Le SCOT doit prendre de la hauteur

Aurait-on oublié la montagne ? C’est la question de fond qui était au cœur de la conférence-débat organisée autour du SCOT mardi 8 septembre à la Maison des associations de Grenoble.

Gre haut et basUne soirée qui s’inscrivait dans la démarche « Pour un SCOT participatif avec les habitants, pour les habitants » et à laquelle participaient José Varela, président de LAHGLOO (les associations d’habitants du grand Grenoble), Alexandre Mignotte (CIPRA)(1), Gilles Strappazzon, conseiller général de l’Isère et pilote du CDRA Alpes Sud Isère, Jean-Pierre Nicollet (Parc national des Ecrins), Yves Raffin, directeur de la FAI, Jean Picchioni, président Espace Belledonne, Roger Caracache, ancien maire du Sappey-en-Chartreuse, vice-président du PNR Chartreuse, Jacqueline Rebuffet, agricultrice à Laval, (ADABEL), Anne Benoit-Janin (Les Antennes de Grenoble), Olivier Turquin (IGA).

Pour rappel : le schéma de cohérence territoriale (SCOT) est le document de planification appelé à remplacer d’ici  2011 l’actuel Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU). Chez nous, à l’échelle de la région urbaine grenobloise, le SCOT concerne six secteurs : l’agglomération grenobloise, la Bièvre Valloire, le Grésivaudan, le Sud, le Voironnais et le Sud Grésivaudan.

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Les interrogations ne manquent pas. Comment s’inscrivent les espaces montagnards et leur économie ( agriculture, sylviculture, pastoralisme, tourisme, notamment) dans cette vaste recomposition administrative du territoire? Quelles solidarités entre le bas et le haut ?  Où s’arrête le périurbain ? Les habitants ont-ils leur mot à dire ?  Le foncier agricole sera t-il préservé ? (2) Ceux qui travaillent en montagne peuvent-ils espérer trouver de quoi se loger sur place ? Comment s’articulent la charte d’un PNR et le SCOT ? La montagne n’est-elle perçue que comme un décor par les urbains ? (3)

Quelques propos glanés au fil des interventions:

Alexandre Mignotte : « On constate sur l’Isère que le portage politique de cette dimension montagnarde est faible, voire inexistant. Alors que la région de Chambéry s’en préoccupe beaucoup plus. Relier le haut et le bas, cela devrait être une problématique panalpine. Les Suisses l’ont fait, notamment en matière de transport. La desserte par un moyen de transport en commun (rail ou route), du plus petit village est un droit inscrit dans leur Constitution ».

Roger Caracache : « Soit on va vers la résidentialisation (des communes de montagne- NDLR) et la prolifération d’allées de tuyas dans le paysage -et c’est le scénario qui semble privilégié- soit on joue sur l’échange et la participation. Nous penchons pour le second scénario. Notre souhait est que le Sappey soit une station de proximité sociale, desservie par cars. Nous avons négocié deux ans avec la Metro sur ce projet. En vain. Idem pour la construction de logements sociaux. Sept ans de lutte et toujours rien ! Bref, je suis assez pessimiste sur les solidarités ville/montagne. Je constate que l’assiette fiscale et l’électorat décident de tout ! »

Jacqueline Rebuffet : » En 30 ans, l’agriculture de Belledonne a perdu environ 90ha/an. Les producteurs manquent de foncier agricole. Nous souhaitons que le SCOT aille dans ce sens et que les terres préservées ne puissent avoir une autre destination ».

Claude Blanc-Coquand, maire de Sainte-Agnès, agriculteur : « L’aménagement du territoire, c’est une foutaise !J’en entends parler depuis 50 ans. Et il faut toujours 1h et quart pour descendre de Sainte-Agnès ! ».

Le développement du transport téléporté fait partie des pistes évoquées dans la perspective d’une recherche d’équilibre entre ville et montagne. Alexandre Mignotte a cité l’exemple de la ville de Bolzano (sud Tyrol) où un village dont la situation comparable à celle de Lans-en-Vercors par rapport à Grenoble, est relié par câble au centre-ville, 7 jours/7, avec des départs toutes les 5 minutes.

Gilles Strappazzon : « En 2009, 58% de la population active du pays vizillois travaillent dans l’agglomération grenobloise. Notre dépendance vis-à-vis de la métropole s’accroît. En ce qui concerne la solidarité, je dois dire qu’elle a joué pleinement en ce qui concerne les risques naturels (Ruines de Séchilienne- NDLR), pris en charge à 80% par le Département ».

Même si la solidarité départementale existe, comme le souligne Gilles Strappazzon, pas mal de critiques, donc, sur le fond, vis-à-vis du SCOT qui a  pourtant le développement durable pour règle d’or. Beaucoup s’étonnent qu’une ville qui se targue d’être « la capitale des Alpes » manifeste si peu d’égards pour les massifs qui l’environnent, ceux qui y travaillent et y vivent, ceux qui y vivent et travaillent en bas, ceux qui y travaillent et vivent en bas (c’est le cas de deux employés communaux du Sappey).

Un sentiment partagé se dégage: « La montagne ne doit pas être qu’un prétexte, une belle image que les élus ou le monde économique utilise à des fins de marketing. Les problématiques posées doivent être portées de façon transversale dans toutes les politiques publiques, qui risquent sinon, de scier la branche sur laquelle on est ».

Dans la salle, un spectateur souligne qu’ « une mobilisation des habitants est nécessaire pour maintenir, dans les zones rurales ou périurbaines, des commerces et des services ».

Un autre met en avant le fait que « la péréquation locale n’existe pas, qu’il serait souhaitable qu’une partie de la taxe professionnelle bénéficie aux salariés qui viennent travailler en montagne ».

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(1) Prochains rendez-vous de la CIPRA (Commission internationale pour la protection des Alpes) les 17-19 septembre au Liechtenstein et en octobre, séminaire sur la Ville et la montagne.

(2) Le thème Agriculture et SCOT a fait l’objet d’une journée nationale « Terres en villes » qui s’est déroulée  le 25 septembre 2008 à Grenoble

(3) Noël Terrot, dans la salle, a eu l’occasion de rappeler que ces problématiques avaient fait l’objet d’un débat dans le cadre du festival « Fontaine en montagne ».

Gilbert

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