Une importante rencontre qui a réuni une quarantaine de personnes s’est déroulée au pôle bois de St Michel Les Portes, répondant à l’invitation de Guy Charron, Président des communes forestières de l’Isère.
Parmi les présents: André AUBANEL, vice-président du Parc Naturel régional du Vercors, Denis PELISSIER, représentant du Parc Naturel Régional du Vercors et du CRPF, 3 représentants de ONF dont Rémi LECOMTE, chargé du secteur Trièves, Patrick CHION, président de l’AFTBM et Jean BERNARD (Bois des Alpes).
L’animation a été réalisée par Tristan MERRIEN, URACOFRA (Union Régionale des Communes Forestières Rhône-Alpes).
Denis Pelissier a indiqué que les prix de vente actuellement pratiqués sur le marché local des bois sont de:
– 42 à 45 € pour les feuillus dont le rendement est assez faible
– et de 25 à 30 € pour les résineux selon qu’il s’agisse de bois-énergie (bûches) ou bois énergie- plaquettes ou encore des sous-produits forestiers destinés à la fabrication de la pâte à papier.
« La marge du propriétaire est quasiment nulle (de 2 à 3 €) et que l’intérêt pour ce dernier consiste uniquement en l’amélioration de la gestion de ses espaces forestiers.
Pour la fabrication d’emballage c’est essentiellement le pin et le mélèze qui sont demandés.
Lorsque le classement des bois se fait de façon visuelle, une grande partie des bois est déclassée alors que ces derniers possèdent d’excellentes qualités mécaniques, ce qui désavantage encore le propriétaire. »
En conclusion, le marché du bois cette année subit un ralentissement mais toutes proportions gardées, ce dernier semble moins fort que dans d’autres secteurs tels que la construction ou autres.
Bien qu’un certain nombre de structures aient été mises en place en forêt privée : coopératives, groupements de sylviculteurs, association de propriétaires, de la même façon qu’en forêt publique, de nombreuses zones peu accessibles rendent l’exploitation difficile, compte tenu du manque de dessertes.
Des études conduites sur les territoires montrent l’excellente qualité mécanique des bois (Vercors, Trièves, massif drômois).
En ce qui concerne la transformation, dans ces secteurs on constate que les unités de transformation (scieries) sont localisées dans les vallées de ces massifs, ce qui oblige à prendre en considération le coût du transport (les bois en grumes sont facilement transportables alors qu’il faut un équipement spécial pour transporter d’autres types de conditionnement (plaquettes ou autres).
André Aubanel a relaté son expérience pour le secteur drômois où historiquement les ventes de coupes de la commune ne trouvaient jamais acquéreurs, en raison notamment du classement visuel des bois qui semblait peu objectif. Or, d’après les études du CTB, un billon noueux peut quand même disposer de bonnes qualités mécaniques.
A propos des prélèvements effectués en forêt, pour le massif drômois, le prélèvement correspond à l’accroissement alors pour le Trièves, ce dernier est supérieur à l’accroissement (sapinières âgées). Pour la Drôme, de nouvelles opérations de desserte sont à réaliser (y compris par câbles).
« Il est nécessaire de se mobiliser pour obtenir un prix raisonnable en rappelant que les propriétaires forestiers ne vendent pas de l’énergie fossile mais de l’énergie renouvelable ! » a t-il conclu…
Bernard PERRIN, de l’ONF a rappelé que lors de la tempête de 1999 les bois communaux ont fait l’objet de vente « à la Tribune », ce qui a conduit à près de 40 % d’invendus. « Désormais l’Office des forêts souhaite participer aux ventes groupées (système gagnant-gagnant : l’objectif étant de rémunérer au mieux les communes) »
De nouvelles méthodes de vente ont été mises en place (en application de la loi du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux). Il s’agit notamment des contrats d’approvisionnement ou le volume de bois façonné (le lot de bois vendu abattu est mesuré par l’ONF).
Ces contrats conclus avec une quarantaine d’entreprises de travaux forestiers( ETF) dans le cadre le la Région Rhône-Alpes ont une durée de 3 ans.
Cette pratique de vente de bois façonné est inutile pour les très belles coupes mais nécessaire pour les coupes dites « hétérogènes »
Rémi LECOMTE a rajouté que sous l’impulsion nationale, dans le secteur du Trièves, « c’est à peu près 30 à 40 % du volume d’environ 20 à 25 000 m3 qui a été commercialisé en bois façonné ce qui, au final, a permis d’approvisionner le pôle bois de Saint Michel-les-portes. Environ 8 à 10 % de ce volume a été transformé en bois-énergie. »
L’avantage essentiel de cette pratique est la maîtrise du calendrier avec les ETF et l’inconvénient est celui du temps de stockage du bois sur la plate-forme et le pôle bois.
D’où la nécessité du tri en forêt, ce qui permettrait notamment pour le bois-énergie de maîtriser le coût du transport.
Après la présentation suivie d’une démonstration de la triomatic mobile par le président de Bois des Alpes, Jean Bernard, Patrick Chion a insisté sur une évidence: les avantages de la traçabilité pour la valorisation des bois locaux, tant pour les scieurs (amélioration de 20 % de la gestion de la scierie) que pour les architectes qui, désormais, prendront en compte plus exactement la résistance nécessaire à l’édification des constructions et assumeront mieux leur responsabilité.
Au final, cela devrait se traduire par une amélioration des prix de vente du bois au bénéfice des propriétaires forestiers.
Un accord de principe est actuellement réalisé avec 8 des 12 scieurs du secteur pour la mise en place de ce projet, en lien avec le FBCA.
Le pot de l’amitié offert par l’AFTBM a ensuite permis à chacun de poursuivre la discussion avec les différents intervenants.