Le transport par câble en quête d’un droit de cité

Le transport par câble qui représente un vrai pôle de compétences dans  l’agglomération grenobloise, laquelle  compte plusieurs constructeurs et ingénieurs  de renom dans ce domaine, n’a encore trouvé que de très rares applications en site urbain, du moins sur le territoire français.

photo POMA
La première télécabine urbaine au monde, celle de Medellin, en Colombie, a été installée par POMA et conçue par le cabinet E.R.I.C. (Grenoble) Ce MétroCâble aérien, représentant une longueur de 2 789 m, transporte près d’1 million de passagers par mois (photo POMA)

Le câble, c’est la montagne ! Cette idée, fortement ancrée, semble t-il, dans la population, constituerait aujourd’hui un des freins (les obstacles techniques existent également) au développement de ce mode de transport dans les agglomérations. Des agglomérations qui souffrent d’asphyxie et de paralysie, dont les issues sont régulièrement bouchées aux heures de pointe et dont les parkings sont saturés. Et qui sont prêtes à étudier toutes les alternatives.

Plusieurs projets sont à l’étude dans la région Rhône-Alpes: à Crolles (Isère), à Magland (Haute-Savoie), à Givors (Rhône), au Petit-Bornand (Haute-Savoie)., à Marseille (aéroport de Marignane). Dans l’agglomération grenobloise, on peut également mentionner deux projets que certains comparent à des serpents de mer (sortant la tête au gré des circonstances) : la liaison avec Chamrousse et la liaison avec le Vercors.

Les freins au développement du câble en site urbain, c’est l’un des nombreux points qui ont été abordés aujourd’hui à Villard-Bonnot à l’occasion du colloque organisé par la région Rhône-Alpes et le GART (Groupement des autorités responsables de transport) sur le  thème suivant : « Le transport par câble : quel avenir et quelles possibilités pour des déplacements quotidiens ? ».

Le câble: une idée neuve qui effraie le Grésivaudan

François Brottes, député de l’Isère, président de la Communauté de communes du Grésivaudan, a exposé le projet de liaison à l’étude entre Crolles et la gare de Brignoud. Un trait d’union qui, pour permettre aux habitants de la rive droite d’accéder à pied ou à vélo au transport par rail,  doit franchir trois obstacles : le foncier, la rivière, l’autoroute.

Trois solutions sont envisagées : la passerelle, le bus, le métro aérien.

« Quand j’ai évoqué en réunion le transport par câble, il y a eu des réactions du genre « on est chez les fous ! », explique François Brottes. “Et la consultation publique organisée à Villard-Bonnot sur ce sujet a fait ressortir une majorité d’opposants à ce projet. Nous avons commissionné deux bureaux d’études et aucune solution satisfaisante n’a été trouvée. L’autre solution, la passerelle –1km de long- devait passer à 11m au-dessus de l’autoroute ! Finalement, nous n’avons pu jusque là qu’aménager l’existant mais là non plus c’est loin d’être satisfaisant, notamment sur le plan de la sécurité des personnes ».

Bernard Soulage, premier vice-président de la Région délégué aux transports, déplacements et infrastructures, vice-président du GART, héraut de l’intermodalité est également partisan de poursuivre l’étude de cette alternative : « Le coût du transport par câble  urbain, hors foncier, est identique à celui du coût en montagne, soit environ 5M€/km, soit 5 fois moins que le coût du tram. Je suis partisan d’aller voir ce qui se fait ailleurs, de lancer des avant-projets, d’inaugurer. Je souhaite que des décisions soient prises en 2011. Il existe une opportunité européenne pour ce type de projets. J’en suis convaincu ».

Francis Grimbert , vice président de la Région aux Transports: « Le projet de Crolles, on y réfléchit depuis au moins 5 ans. Outre les obstacles techniques, il y a des freins psychologiques dus au fait que l’image touristique du transport par câble, je veux parler de la montagne et des sports d’hiver, est trop forte ».

Effort de pédagogie, mise en perspective du transport par câble, visites de réalisations à l’étranger, tout cela figure parmi les propositions issues de ce colloque qui a rassemblé à l’Espace Aragon, des représentants de l’Etat, des associations, des constructeurs, des bureaux d’études, des collectivités locales.

Les avantages du câble

La société EFCABLES (Grenoble) qui s’est attachée à faire la comparaison entre les caractéristiques des divers modes de transport, met en évidence le fait que le transport par câble aérien a non seulement toutes les caractéristiques d’un bon mode de transport collectif, mais souvent aussi les meilleures caractéristiques de tous les modes motorisés, pour la collectivité comme pour les utilisateurs : consommation d’énergie, coût d’investissement, coût de fonctionnement et d’entretien:

-le câble consomme 4 à 5 fois moins d’énergie que le tram par passager/km

-le câble coûte au moins 5 fois moins cher en investissement et a un coût d’exploitation ridicule.

-avec un véhicule toutes les 10 à 30 secondes selon les techniques utilisées, le câble permet un transport fluide et d’éviter les attentes qui pénalisent les temps de transports.

-le câble a un effet attractif très élevé, comme le montrent toutes les installations en service public actuelles.

Gilbert

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