent dans les plaines et de manière globale des groupements d’habitations, signes que les populations se fixent. En altitude, on aménage des bâtiments dédiés à l’élevage dont les ruines sont encore visibles aujourd’hui dans le Vercors ou en Chartreuse.

Poser la question des origines du pastoralisme revient à interroger notre rapport à l’environnement. Et à mettre en évidence comment, des débuts de la domestication, il y a 10 000 ans, à l’Antiquité, des savoir faire pastoraux se sont diffusés et transmis pour constituer aujourd’hui les paysages et les fondements de l’identité alpine.

Gilbert

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