Alors que les pluies se font attendre, Dominique Barrau demande aux départements d’élevage de se rapprocher des départements céréaliers pour sécuriser l’approvisionnement en paille et éviter les surenchères spéculatives.
Dominique Barrau : Je ne pense pas qu’on puisse parler encore de sécheresse, mais de situation climatique inquiétante sur l’ensemble du territoire dans les régions céréalières comme dans les zones d’élevage, à l’exception du Languedoc-Roussillon et du pourtour méditerranéen. A ce stade nous redoutons une grave sécheresse si la pluie n’arrive pas dans les jours qui viennent. A moins d’un renversement soudain de la situation, il faut s’attendre à une baisse significative des rendements aussi bien pour les cultures que pour les fourrages. Même l’arrivée de pluies régulières jusqu’en septembre ne corrigera pas l’intégralité des dégâts.
Que préconisez-vous pour soulager les agriculteurs et en particulier les éleveurs pour faire face à ce sinistre ?
DB : Effectivement les éleveurs sont dans une situation extrêmement délicate. Ils n’ont pas de stocks et leurs trésoreries sont exsangues. Aussi nous avons la volonté d’inciter les départements d’ores et déjà en déficit fourrager à se rapprocher des départements céréaliers pour contractualiser l’approvisionnement en paille, sur la prochaine récolte. La priorité est d’éviter la spéculation sur la paille, non pas celle des céréaliers mais celle des marchands de paille qui ne vont pas hésiter à « se faire du gras » sur le dos des éleveurs. Nous estimons que le prix de la paille devrait être payé à sa valeur agronomique au céréalier, c’est-à-dire entre 15 à 22 €/tonne, ce à quoi il faut ajouter le pressage, l’enlèvement et le transport. Ainsi les éleveurs seront sécurisés dans leur approvisionnement, sans redouter la surenchère des intermédiaires qui ne vont pas hésiter à faire entrer massivement des pailles d’Espagne à des prix excessifs.
Faut-il aller jusqu’à l’interdiction du broyage des pailles ?
DB : Nous n’en sommes pas encore là. Mais nous attendons des pouvoirs publics qu’ils se mobilisent auprès des autorités communautaires pour autoriser que les jachères puissent être fauchées. Du moins pour celles qui subsistent encore. Je compte surtout sur nos fédérations pour qu’elles soient partie prenante de cette opération de contractualisation de façon à ne pas laisser les agriculteurs seuls face à cette crise climatique qui s’annonce.