Un PAT qui mobilise les énergies

Fin 2008, le Contrat de Développement Rhône-Alpes (CDRA) Alpes Sud Isère lançait la mise en place d’un Plan d’Approvisionnement Territorial (PAT) afin de répondre aux questions des collectivités sur la ressource bois énergie mobilisable sur le territoire. Une ressource qui devient un enjeu économique de territoire, un marché dont les règles sont en encore gestation, une opportunité de taille pour la filière bois.

Les acteurs du sud Isère se préparent à relever le défi de la production de chaleur à partir de la biomasse forestière. Il ne s’agit rien moins que d’exploiter un gisement et de faire de ce combustible vert qu’est la plaquette un nouveau moteur du développement durable du territoire sud Isère. Vaste programme.

Caractéristiques du territoire :

  • 95 500 ha de forêts
  • 15,4 Mm3 sur pied
  • 63%  privées, 37% publiques
  • 60% résineux, 40% feuillus
  • ressource actuellement accessible : 56% de la surface
  • 39 chaufferies consommant 4060 tonnes de bois/an

bois énergie3

Le PAT, nouvel outil issu du programme « 1000 chaufferies bois » de la Fédération Nationale des communes forestières, apporte une aide à la décision pour valoriser le bois énergie et structurer l’approvisionnement des chaufferies à partir de la ressource locale. Il permet de sécuriser l’approvisionnement par une meilleure connaissance des ressources forestières et une meilleure mobilisation.

Cet outil va permettre de répondre aux interrogations des élus et des collectivités sur la pérennité de la ressource forestière, les coûts de mobilisation pour développer des chaufferies dans des conditions économiques viables, et l’optimisation à l’échelle d’Alpes Sud Isère de l’implantation de nouvelles plateformes de stockage.

Un prix moyen de 102€/t

Les études et analyses réalisées par le CDRA (1) ont établi un diagnostic de la situation sur le territoire sud Isère. A partir de ces données, un plan  d’action a été finalisé par un comité de pilotage composé d’élus, de partenaires locaux et institutionnels ainsi que des entreprises..

Les résultats de ce travail ont été présentés mardi 22 juin à Herbeys aux élus et acteurs locaux des 109 communes d’Alpes Sud Isère, en présence de Gilles Strappazzon, Chef de projet du CDRA Alpes Sud Isère et de Jean-Claude Monin, Président de la Fédération nationale des communes forestières, Lionel Courtois, chargé de mission forêt CDRA.

Les conclusions mettent en avant trois données centrales :

plaquette1/ Le CDRA présente un potentiel aujourd’hui non valorisé de produits disponibles pour l’énergie (ou l’industrie du bois) d’environ 188 000t/an (taux d’humidité 30%) dont 25% mobilisable actuellement

2/ Le prix moyen de la plaquette forestière a été estimé à 102€/t (taux d’humidité 30%) soit 29,7€/MWh. 26% de la plaquette forestière peuvent être mobilisés à un coût inférieur à 100€/t. (2)

3/La construction de nouveaux lieux de stockage (3) est envisageable dans l’optique d’une réflexion globalisée des investissements à l’échelle du territoire. Les zones très mal desservies (route à grumier) pour la mobilisation du bois représentent 5400ha.

L’objectif est donc, à l’horizon 2015, de faire passer l’approvisionnement en PF des chaufferies actuelles du CDRA, évalué à 4060t/an, à 9311t/an. Le nombre de chaufferies est actuellement de 39 (collectif public+collectif privé et autres) mais devrait passer à 50 dans un proche avenir, 11 projets étant en cours.

Le plan d’action, prévu pour cinq ans, vise d’abord à développer la part des énergies renouvelables issues des produits forestiers, ensuite à favoriser le développement et la structuration d’activités économiques durables (avec la  création de 12 à 15 emplois équivalent temps plein) à partir de la ressource forestière.

L’or vert des forêts

bois énergie2Le sud Isère n’a pas de pétrole mais il a des forêts. Et certains peuvent rêver que, l’époque étant résolument écologique, cette biomasse forestière puisse être un jour aussi « juteuse » que l’or noir et bien plus propre. Pour l’heure, c’est surtout de volonté, d’investissement et de concertation qu’il a besoin. Le CDRA, dans ce contexte, joue pleinement son rôle.

Face à ces enjeux de territoire que génère cette évolution du marché du bois énergie, Gilles Strappazzon appelle, en effet, à l’organisation . Pour lui, il est urgent de se doter d’un organe politique, d’une gouvernance: « Notre démarche n’a de sens que si nous sommes organisés d’un point de vue institutionnel. On peut envisager, par exemple, la création d’un syndicat à vocation unique, celle du bois énergie, à l’échelle du grand sud Isère. C’est l’une des clés de notre réussite, j’en suis convaincu ».

Pour Jean-Claude Monin, il s’agit d’un nouveau défi pour la forêt , notamment la forêt privée, majoritaire dans ce territoire : « Les forestiers privés ont une responsabilité forte pour l’avenir. La demande des sociétés de chauffage s’adresse maintenant à la forêt, les autres ressources étant taries. Nous devons être en capacité de répondre à la demande. Nous aurons des choix politiques et des arbitrages à faire. Et pour cela, il est nécessaire que l’on s’organise afin d’éviter de se retrouver en situation de coupe réglée ».

L’heure est donc à la mobilisation. Les partenaires du CDRA étaient tous présents à cette réunion. Pour Jean-Claude Monin, la réponse à ce marché émergent qu’est le bois énergie doit être solidaire, c’est à dire concerner toute la filière bois : « Le deuxième déficit de la France est la filière forêt-bois. Nous devons lancer ces démarches, mettre en place des gouvernances pour renverser la vapeur. Mais il faut que ce soit par les deux bouts de la filière, aval et amont, et que la démarche associe bois énergie et bois d’œuvre ».

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(1)  Cette étude a été financée à 80% par la Région Rhône-Alpes et des fonds européens (FEDER Alpes).

(2)  Le prix varie en fonction des ressources concernées : types de gisements, localisation de la ressource, contraintes d’exploitation et logistique possible.

(3)  On recense aujourd’hui trois plateformes de stockage : Saint-Michel-les-Portes (capacité 1380), Susville (430), Herbeys (100).

Gilbert

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