Serge Papagalli fait l’artiste depuis quelques décennies (en gros), entouré la plupart du temps d’une bande de comédiens natifs du Dauphiné exclusivement. Et personne ne s’en plaint. C’est d’ailleurs pour ça qu’il remet le couvert. Régulièrement. Mais pour son dernier spectacle en date, « Manger pour ne rien dire », il a fait le choix d’être seul sur les planches.
Pas tant pour sacrifier à la mode du stand up, cette nouvelle discipline sportive où le comédien –plutôt jeune- arpente les planches en disant ce qu’il a sur le cœur et en interpellant l’assistance, que pour se lancer un nouveau défi et y laisser à l’occasion quelques kilos.

(photo papagalli.fr)
Il ne s’agit pas, à son âge respectable, de rivaliser avec la jeune génération. Non. Mais il ne s’avoue pas vaincu. Serge Papagalli, dont la sagesse a pris du poids, s’offre tout simplement une chaire. Une chaire de philosophie diététique ou éventuellement d’anthropologie du goût. Avec un chouilla de musicologie, le tout délicatement arrosé de sauce à la viande (préparée la veille).
L’homme ne part pas à l’aventure. C’est un domaine qu’il connaît sur le bout des doigts et depuis des lustres. Si on l’écoute bien, ça remonterait à l’enfance, quand sa maman, tendant le doigt en direction d’une assiette d’épinards mal dégrossis avec un œuf au milieu, lui disait : « Tais-toi et mange !».
Pour ce one man show, Serge Papagalli, préoccupé plus que jamais par la balance qui affiche un chiffre à trois nombres, quand par mégarde il monte dessus, a fait un véritable travail encyclopédique: il a épluché les magazines Santé, analysé par le menu les revues de médecine par les plantes, consulté les courbes démographiques.
Pour nous, à son corps défendant, il a personnellement testé la tartiflette, le Mac Do, la saucisse de Francfort (qu’il imite à merveille, le bougre!). Et il nous livre sans détour son sentiment sur les nourritures terrestres, la faim dans le monde, le face à face avec le miroir. Sa conclusion est terrible et irrévocable : « On va mourir ».
C’est un point de vue que partagent un certain nombre de philosophes, même au-delà du Dauphiné. Pour sa part, Serge Papagalli argumente, cite des références, invoque des statistiques, hurle (pour les durs d’oreille fauchés du fond de la salle) qu’il y aura 12 milliards de bouches à nourrir à la fin du siècle .
Et tout bien pesé, après avoir retourné ces ingrédients épidémiologiques dans tous les sens, le spectateur est en droit de se demander si ce n’est pas la diète que prône le Pr Papagalli du haut de sa chaire en planches. Il faut avouer qu’on a du mal à admettre cette thèse pour la simple raison qu’il était la tête d’affiche de la fête de la truffe, récemment à Uriage. Nous avons un témoin. Et il serait candidat au jeûne et à l’ascèse ?
Que nenni ! Il ne faut voir dans ces paradoxes qu’une figure de style chère au professeur qui , d’ailleurs, oublie volontiers ses prétendues angoisses métaphysiques pour chanter à tue tête les louanges de la sauce bolognaise sur un air de Vivaldi. Lui, bégueule ? Allons ! On n’est pas des quand même, comme il l’a si judicieusement écrit dans ses œuvres complètes.
En sortant de la salle, vous aurez un petit creux à l’estomac. Une fois attablé, les interrogations philosophiques du professeur referont surface: Comment peut-on ? Qu’y peut-on ? Mute t-on ? Où va le monde ? La qualité remplit-elle mieux le vide que la quantité ? Le silence est-il vraiment nourrissant ? Et vous direz en votre for intérieur et en reprenant des pâtes: Merci, professeur Papagalli.
Le programme de sa tournée en Nord-Isère
– Le 13 février à Saint Geoire-en-Valdaine. Renseignements et Réservations : 06 83 56 12 06
– Le 14 février au Péage-de-Roussillon. Renseignements et Réservations : 04 74 86 72 07
– Le 20 février à Voreppe
– Le 21 février à Colombe. Renseignements et Réservations : Mairie 04 76 55 81 98
– Le 27 février à La Verpillière. Renseignements et Réservations : 04 26 38 40 26
– Le 28 février à Domène
Pour infos complémentaires: papagalli.fr

