Photovoltaïque:”reporter les échéances de quelques mois”

Les tergiversations de l’Etat, pour ne pas dire plus, en ce qui concerne le photovoltaïque inquiètent beaucoup et commencent à mettre en difficulté de nombreuses entreprises et bon nombre d’agriculteurs qui se sont lancés dans cette démarche.

Marc Jedliczka, directeur général de l’association Hespul (Association à but non-lucratif de type « loi de 1901 » qui a pour but et objet social le développement de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables) et vice-président du CLER (Comité de Liaison Energies Renouvelables), n’hésite pas à dire:” Avec le photovoltaïque, le gouvernement est dans le déni de réalité”.

Il a accordé un long interview au webzine des énergies renouvelables dans le bâtiment: PLEIN SOLEIL.

Plein Soleil : Que vous inspire la situation actuelle du marché du photovoltaïque en France dont on dit qu’il ne se porte pas bien du tout ?

Marc Jedliczka : En fait, le marché français du photovoltaïque est clairement dans une situation paradoxale. Il n’est qu’à voir les chiffres de raccordement d’ERDF. Il se raccorde à l’heure actuelle plus d’installations que jamais. Les grandes entreprises, très capitalisées, semblent s’en sortir même plutôt bien. Elles ont les moyens de racheter des projets plantés par des spéculateurs et de réaliser les carnets de commandes de l’an dernier, résultats du phénomène de « stock » engendré par les effets d’annonce sur les baisses de tarifs. Le tout sur la base des tarifs antérieurs ! Ces sociétés ont souvent jusqu’à la fin de l’année pour finir les travaux. Tout le monde se précipite et cela créé une forme d’émulation pour ces entreprises.

Maintenant, d’un autre côté, il y a pléthore de PME qui sont en train de licencier à tour de bras. Autour de Lyon, de nombreux distributeurs ou des filiales d’entreprises allemandes divisent leurs effectifs par deux. Certains sont vraiment en train de déguster, ils ne rentrent plus une affaire. On saura la vérité au début de l’année 2012.

PS : Vous craignez cette année 2012 ?

MJ : Deux choses m’inquiètent plus particulièrement. Le marché du particulier qui conserve pourtant des conditions très correctes sur les plans tarifaire et financier, ne redémarre pas. L’image du photovoltaïque a été profondément altérée. Le statut des particuliers qui avaient investi dans un toit photovoltaïque est passé de celui de héros à celui de méchant spéculateur qui fait augmenter la facture d’électricité des Français. Dans ce contexte, le problème n’est même pas que les commerciaux ne vendent plus. Pire, ils n’arrivent même plus à avoir des rendez-vous. C’est grave.

Et l’on attend toujours une communication positive de l’Etat qui n’assume en rien ses responsabilités. La reprise risque de mettre beaucoup de temps à venir et plus l’incertitude durera plus les petits indépendants vont mourir. Il ne finira par rester que les gros opérateurs, dans une logique de concentration du marché qui arrange bien les hautes sphères…

Pour lire l’intégralité de cet interview sans langue de bois cliquer sur

Marc Jedliczka : « Avec le photovoltaïque, le gouvernement est dans le déni de réalité »

Et l’agriculture?

Marc Jedliczka est parfaitement au courant que de nombreux agriculteurs se sont lancés dans l’opération photovoltaïque et qu’aujourd’hui ils sont en situation très difficile.

” Ils ont cru l’Etat et aujourd’hui ils sont bernés. Pourtant les agriculteurs n’ont pas voulu faire de la spéculation. Il s’agissait pour eux d’assurer un complément de revenus dans le souci de développement durable. Ils se trouvent le bec dans l’eau à cause de leur honnêteté et de leur confiance.

L’Etat aurait du comprendre que l’électricité est une production comme une autre, prendre l’exemple sur l’Allemagne ou le photovoltaïque fait partie intégrante des exploitations agricoles.”

Certains agriculteurs risquent de se retrouver en très grosse difficulté suite à la décision de réduire les délais de raccordement de 30 mois à 18 mois.

” Cette décision fait suite à un décret de décembre 2010. Il est simple de comprendre que pour certains il ne sera pas facile de respecter ces  nouveaux délais. Ceci pour quelques mois, semaines, jours… Dans l’urgence, la seule solution est que l’Etat reporte les échéances de quelques mois. Décision facile à prendre et à faire appliquer.

Comment accepter que des gens de bonne foi, se retrouvent à la rue à cause de décisions Pour faire adopter une telle décision quelques jours suffisent. Ensuite il faudra bien que les discussions reprennent, avec l’ensemble des partenaires et que les bonnes solutions soient prises, de façon durable….”

Dans un prochain article, nous lirons le témoignage poignant de la famille Sattler . Marc et son épouse Monique sont agriculteurs à Satolas. Ils sont dans ce cas. Ils ont investi plusieurs milliers d’euros, commencé les travaux et ne pourront respecter les délais pour…4 mois.



Gilbert

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