Entretien avec Charles Galvin, en visite au salon Mountain Planet

Charles Galvin, Conseiller général délégué à l’Isère numérique, la filière bois et l’économie rurale et montagnarde s’est rendu sur Moutain Planet, ex SAM, avec beaucoup de plaisir.. ” J’ai été président de ce salon à une reprise… se plait-il à dire.

Nous l’avons rencontré lors de l’inauguration du stand Grenoble Alp’Isère.

Charles Galvin, quelle est votre vision de ce salon ?

Je suis surpris de la fréquentation : il y a beaucoup de monde ! Mountain Planet est un beau salon. Il est le reflet de l’économie montagnarde, synonyme d’avenir.

Avant, les allées étaient plus petites, on voyait des vaches, des produits de la montagne, des fromages… mais on disait que c’était trop « folklorique ». Aujourd’hui, c’est un salon très professionnel qui s’adresse aux professionnels. On trouve les entreprises qui comptent pour les sports de neige et c‘est bien. On peut juste regretter que ce salon s’adresse moins au grand public.

Quel regard portez-vous sur l’avenir des stations de sports d’hiver ?

Les stations ont beaucoup évolué ces dernières années … . J’entends qu’aujourd’hui un grand nombre de clients ne vient pas pour le ski. D’où la création de piscines, par exemple, ou  la mise en place d’activités connexes qui s’éloignent de plus en plus du ski.

Les petites stations doivent se développer pour rester compétitives et s’adapter à l’accueil de la clientèle étrangère. Elles doivent assurer de la neige pendant toute la saison à leur clientèle malgré tout. C’est important pour l’économie de notre région.

GALVIN 3

Comment intégrer les innovations de la montagne sans la dénaturer voire la détruire ?

Avec le réchauffement climatique, le recours à la neige de culture est de plus en plus important. Or, l’eau utilisée pour l’approvisionnement des canons se faisait parfois au détriment d’autres fonctions essentielles au maintien de la biodiversité comme la pêche, l’agriculture …

Je suis soucieux de maintenir les emplois en montagne, c’est pourquoi j’ai travaillé, il y a quelques temps, à l’établissement d’un cahier des charges pour les stations en Isère. D’abord initié sur certaines stations pilotes, ce code de bonne conduite a été étendu à toutes les stations iséroises. Ce code de bonne conduite leur permet de d’utiliser leurs canons à neige dans des conditions optimales (quelle quantité à quel moment) pour préserver la ressource eau.

Que pensez-vous du développement durable en zone de montagne ?

La montagne ne peut pas se permettre de gaspiller ses ressources ! L’économie montagnarde s’inscrit dans le développement durable.

Avec les moyens du Conseil Général, j’œuvre à la valorisation des produits de la montagne, que ce soient les produits alimentaires, agricoles, artisanaux … La vocation de la montagne est d’offrir des produits naturels. Cependant il faut se distinguer, offrir quelque chose de différent via une marque identifiable.

La montagne doit être synonyme de qualité, certes gustative, mais aussi sanitaire, environnementale. Il faut construire une belle image, authentique de la montagne et la promouvoir auprès des citadins. Je travaille à apporter cette autre image de la montagne.

Comment concilier agriculture et montagne ?

La montagne sans agriculture est inimaginable. Le couple montagne/ agriculture a bien fonctionné tant que l’agriculture a bien fonctionné. Il faut rappeler que la politique de la montagne tient car il y a l’agriculture. C’est l’âme de la montagne. Elle participe à l’entretien de la montagne.

Il faut le redire : quand on veut de la nature, une « montagne naturelle », c’est en réalité une nature « entretenue » par les activités agricoles. Il ne faut pas bien sûr « coloniser » la montagne mais il faut travailler ensemble dans un partenariat intelligent.

Une étude ancienne, issue de l’Institut National d’Etudes Rurales et Montagnardes (INERM), évaluait le coût de l’entretien des espaces montagnards s’ils étaient inoccupés à 2,5 millions de Francs (l’euro n’était pas encore installé !). Un chiffre à mettre en face du montant des subventions  octroyées à l’agriculture à l’époque: 300 000 Francs, et qui avait grandement servi à négocier la politique de la montagne.

Le défi actuel, en montagne, est d’essayer de bâtir une population permanente qui va s’investir dans la gestion quotidienne.

Vous êtes délégué à la filière bois. Quelle est la place de la forêt dans la montagne ?

La forêt occupe 34% du territoire de l’Isère.

C’est une activité importante avec près de 10 000 emplois répartis sur tout le département.

Il y a une politique de soutien à la production forestière, à l’exploitation du bois énergie et au nettoyage des parcelles bois.

Depuis deux ans, des crédits ont été investis en direction de l’activité de sciage. Le département incite à la construction bois. Toutefois, on s’aperçoit que le bois construction ne provient pas, ou en très faible quantité, de notre département. C’est du bois d’importation en provenance d’Allemagne, d’Autriche, de Finlande… On marche sur la tête : des crédits pour soutenir l’économie d’autres pays européens !

Il faut encourager la modernisation des scieries et des ateliers de deuxième transformation (constructeurs et charpentiers) pour qu’ils restent compétitifs.

Je vais transmettre ce message à l’assemblée générale des scieurs à laquelle je participerai avec plaisir. Je fais aussi passer le message de l’union et du groupement de l’ensemble des acteurs de la filière bois afin de mieux faire face aux grands enjeux économiques de notre département dans ce secteur. Je pense en particulier au prochain chantier de construction d’un Center Parc à Roybon.

Quelles autres actions concrètes sont mises en place pour cette filière ?

L’association Bois des Alpes a été créée en 2008 pour encourager la certification du matériau bois de notre région et à stimuler son utilisation dans la construction. L’objectif est de valoriser les ressources forestières et les compétences locales, maintenir les emplois locaux et participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par le biais de circuits courts.

Lors des derniers trophées bois mis en place par le Conseil Général, au-delà de la qualité architecturale des réalisations, on regarde aussi la provenance du bois. Il faut encourager cette économie locale.

Propos recueillis par Charlotte Reynier- Poête

Gilbert

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