Beaucroissant: une édition toute en coups de gueule

Le monde agricole a besoin de se réunir au moins une fois dans l’année à Beaucroissant, que ça aille bien ou mal. C’est la vocation de la foire de septembre, depuis près de huit siècles -c’était en effet la 790e édition- et le monde agricole était au rendez-vous. Fidèle, solidaire. Malgré la crise, Beaucroissant était bel et bien, pendant trois jours, la capitale du département.

Mais il faut reconnaître que l’on n’y avait rarement entendu autant de coups de gueule en 790 ans. Albert Philip, préfet de l’Isère, qui inaugurait pour la première fois  cette grand-messe paysanne, a eu l’occasion de mesurer l’ampleur du désarroi des exploitants: “Pour une première, j’ai été servi”, a t-il souligné d’entrée dans son allocution.

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Faisons l’inventaire de ces coups de gueule. D’abord celui du maire de Beaucroissant, Pierre Fouque, grand architecte de ce rassemblement, dont les griefs n’avaient rien à voir avec la crise. Ils visaient en fait certains services  particulièrement tatillons qui n’ont pas facilité la tâche des organisateurs: “Nous sommes inquiets pour la foire aux animaux. Va t-elle survivre à la fièvre des contrôles? Entre 4 et 8h du matin, nous avons dû répondre aux exigences de contrôles sanitaires menés de telle façon qu’ils ne peuvent que décourager les professionnels”.

Le coup de gueule de Jean-Louis Ogier (ci-dessous), leader de la Coordination rurale, qui s’est enflammé sur la crise du lait (lire par ailleurs son interview).

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Le coup de gueule de Jean Robin-Brosse, leader de la FDSEA, qui a brandi l’étendard de la révolte paysanne, estimant que la seule façon de sortir de ce marasme est  “une révolution au niveau de l’Europe”.

Ce qu’il dénonce: le fait que “les agriculteurs soient devenus des variables d’ajustement”. Le fait que ” ceux qui produisent pour nourrir les gens crèvent de faim”.

Ce qu’il préconise: “sortir l’agriculture de l’OMC”, “développer l’autosuffisance alimentaire”, “mettre en place un plan protéines”.

Ce qu’il refuse:”Une messe d’enterrement, fut-ce le requiem de Berlioz”.

Le coup de gueule de Jean-Luc Annequin, éleveur laitier:”Aucune production ne rémunère l’agriculteur aujourd’hui. On ne sait plus quoi faire pour être écouté. On se lève le matin pour la traite  pour ensuite verser le lait dans la fosse à purin”. Ce qu’il souhaite: “Le gouvernement doit donner 30€/1000l pour que le prix du lait arrive à 350€/1000l”.

Le coup de gueule de Gérard Seigle-Vatte, président de la Chambre d’Agriculture de l’Isère qui réclame, entre autres,  “un débat national sur l’agriculture” et  “la démission de Marianne Fischer-Boël, commissaire européenne à l’agriculture”.

Toutes ces voix on été entendues par les élus présents qui ont tous adressé des messages de soutien à la profession. Le préfet Philip parie sur la concertation et se dit convaincu qu’ “un travail de partenariat permettra de répondre aux défis qui sont devant nous”.

Christian Nucci, vice-président du CG38 avoue lui aussi “qu’il avait envie de pousser un coup de gueule”. Le conseiller général appelle au sursaut, à la table ronde, aux résolutions: “Il faut que nous puissions nous rassembler autour d’un texte que je proposerai dans quelques jours. Il faut prendre en compte ce qui a changé dans le panorama international depuis plus d’un an”. Il ajoute à l’adresse du péfet de l’Isère:”Globalement, l’agriculture iséroise est malade. Nous avons besoin d’un signe fort”.

Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes, a dans la foulée lancé “l’appel de Beaucroissant pour que vive l’agriculture de l’Isère et de Rhône-Alpes”.  “L’agriculture doit permettre aux hommes et aux femmes de vivre du produit de leur travail. Rhône-Alpes, qui a une agriculture diversifiée et de qualité, a cette volonté”.

Gilbert

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