L’agriculture sociale en quête de reconnaissance

C'est dans cette ferme, la ferme d'Antan à Crolles, que se sont retrouvés les acteurs de l'agriculture sociale et thérapeutique.
C'est ici, à la ferme d'Antan à Crolles, que se sont retrouvés les acteurs de l'agriculture sociale et thérapeutique.

Les Premières Rencontres de l’agriculture sociale et thérapeutique en Rhône-Alpes se sont tenues aujourd’hui à la ferme d’Antan, à Crolles. Ce concept, porté par le milieu associatif, relayé par les collectivités, connaît un essor certain en Europe (Pays-Bas, Flandres, Italie notamment) et reflète une prise de conscience reconnaissant à l’activité agricole, pluriactive par nature, une fonction salutaire d’insertion ou de réinsertion sociale.

L’agriculture peut-elle conjuguer à l’envi production et services, y compris les services à la personne ?

C’est en tout cas une évolution qui prend forme, une alternative solidaire  qui répond à une forte demande et intéresse des secteurs aussi essentiels que  la santé, l’emploi, le social, l’aménagement du territoire.

Cette prise de conscience encore inégale, selon les pays, progresse néanmoins, mobilise les énergies, tente de se structurer.

Des atouts et des freins

L’une des définitions avancées au cours de ces rencontres est la suivante : « L’agriculture sociale et thérapeutique est une activité de production et de valorisation de produits et services agricoles et para-agricoles, qui permet l’accueil de personnes en difficulté à des fins d’insertion sociale et professionnelle et d’accompagnement thérapeutique ».

La question de l’efficience de ce que l’on pourrait baptiser  « agrothérapie » sur les personnes en situation de handicap (autisme, addictions) ou en grande difficulté (chômage longue durée) reste en suspens, faute de preuves tangibles. Pour l’instant, en effet, aucune étude scientifique, systématique et représentative, n’a vu le jour. Cette évaluation reste à faire.

Gérald Assouline (QAP), de Theys, coordinateur d’un projet régional de développement de l’agriculture sociale et thérapeutique, souligne que ce concept « ne manque pas d’atouts, qu’il existe une sensibilisation croissante de la société, mais que certaines limitations en ralentissent le développement : la séparation entre secteurs d’intervention (social/santé/agriculture), la nouveauté des systèmes de prise en charge, autre que médicalisée, l’inadaptation des politiques de soutien, le risque de standardisation de l’accueil ».

Quelques exemples en Isère

Le ferme de Belle Chambre (Sainte-Marie-du-Mont) qui a vu le jour en 1989 a été financée par le CG38 jusqu’en 1993. C’est un lieu de vie et de travail à la ferme (exploitation laitière de moyenne montagne). Elle accueille trente adultes autistes et psychotiques âgés de 20 à 60 ans.

La ferme d’Antan (Crolles), SCEA de 3 personnes,  accueille depuis 2002 des groupes à la journée via des organismes sociaux (IME, CHRS). Fait partie du réseau Accueil Paysan.

Ces Premières Rencontres ont tenu à élargir le cadre rhônalpin à l’Europe qui, à son échelle, développe le projet SoFar (social farming).

Des représentants de la coopérative agricole Il Forteto, en Toscane, étaient présents à la ferme d’Antan. Stefano Pezzati et Luigi Goffredi ont présenté l’historique et le fonctionnement de cette entreprise fondée en 1977 et qui emploie aujourd’hui 105 personnes (dont une dizaine ayant des problèmes physiques ou psychiques) vivant pour la plupart en communauté. A noter que la Toscane s’est dotée en février 2010 d’une loi relative à l’agriculture sociale.

Joop Wouter, venu des Pays-Bas, a été agriculteur social pendant 10 ans. Il est depuis 5 ans consultant dans ce domaine. Il a expliqué qu’à la fin des années 90, les fermes sociales ont été reconnues à la fois par le secteur agricole et par le secteur de la santé. Pour lui, les principaux défis à relever sont :le fossé qui sépare le monde urbain et rural, la nécessité de développer les réseaux d’agriculture sociale, le développement de structures de financement durables, la mise en évidence des effets positifs de l’agriculture sociale et de la nature sur la santé et le bien-être.

En ce qui concerne Rhône-Alpes, c’est une région qui ne manque pas d’initiatives dans ce domaine. Chacun reconnaît qu’elles méritent d’être mises en valeur. Deux courts-métrages ont été réalisés dans cette intention, avec le concours de la Région, sur la ferme de Belle Chambre (Isère) et Solid’Action (Isère).

Parmi les objectifs visés à court terme, à l’échelle de la Région, figurent d’une part la réalisation d’un inventaire de l’existant et des acteurs de l’agriculture sociale et thérapeutique, d’autre part la promotion des bonnes pratiques et compétences professionnelles en matière d’accompagnement et d’encadrement. Cela passe par des sessions de formation, des échanges entre professionnels d’ici et d’ailleurs, l’adaptation des formations initiales des personnels encadrants.

……………………………………………………………………………………..

Plusieurs élus participaient à ces Rencontres. Parmi eux,  Eliane Giraud, conseillère régionale Rhône-Alpes et Georges Bescher, conseiller général de l’Isère.

Gilbert

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Revenir en haut de page