Plaidoyer pour un mode de culture plus durable du maïs, du riz et du blé

Les systèmes d’exploitation à base de céréales doivent entamer la transition vers l’agriculture durable si l’on veut qu’ils répondent un jour à une demande inégalée de maïs, de riz et de blé. Tel est l’un des messages clés d’une réunion, cette semaine à la FAO, d’un groupe d’éminents experts internationaux.

La FAO estime qu’au cours des 35 prochaines années, les agriculteurs devront porter la production annuelle de maïs, de riz et de blé à 3 milliards de tonnes, soit un demi-milliard de tonnes de plus que les récoltes record cumulées de 2013.

Ils devront le faire avec moins d’eau, moins de combustibles fossiles et moins de produits agrochimiques sur des terres agricoles qui ont été fortement dégradées par des décennies de production agricole intensive. Ils devront également affronter les sécheresses, les nouvelles menaces de ravageurs et de maladies et les événements météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique.

Selon les experts, ce défi ne peut être atteint qu’avec l’agriculture respectueuse de l’environnement qui permet d’obtenir une plus grande productivité tout en préservant les ressources naturelles, facilitant l’adaptation au changement climatique et procurant des avantages économiques aux 500 millions de petites exploitations agricoles familiales du monde.

La réunion a porté principalement sur le maïs, le riz et le blé parce que ces trois cultures sont essentielles à la sécurité alimentaire mondiale. Elles fournissent, en effet, la moitié des apports énergétiques alimentaires de l’humanité.

Mais les céréales sont de plus en plus vulnérables: les tendances climatiques depuis 1980 ont réduit la récolte de maïs annuelle mondiale d’environ 23 millions de tonnes et la récolte de blé, de 33 millions de tonnes. Les augmentations de rendement de la Révolution Verte, qui avaient atteint autrefois en moyenne un spectaculaire 3 pour cent par an, ont chuté à environ 1 pour cent depuis 2000.

En Asie, la dégradation des sols et l’accumulation de toxines dans les systèmes de rizières intensifs préoccupent les experts qui mettent le ralentissement de la croissance des rendements sur le compte de la détérioration de l’environnement naturel des cultures.

Les participants à la réunion sont convenus que l’agriculture ne peut plus compter sur l’agriculture intensive en termes d’intrants pour accroître la production agricole. Les variétés améliorées de maïs, de riz et de blé doivent aller de pair avec ce que la FAO appelle Produire plus avec moins. Il s’agit de systèmes qui maintiennent la santé des sols, intègrent cultures, arboriculture et élevage, utilisent l’eau beaucoup plus efficacement et protègent les cultures grâce à la lutte intégrée contre les ravageurs.

Des exemples d’agriculture basée sur l’écosystème

Les communications présentées lors de la réunion font état de technologie et de pratiques agricoles basées sur les écosystèmes et ayant fait leurs preuves. En voici quelques exemples:

  • Au Viet Nam, plus d’un million de petits agriculteurs ont adopté un système de riziculture intensive qui produit des rendements élevés en utilisant moins d’engrais, d’eau et de semences par rapport au riz irrigué classique.
  • En Chine, la plantation de variétés de riz génétiquement différentes dans le même champ a réduit l’incidence de la maladie fongique de façon significative par rapport au riz en monoculture, au point que de nombreux agriculteurs ont cessé la pulvérisation de fongicides.
  • Dans la partie méridionale de l’Inde, la gestion des éléments nutritifs spécifiques au site, qui fait correspondre les apports d’azote aux besoins réels des plantes, a réduit les applications d’engrais et les coûts tout en augmentant les rendements de blé de 40 pour cent.
  • L’élimination du labour sur les terres à blé au Maroc central a réduit le volume de l’eau de ruissellement de 30 pour cent et les pertes de sédiments de 70 pour cent, ce qui a augmenté la capacité de rétention de l’eau au profit d’une plus grande productivité des cultures durant les saisons sèches
  • Au Zimbabwe, l’agriculture de conservation a permis aux petits agriculteurs de produire jusqu’à huit fois plus de maïs que la moyenne nationale à l’hectare.
  • En Zambie, les agriculteurs ont coutume de planter un acacia, Faidherbia albida, près des champs de maïs pour utiliser ses feuilles riches en azote comme engrais naturel et comme paillis protecteur pendant la saison des pluies, ce qui se traduit par un triplement des rendements.

Pour les décideurs, le défi à relever consiste à accélérer l’adoption de systèmes agricoles dits Produire plus avec moins. Les experts réunis à la FAO ont souligné la nécessité d’un plus grand soutien aux petits agriculteurs afin qu’ils adaptent aux conditions locales les pratiques agricoles basées sur les écosystèmes, ce qui nécessitera la révision des politiques nationales, l’amélioration considérable des services de vulgarisation et des approches qui réduisent les coûts du partage des connaissances, telles que les écoles pratiques d’agriculture.

La réunion a groupé une cinquantaine d’experts en agronomie d’AfricaRice, du Centre international pour l’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), de la FAO, du Centre international de recherche agricole en zones arides (ICARDA), de l’Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI), de l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI) et d’autres organisations de développement agricole d’Asie et d’Amérique latine. Les résultats de leurs travaux seront présentés dans un guide à l’usage des décideurs qui sera publié en 2015 et intitulé: Produire plus avec moins: maïs, riz et blé.

Gilbert

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